Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies sert essentiellement les intérêts des pays occidentaux et développés, et que son approche de tous les dossiers relatifs aux droits de l’homme n’est pas globale. Le chantage et l’intimidation sont des pratiques courantes et les Etats-Unis ont démontré qu’ils disposaient d’un «soft power» suffisant pour amadouer les pays plus faibles. AZ
DÉCLARATION AUX MÉDIAS
Par Alfred de Zayas, 9
Le 9 juin, l’ancien expert indépendant des Nations unies sur les questions d’ordre international, le professeur Alfred de Zayas, commente l’appel lancé par un certain nombre d’ONG en faveur de la démission de Michelle Bachelet, Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme.
Cet appel sans précédent est cynique, honteux et porte atteinte à la dignité humaine. Il témoigne de l’émergence d’une “industrie des droits de l’homme”, composée de pseudo-ONG financées par le US National Endowment for Democracy et d’autres gouvernements, des ONG qui suivent la ligne des puissants et diffusent des fausses nouvelles et de la désinformation.
En tant que professeur de droit international, ancien secrétaire du Comité des droits de l’homme de l’ONU et ancien rapporteur de l’ONU, je considère que le rapport de mission de la Haute Commissaire Bachelet est très professionnel, équilibré et constructif.
Depuis des décennies, je suis de près l’évolution de la situation en Chine, notamment au Xinjiang, à Hong Kong et au Tibet. En tant qu’avocat principal au sein du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, j’ai joué un rôle dans la préparation de la visite en Chine du Haut-Commissaire Mary Robinson en 1998, qui a donné des résultats positifs, notamment la signature du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. En décembre 2009, j’ai participé à une conférence universitaire à Pékin portant sur les résultats de la Chine en matière de droits de l’homme au regard des pactes.
La réaction purement politique du département d’État américain à la déclaration de Michelle Bachelet du 28 mai 2022 et les déclarations opportunistes de certaines ONG sont des manifestations de la militarisation des droits de l’homme. Ni les États-Unis ni ces pseudo-ONG ne sont intéressés par l’avancement des droits de l’homme et du bien-être des personnes concernées, mais ne font que battre les tambours de la guerre de l’information contre la Chine. Je pense que tous les rapporteurs des Nations unies en exercice devraient s’opposer à cette tentative honteuse d’intimidation du Haut Commissaire, car, en fin de compte, elle porte atteinte à notre propre autorité et crédibilité.
La seule utilité que ces pseudo ONG voient dans la fonction de Haut Commissaire n’est pas son indépendance, son professionnalisme ou ses compétences de médiateur, mais son empressement à chanter la chanson prescrite.
J’ai vécu le même genre d’intimidation et de mobbing avant, pendant et après ma mission au Venezuela en novembre/décembre 2017. Selon ces “agents”, la seule fonction d’un rapporteur de l’ONU en visite au Venezuela serait de condamner le gouvernement et d’exiger un “changement de régime”, et non de rechercher les causes profondes des problèmes, d’offrir des services consultatifs et une assistance technique, et d’essayer concrètement d’aider les victimes, notamment en plaidant avec succès pour la libération de dizaines de personnes.
Il est triste de constater à quel point les droits de l’homme ont été politisés et militarisés, comment certaines ONG ont été transformées en pourvoyeurs de propagande.
J’espère que les rapporteurs actuels et anciens de l’ONU publieront une déclaration soutenant l’indépendance et le professionnalisme du Haut Commissaire et du HCDH, et rejetteront les pressions exercées pour qu’ils suivent une ligne politique.
Nous devons maintenir le cap – et repousser la corruption des valeurs.