Préambule
La propagande destinée à justifier le renversement de Bachar el-Assad qui se déverse depuis plus de quatre ans dans la grande presse ne connaît pas de limites. Malheureusement ce n’est pas seulement le fait de journalistes malhonnêtes ou ignorants. En témoigne un article publié récemment (1) sous la plume de M. Cesar Chelala, un médecin argentin travaillant à New-York, qui attribue sans vergogne au gouvernement Assad la responsabilité de la destruction du système de santé syrien.
Nous avons soumis l’article écrit par M. Cesar Chelala au Dr Nabil Antaki, un médecin syrien qui est resté à Alep malgré tous les dangers pour soigner ses compatriotes. ASI
1) Le Dr Nabil Antaki qualifie de mensonger le compte rendu de M. Cesar Chelala
Voici le commentaire du Dr Nabil Antaki le 25 mars:
« L’article de M. Cesar Chelala (reproduit ci-dessous) est truffé de mensonges et de contre-vérités ; partant du principe que plus gros est le mensonge plus il y a de chances que les gens y croient. J’allais m’étouffer en lisant ses mensonges appuyés sur des rapports d’Amnesty, MSF, etc.
« Le gouvernement syrien est responsable de 88 % des attaques d’hôpitaux enregistrées ; et de 97 % des meurtres de personnel médical »
Quelle habileté ! 88% ça fait plus sérieux et scientifique que le chiffre rond de 90.
« 97 % des meurtres de personnel médical »
Comment peut-il évoquer des « meurtres« de personnel médical. Il y a eu quelques médecins tués des deux côtés mais dans tous les cas rarement dans l’exercice de leur profession.
Et puis quand M. Chelala dit : « 233 attaques délibérées ou aveugles sur 183 installations médicales », c’est de la foutaise. Qu’il y ait eu quelques hôpitaux de campagne touchés, c’est possible, mais délibérément non.
Dans tous les cas, à Alep, le plus grand hôpital public Al Kindi a été détruit à l’explosif et incendié par les groupes armés prétendus « modérés » (Daech n’était pas encore apparu sous son nom) et l’hôpital public Zahi Azrak a été pillé puis détruit sans parler des hôpitaux privés (Salloum, St Louis etc..) qui ont été touchés par des mortiers lancés par ces mêmes groupes terroristes « modérés ». [/box]
Ceux qui, comme M. Cesar Chelala, écrivent des articles mensongers savent bien une chose : il faut répéter la même fausse information jusqu’à ce qu’elle soit inscrite dans le marbre. Ainsi, une fois les mensonges légitimés par des faux rapports, basés sur des compilations de faux témoignages d’Amnesty international, de Médecins Sans Frontières, de Médecins du Monde, d’HRW, répertoriés ensuite par l’ONU, ils deviennent vérité sacrée. Car beaucoup de lecteurs ignorent la partialité de ces organisations dévoyées ; voir par exemple à ce sujet :
– Lettre ouverte à Donatella Rovera d’Amnesty International, par Chergui Majed
http://silviacattori.net/spip.php?article5590
– Syrie : Le déni de réalité de la « chercheuse » d’Amnesty International, par Louis Denghien
2) Le point de vue de M. Cesar Chelala dont nous mettons en cause le sérieux
Les médecins pris pour cibles dans la guerre en Syrie
Par Cesar Chelala, 18 mars 2015
Après quatre années d’hostilités, la guerre syrienne ne montre aucun signe de ralentissement, et les besoins pour toutes sortes d’aide se font chaque jour plus urgent. La situation est d’autant plus complexe que le personnel médical et paramédical est devenu la cible de la répression par le gouvernement. En conséquence, des milliers de médecins ont quitté le pays et ceux qui sont toujours là font face au grand défi de fournir une assistance à la population.
En raison de la tactique gouvernementale d’assiéger d’énormes communautés, cela veut dire que les médecins ont des difficultés à prodiguer des soins à la population, étant fréquemment à court de médicaments essentiels et de fournitures médicales de base. Pour rendre les choses encore plus complexes, certains fournisseurs refusent de vendre des matières essentielles telles que de la gaze ou des fils chirurgicaux, de peur d’être arrêtés ou de devoir fermer boutique pour avoir fourni des éléments de base à une zone assiégée, ainsi qu’en rendait compte Médecins Sans Frontières (MSF).
Un médecin témoignait à MSF: «C’est recherché, dangereux, compromettant. Il y a des points de vente secrets nous fournissant de la gaze « .
