Source:Blog Denis Dupre

Par Denis Dupre 24 AOÛT 2017


Le site de Fakir était à l’index en orange puis … Fakir est repassé au vert, sans justifications ni excuses. Decodex, avec le puissant journal Le Monde juge-t-il la qualité des opinions ou la qualité des faits ?

Dans les débats qui agitent un peu et qui devraient agiter beaucoup la sphère médiatique, je me permets d’exprimer mon besoin de définitions… De quoi parle-t-on précisément dans la notation colorée que propose le site Decodex animé par les journalistes du journal Le Monde ?

En 2007, Rudy Reichstadt (lire ses articles ici ) lançait Conspiracy Watch pour traquer les complotistes. Reichstadt affirmait  (lire ici) « La théorie du complot falsifie l’histoire. Elle sape la confiance dans la démocratie. Elle dissuade des parents bien portants de vacciner leurs enfants. Elle protège les dictateurs. Elle exonère des criminels. Elle dresse des potences. Elle prépare les génocides. ». Voilà l’expression d’une opinion, probablement largement partagée puisque l’initiative de Rudy Reichstadt recevra en 2016 le soutien de l’éducation nationale (lire ici et ici). Conspiracy Watch émet donc des avis sur des personnes, des articles ou des médias selon ses critères. Information ou opinion ?

Dès 2013, François Ruffin, fondateur du journal Fakir, s’alarmait que des jugements sans procès officiel soient lancés  (lire ici) : « Pierre Carles, Hervé Kempf, Alain Gresh, Étienne Chouard, Jean Bricmont… tous fachos ? Les accusations pleuvent sur les sites des « antifas ». Et Fakir n’échappe pas à cette suspicion : des « nationaux-staliniens moisis », qui entretiendraient des liens obscurs avec des gens pas clairs. »

Pourtant en 2017, le principe de jugement des sites devient pratique institutionnelle. Le puissant journal le Monde avec Samuel Laurent, lance le Decodex pour traquer les responsables de désinformation.

Decodex offre des éléments pédagogiques par exemple pour que chacun apprenne à repérer les photos montées et un classement des  sites dont « la fiabilité ou la démarche est douteuse (sources peu mentionnées, démarche militante cachée, etc.) ». Ces derniers sont marqués d’un drapeau orange.  Information ou opinion ?

Ce marquage est le fruit d’une procédure dont la transparence a été questionnée dans l’émission Arrêt-sur-image  (voir ici ).

Evoluant avec la critique, le Decodex avait d’abord classé en vert les « bons medias »  avant de leur ôter tout drapeau. Dans cet article, pour simplifier notre lecture, nous conserverons la qualification de drapeau vert pour tous les médias n’ayant pas de drapeau orange ou rouge. Pour exemple, aujourd’hui,  Arrêt sur image est classé vert, comme Les Echos, comme le Monde.

Le Decodex a classé tout d’abord orange le site du journal Fakir , avec ce commentaire des journalistes de Decodex: « un journal indépendant de gauche […] avec une ligne éditoriale militante et un parti pris clairement revendiqué » (lire ici).

Le critère d’engagement politique caché n’était pas retenu, Decodex  jugeait donc les sources de Fakir « peu fiables ». Information ou opinion ?

Ce à quoi le fougueux Fakir, non dénué d’humour rétorquait « mais on comprend Le Monde, hein. Tout le monde sait que les ouvriers, les employés, les syndicalistes, les économistes hétérodoxes, les chômeurs, les agriculteurs sont des sources « peu fiables » avec lesquelles il faut être « prudent ». Un bon lobbyiste à Bruxelles, hein, c’est toujours plus sérieux ! ».

Fakir était donc à l’index en orange mais aujourd’hui, Fakir est repassé vert, sans justifications ni excuses. Decodex serait-il lui aussi un site finalement peu fiable puisque d’un jour à l’autre, un site qui n’a pas changé, peut passer du orange au vert ?

Decodex affiche aujourd’hui comme commentaire  du site Fakir « Non affilié à un parti, il se situe plutôt à la gauche de la gauche. » (lire la notice Décodex de Fakir ).

La gauche de la gauche ? Cela mériterait que  Decodex décode. Est-ce dangereux ? Si les faits rapportés par Fakir ne sont plus douteux, les opinions diffusées par Fakir seraient-elles nuisibles ?

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Après avoir travaillé jusqu’en 1998 dans divers organismes bancaires, Denis Dupré est enseignant-chercheur en finance, éthique et développement durable à l’Université de Grenoble . Il est l’auteur de nombreux articles et ouvrages en finance, économie financière, éthique et écologie et propose de mieux Après avoir travaillé jusqu’en 1998 dans divers organismes bancaires, Denis Dupré est enseignant-chercheur en finance, éthique et développement durable à l’Université de Grenoble . Il est l’auteur de nombreux articles et ouvrages en finance, économie financière, éthique et écologie et propose de mieux comprendre les enjeux sociaux, écologiques et politiques de nos actions sur son site « Crises et éthique de l’action ». Il a été invité dans différentes universités, notamment à Shanghai (Chine), Belo Horizonte (Brésil), HEC-Genève (Suisse) et le Caire (Égypte). Il est ingénieur diplômé de l’École des Mines de Douai, titulaire d’un DEA de l’École des Mines de Paris, d’un master en philosophie de l’Université Grenoble II, docteur en gestion de l’Université Paris-Dauphine puis titulaire de l’Habilitation à Diriger des Recherches en gestion de l’Université Grenoble II. Il est également membre du collectif Stop Evasion Fiscale.   @DENISDUPRE5