Ceux d’entre nous qui sont libertariens ont tendance à parler fréquemment du « Nouvel Ordre Mondial ».
En faisant cela nous avons tendance à entretenir la confusion sur ce qu’est concrètement le « Nouvel Ordre Mondial ». S’agit-il des chefs de gouvernement mondiaux ou juste des leaders occidentaux ? Les banquiers en font certainement partie, mais s’agit-il seulement des directeurs de la FED et du FMI ou est-ce que cela implique également les cadres dirigeants de Goldman Sachs, JP Morgan, etc… ? Et qu’en est-il des Rothschild ? Et la Bundesbank en fait certainement partie également ?
Et la liste continue, sans fin apparente.
Toutes les entités citées ci-dessus ont certainement leurs propres objectifs afin d’augmenter leurs profits et leur pouvoir, mais à quel degré travaillent-elles de concert ? Bien que de nombreux membres de l’oligarchie mondiale aient affirmé que l’avènement d’un nouvel ordre mondial était leur objectif ultime, les détails sur les membres effectifs de ce projet sont confus. Tout comme la liste des détails sur les objectifs collectifs de ces individus et de ces groupes disparates est floue.
Tandis que la plupart des libertariens reconnaissent l’existence d’un projet de « Nouvel Ordre Mondial », il est rare que deux libertariens puissent tomber d’accord sur la définition exacte de ce qu’ils entendent par là et sur quelles personnalités de l’oligarchie cela implique. Nous nous accordons le luxe de nous référer à cette réalité sans être certains de ses détails car il s’agit d’une « société secrète », comme en témoigne le groupe Bilderberg qui se réunit annuellement mais ne possède pas d’agenda formel et ne publie pas de compte-rendu de ses réunions. Nous nous excusons de n’en avoir qu’une vague perception, bien que nous admettions qu’il s’agit du plus puissant groupe d’influence dans le monde.
C’est particulièrement vrai pour les américains : car ils s’imaginent souvent que le Nouvel Ordre Mondial est une construction américaine, créée par une élite fasciste de banquiers et de personnalités politiques. Le Nouvel Ordre Mondial est en réalité peut-être mieux compris par les européens car, actuellement, il s’agit plus d’un concept européen, qui a été mis en œuvre depuis longtemps.
Selon certains le concept trouverait son origine dans la Rome ancienne. Après que Rome fut devenue un empire, ses différents empereurs ont réalisé que conquérir des territoires ne signifiait pas pour autant qu’ils allaient rester soumis. Ils devaient être administrés, une entreprise coûteuse et fastidieuse. Et l’administration de ces différents territoires ne pouvait pas être uniforme : la Gaule ne pouvait pas être administrée de la même manière que l’Egypte qui elle-même ne pouvait pas être administrée comme la Mésopotamie.
Après la chute de Rome, l’Europe a été livrée au chaos pendant des siècles, mais l’idée « d’administrer » l’Europe a refait surface avec la paix de Westphalie en 1648. La paix a mis fin à la guerre de trente ans dans tout le Saint Empire romain germanique, à une guerre de près de 80 ans entre l’Espagne et la Hollande, la maison des Habsbourg, le royaume d’Espagne et la France, la république de Hollande et l’empire suédois.
Les frontières ont été fixées, les traités signés, et un ensemble d’accords a été ratifié, qui ont satisfait partiellement tout le monde et complètement personne. Cela vous rappelle quelque chose de familier ?
Plus tard, Mayer Rothschild construira son nom et sa fortune en devenant le financier des aventures militaires du gouvernement allemand. Il envoya ses fils réaliser la même chose en Autriche, en France et en Italie, afin de créer un nouvel ordre mondial sous le contrôle de sa famille à travers la détention des dettes publiques par ses banques.
Le concept de Nouvel Ordre Mondial existe donc depuis longtemps en Europe sous des formes variées, mais qu’est-ce que cela nous apprend sur le présent et, plus important, sur le futur ?
A l’époque moderne, nous avons vu les présidents et les premiers ministres se succéder tandis que leurs conseillers, comme Henry Kissinger et Zbigniew Brzezinski, se maintenaient en place d’une administration à une autre, pendant des dizaines d’années. Ces hommes sont souvent considérés comme les « voix de la raison » et ils sont la force motrice de la mise en place d’un Nouvel Ordre Mondial définitif.