Parce que les hôpitaux ont subi des attaques répétées de frappes aériennes et de largages de barils d’explosifs, beaucoup d’entre eux doivent opérer en sous-sol. Certains patients particulièrement ceux dans des états stables sont maintenus au rez-de-chaussée et sont déplacés vers le sous-sol dès qu’un bombardement reprend. Au moins 610 soignants ont été tués, et il y a eu 233 attaques délibérées ou aveugles sur 183 installations médicales, selon le Rapport «Les médecins dans la ligne de mire: Quatre années d’attaques sur les soins en Syrie, » rendu public en février dernier par Médecins pour les droits de l’homme. (2)
En Juillet 2012, le gouvernement syrien a adopté une loi antiterroriste qui qualifie de crime le fait de prodiguer des soins médicaux à ceux présumés soutenir les rebelles. De plus, des brutes du régime pistent régulièrement les hôpitaux à la recherche de rebelles internés-là qui combattaient le gouvernement.
Médecins pour les droits de l’homme a également signalé que le gouvernement syrien est responsable de 88 pour cent des attaques d’hôpitaux enregistrées et de 97 pour cent des meurtres de personnel médical, ainsi que de 139 décès directement attribués à la torture ou à exécutions. En conséquence de cette violence contre eux, on estime à 15 000 médecins ceux qui ont fui le pays au cours des trois dernières années. Ce nombre représente près de la moitié des médecins certifiés dans un pays dont le système de santé était autrefois l’un des plus avancés dans le monde arabe. A Alep, une ville avec une population de 2,5 millions d’habitants, seulement 250 médecins sont restés sur les 6000 que la ville comptait en Juillet 2013.
La guerre a eu des effets dévastateurs sur la santé de la population. Plus d’un demi-million de Syriens ont subi de graves blessures qui exigeront des soins de longue durée, et des épidémies de maladies transmissibles ont augmenté de manière significative. Certaines maladies chroniques comme le diabète, insuffisances rénales et maladies cardiaques, qui pourraient être gérés dans des conditions normales s’aggravent maintenant en maladies mortelles. Selon certaines estimations, 200 000 personnes sont mortes en Syrie en raison du manque de soins médicaux adéquats en temps opportun.
Amnesty International a rapporté une autre conclusion inquiétante: l’abus des patients par les médecins et le personnel médical. « Il est profondément inquiétant que les autorités syriennes semblent avoir donné aux forces de sécurité le champ libre dans les hôpitaux, et dans de nombreux cas, le personnel de l’hôpital semble avoir pris part à la torture et aux mauvais traitements des personnes mêmes qu’ils sont censés soigner, » déclarait Cilina Nasser, chercheur d’Amnesty International Moyen-Orient et Afrique du Nord.
Les chercheurs d’Amnesty International ont constaté que plusieurs patients avaient été agressés par le personnel médical, professionnels de la santé et personnel de sécurité dans les hôpitaux de Banias, de Homs et de Tell Kalakh, ainsi que dans l’hôpital militaire de Homs. Un médecin de cet hôpital a déclaré à Amnesty International qu’il avait vu quatre médecins et plus de 20 infirmières qui abusent de patients, une violation flagrante de l’éthique médicale et du comportement humanitaire.
« Le gouvernement syrien a ciblé les soins de santé et les a de plus en plus utilisés comme arme de guerre pour détruire ses opposants en empêchant les soins, tuant des milliers de civils au passage » déclare Médecins pour les droits de l’homme. « C’est un déplorable dossier pour le gouvernement syrien, sur lequel un jour il devra en répondre.
Cesar Chelala | 18 mars 2015
(1) Article original: .counterpunch.org (Traduit de l’anglais par Jacques Fournier)
(2) Doctors in the Crosshairs: Four Years of Attacks on Health Care in Syria
Syrian Forces Responsible for 97 percent of medical personnel deaths; barrel bombs used in attacks
http://physiciansforhumanrights.org/press/press-releases/doctors-in-the-crosshairs-four-years-of-attacks-on-health-care-in-syria.html
3) Le point de vue du Prof. Tim Anderson
Il existe heureusement d’autres sources plus crédibles qui n’ont pas pris parti pour les « rebelles » comme les ONG humanitaires citées plus haut, et qui ont documenté la destruction des hôpitaux syriens et la responsabilité des groupes armés en s’appuyant sur des faits tangibles, contrairement à M. Cesar Chelala. Comme on peut le constater ci-dessous.
Les hôpitaux de Syrie ciblés par des groupes armés soutenus par l’OTAN
par Prof. Tim Anderson – 26 décembre 2013
Hôpital al-Hindi avant et après l’attaque des groupes terroristes. Quel intérêt aurait le président Bachar Al Assad et l’armée de défense syrienne à détruire des hôpitaux ?
Depuis 2011 des groupes armés soutenus par l’OTAN ont attaqué systématiquement plus de deux tiers des hôpitaux publics de Syrie, et ont assassiné, enlevé ou blessé plus de 300 professionnels de la santé.
