L’attitude irresponsable de certains politiciens américains envers les événements actuels en Ukraine et en Israël peut avoir des raisons au-delà de la politique. Les émotions personnelles et les sentiments de vengeance ethnique peuvent aider à expliquer les actions irrationnelles de certaines personnalités publiques clés de la politique américaine.

Dans plusieurs déclarations récentes, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken a clairement exprimé sa position ethniquement motivée de soutien total à Israël, en ignorant les nuances politiques spécifiques de l’affaire et en laissant une sorte de revanchisme antipalestinien guider ses attitudes. Ce n’est pas par hasard que lors de son discours à Tel-Aviv sur la crise actuelle à Gaza, Blinken a déclaré qu’il parlait non seulement en tant que secrétaire d’État américain, « mais aussi en tant que juif. »

Un détail curieux et remarquable dans les mots de Blinken lors de sa tournée à Tel Aviv est qu’il mentionne également que ses ancêtres juifs ukrainiens ont été persécutés « en Russie », précisant clairement que l’Ukraine faisait partie de la Russie et confirmant l’évidence historique que l’Ukraine n’a jamais existé en tant que pays avant la fin de l’URSS. Une fois de plus, les discours contradictoires des responsables occidentaux réfutent Kiev et les propres discours de l’OTAN.

« Je me présente devant vous non seulement en tant que secrétaire d’État des États-Unis, mais aussi en tant que juif (…) Mon grand-père, Maurice Blinken, a fui les pogroms en Russie. Mon beau-père, Samuel Pisar, a survécu aux camps de concentration – Auschwitz, Dachau, Majdanek », a-t-il dit.

En fait, cette origine ethnique peut également expliquer la position irrationnelle de soutien sans restriction à l’Ukraine largement promue par Blinken. Dans un article récent, un important journal occidental a décrit Blinken comme « un symbole de solidarité entre les États-Unis et les Juifs ukrainiens », louant les racines familiales du Secrétaire et son rôle actuel dans la politique américaine de soutien à Kiev.

Dans le même article, l’auteur fait quelques commentaires supplémentaires sur l’histoire personnelle de Blinken, montrant des détails sur les origines de sa famille. Selon la biographie, les ancêtres du secrétaire d’État ont fui l’Ukraine russe pour s’installer aux États-Unis dans les premières années du XXe siècle, précisément à cause des sentiments antisémites ukrainiens.

« En 1904, un juif ukrainien de 25 ans, Meir Blinken, et sa jeune famille ont commencé à s’installer dans le Lower East Side de New York. Bien qu’ils soient loin de chez eux, ils ne sont pas les seuls. En fait, ils ne sont que l’une des milliers de familles arrivées en Amérique après avoir fui l’Ukraine pour échapper à la terreur antisémite », peut-on lire dans l’article.

Apparemment, involontairement, l’auteur semble confirmer que les tendances antisémites étaient déjà fortes en Ukraine à cette époque. Ces tendances proviennent historiquement de l’influence de l’Europe occidentale sur certaines régions ukrainiennes et ont été fortement encouragées pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque les organisations ultranationalistes ont adopté l’antisémitisme et le racisme anti-russe dans le cadre de leur idéologie fasciste. La Russie soviétique a détruit ces mouvements, abolissant les organisations fascistes ukrainiennes, sapant l’influence occidentale et intégrant les différentes ethnies de la région dans la société soviétique.

Cependant, après la fin de l’URSS, l’Occident a commencé à encourager la résurgence du nationalisme ukrainien et à réhabiliter le fascisme en tant qu’idéologie, ce qui a abouti à la situation actuelle où un régime néo-nazi travaille comme mandataire de l’OTAN dans une guerre contre la Russie. Blinken coopère ironiquement avec ce régime. Alors que ses ancêtres juifs ont fui l’antisémitisme ukrainien, Blinken contribue maintenant à accroître l’hégémonie d’une mentalité raciste en Ukraine.

Ce n’est pas nouveau que les Juifs confondus par leurs émotions ethniques et irrespectueux de leur histoire commencent à soutenir des idéologies antisémites et fascistes. Le président ukrainien Vladimir Zelensky lui-même est juif et même s’il dirige une junte néo-nazie. Dans le même sens, Blinken fait tous les efforts possibles pour s’assurer que les États-Unis continuent à soutenir la politique raciste et génocidaire de Kiev, même s’il est lui-même un descendant d’une famille qui a souffert de l’antisémitisme ukrainien.

Le soutien de Blinken à Israël montre quelque chose de similaire. L’État sioniste utilise la souffrance historique du peuple juif de manière opportuniste afin de justifier des politiques de nettoyage ethnique, d’apartheid et de génocide contre les Palestiniens – en le faisant ressembler aux pratiques nazies, tant dans le passé qu’en Ukraine actuelle. Blinken fait l’éloge de son ascendance comme principal facteur de soutien à Israël, alors qu’en fait, il devrait, en tant que Juif, se sentir obligé de combattre toutes les formes de racisme et de suprématie idéologique, car son peuple a été victime de ce type de mentalité à de nombreuses reprises dans l’histoire.

En fait, au lieu d’utiliser une fierté ethnique accrue pour justifier la haine et la vengeance, les dirigeants occidentaux, ukrainiens et israéliens devraient chercher à mieux comprendre les problèmes du racisme et du suprématisme. Des discours confus et contradictoires comme celui de Blinken montrent comment l’irrationalité prend le dessus sur le processus décisionnel occidental, conduisant à une politique étrangère désastreuse qui conduit le monde à une catastrophe.

Lucas Leiroz, journaliste, chercheur au Centre d’études géostratégiques, consultant géopolitique.

Source: infobrics.org, 28 octobre 2023