Monsieur Brzezinski a écrit dans ses livres que l’ordre en Europe dépendait de l’équilibre des pouvoirs avec la Russie et de la limitation de son influence, qui passe par le contrôle de l’Ukraine. Il a affirmé à plusieurs reprises qu’il était essentiel que le basculement de l’Ukraine dans la sphère occidentale s’opère de manière diplomatique et que la guerre serait un désastre. Il a soutenu le coup d’état américain à Kiev. Lorsque la Russie a manifesté son mécontentement suite au changement de régime, il a ouvertement soutenu l’agression américaine en Ukraine, en même temps qu’il avertissait que des mesures de représailles russes ne devaient pas être tolérées.
Henri Kissinger, qui a écrit des livres entiers sur la « poursuite de la paix mondiale , affiche une personnalité bien plus agressive, comme l’ont montré ses recommandations au président Henri Ford « d’écraser Cuba » lorsque l’aide militaire de Castro à l’Angola menaçait de ruiner les plans de Kissinger pour le contrôle de l’Afrique.
Alors que les principaux conseillers « publics » du Nouvel Ordre Mondial pensent peut-être travailler à la réalisation d’une « grande oeuvre », ils montrent tous les mêmes tendances agressives lorsqu’il s’agit d’aborder les problèmes économiques ou géopolitiques cruciaux, ce qui révèle que leur but réel est la domination mondiale. Ils recommandent peut-être parfois des solutions diplomatiques, mais s’en remettent toujours à la force lorsque l’autre partie refuse de se ranger à leurs arguments.
Si nous prenons du recul et observons ce drame à distance, ce que nous remarquons c’est une théorie de l’équilibre entre les nations européennes (et par extension le monde entier), un équilibre basé sur les accords et les traités intergouvernementaux qui rendent possibles un contrôle et un pouvoir centralisé.
Cette théorie pourrait fonctionner concrètement si tous les pays du monde étaient identiques et que leurs objectifs l’étaient également. Mais cela n’a jamais été le cas et ne le sera jamais. Tous les leaders nationaux et les pays diffèrent dans leurs besoins et leurs objectifs. Si chacun peut provisoirement accepter des arrangements communs, comme s’ils revenaient à la paix de Westphalie, avant que l’encre des traités soit sèche, chaque état essayera déjà d’obtenir des avantages supplémentaires sur ses voisins.
En 1914, l’Europe est redevenue un enchevêtrement d’aspiration des différentes puissances, une bombe à retardement attendant simplement un incident mineur pour exploser. Cet incident est survenu lorsque un nationaliste serbe assassina l’héritier de la couronne d’Autriche. En moins d’un mois, l’Europe a explosé et a donné naissance à une guerre mondiale. Comme Kissinger l’a observé lui-même dans ses écrits : « Ils ont tous contribué à cela, inconscients du fait qu’ils démantelaient l’ordre international. »
Depuis 1648, pour chaque Richelieu qui a cherché à créer un Nouvel Ordre Mondial à travers la diplomatie, il y a eu un Napoléon qui a adopté une stratégie militaire, s’assurant que le Nouvel Ordre Mondial serait régulièrement balayé par ceux qui sont favorables à l’agression. De plus, même ceux qui cherchent à opérer à travers la diplomatie se rallient finalement à des options agressives lorsque cette dernière n’est pas couronnée de succès.
Un véritable ordre mondial est improbable. Ce qui va probablement apparaître à la place ce sont des tentatives répétées de la part d’états souverains pour former des alliances qui leurs soient mutuellement bénéfiques, suivis par la tromperie, les tentatives de leadership, et au final, l’agression. Et très probablement une nouvelle guerre mondiale.
Mais nous pouvons être certains d’une chose : les tensions présentes sont aussi grandes qu’elles l’étaient en 1914. Un incident mineur suffira à déclencher une agression internationale. Ce qui va se produire sera une répétition de l’histoire.
Si ce que je crois est exact, la majeur partie du monde va entrer en déclin non seulement à cause des conséquences de la guerre, mais aussi à cause de la mise en place d’un puissant contrôle interne.
Les pays qui prennent aujourd’hui la direction d’états policiers sont les plus à risque car leurs intentions sécuritaires sont déjà très présentes. Ils ont juste besoin d’une bonne excuse pour augmenter leurs politiques de contrôle des populations.
Chacun d’entre nous, à moins bien sûr que nous soyons disposés à nous laisser engloutir par l’état policier, devrait se préoccuper de s’internationaliser, de diversifier ses options de vie, de manière à pouvoir se tenir hors de danger ainsi que sa famille lorsque les choses se gâteront…
Tyler Durden |3 mars 2015
Article original: Zero Hedge
Traduit par Guillaume Borel pour Arrêt sur Info