De cela, l’exemple le plus récent fût la destruction de l’hôpital spécialisé Al-Kindi de Alep.
Le Docteur Sa’ad al Nayef, Ministre de la Santé de la Syrie a déclaré à une délégation de solidarité australienne en visite le 22 décembre que les terroristes soutenus par l’étranger avaient fait exploser deux camions bourrés d’explosifs, détruisant complètement l’hôpital. Tous les professionnels de la santé à l’intérieur ont été tués par l’explosion. Le Docteur Malek Ali, ministre syrien de l’Enseignement supérieur a déclaré à l’agence de presse syrienne SANA que l’hôpital Al-Kindi était un établissement d’enseignement, dont le fonctionnement était cogéré par son ministère.
Dans une version orwellienne des événements, la BBC (du 21 Décembre) a annoncé la destruction d’Al-Kindi sous le titre: « Les rebelles de Syrie reprennent un hôpital stratégique à Alep ». L’introduction prétendait que le camion suicide bourré d’explosifs avait réussi «à reconquérir un hôpital stratégique ruiné, occupé par des loyalistes de Assad. » Al-Kindi aurait été «un bâtiment désaffecté» et, selon un rapport non confirmé, 35 rebelles seraient morts dans l’attaque.
Le double langage de la BBC a besoin d’un peu de traduction. Ces «rebelles» étaient pour la plupart des troupes de non-syriens du Front al-Nosra affilié à Al-Qaïda, financés et armés par l’Arabie saoudite dont la libre circulation dans le nord de la Syrie a été autorisée par le gouvernement de la Turquie. Les «loyalistes de Assad » faisaient partie du personnel de ce grand hôpital public.
Le Dr al-Nayef a dit à la délégation australienne que, depuis que la crise a commencé en Mars 2011, 67 des 94 hôpitaux nationaux du pays avait été attaqués et endommagés, dont 41 mis hors service. 174 professionnels de la santé ont été tués, 127 blessés et 33 enlevés.
De plus, 1 921 centres de soins de premier niveau ont été endommagés, et 678 étaient hors service. 421 ambulances avaient été perdues ou étaient hors service, et 197 véhicules d’assistance avaient été endommagés, dont 169 hors service.
L’ampleur de la destruction des installations de santé, combinée avec des attaques sur les écoles, les universités et les massacres de civils (souvent faussement imputées au gouvernement), montre que les groupes armés soutenus par l’OTAN avaient l’intention de détruire un Etat qui fonctionne, et n’ont aucun intérêt à essayer de gagner le soutien populaire.
Les attaques contre les hôpitaux publics ont été menées à la fois par l’Armée syrienne libre (ASL) liés aux Frères musulmans et les groupes soutenus par l’Arabie, al-Nosra, l’EIIL et le Front islamique.
Le ministre al Nayef a montré à la délégation la vidéo de l’attaque de l’hôpital national de Homs le 6 Avril 2012 par l’Armée syrienne libre et son associée, la Brigade al-Farouk ; une autre vidéo montrant des dommages à l’hôpital national Salamiyeh Al (Hama) après une attaque le 21 Janvier 2013 : et une troisième vidéo montrant les dégâts de l’Hôpital al Zahrway (Damas) après une énième attaque terroriste le 5 mai 2013.
Le ministre de la Santé a également fourni à la délégation des détails de l’attentat terroriste du 26 Novembre 2013 à l’hôpital Deir-Ateya dans la campagne de Damas, où 11 personnes de l’équipe médicale (deux anesthésistes, trois médecins locaux, quatre infirmières et deux chauffeurs) ont été poignardées à mort.
Les services de santé étaient gratuits en Syrie et le ministère de la Santé dit qu’en « dépit de toutes les pressions et du siège économique» le ministère continue de fournir des services médicaux et de santé gratuits, avec près de 4,5 millions de citoyens » qui ont consulté les hôpitaux publics l’année précédente et » plus de 30 millions de «consultations gratuites, traitements et autres services de santé ».
Prof. Tim Anderson | 26 décembre 2013
Article original: globalresearch.ca )
Voir également sur le même sujet:
– http://acloserlookonsyria.shoutwiki.com/wiki/Acknowledged_Rebel_Attacks_on_Hospitals
-Destruction de l’hôpital Al-Kindi d’Alep par les « rebelles » (Vidéos)
Djihadistes filmés en train de faire exploser l’hôpital d’Alep à l’aide de camions chargés d’explosifs. Violence terroriste aveugle imputée de manière mensongère par la presse occidentale, au gouvernement « du dictateur sanguinaire » de Bachar el-Assad !
http://www.silviacattori.net/article5204.
Traduction Jacques Fournier