Le calme n’est pas encore revenu au Moyen-Orient que nous commençons à voir certains marqueurs qui annoncent des changements énormes dans la politique de cette région au niveau des conflits et des alliances.

Nous entendons maintenant les déclarations turques officielles accusant les Etats-Unis d’avoir fomenté la récente tentative de coup d’Etat manqué. La Turquie a même imposé un verrouillage sur la base aérienne d’Incirlik, une base de l’OTAN où l’Amérique stocke des armes nucléaires. La Turquie a même coupé les alimentations essentielles à la base; ceci est le signe d’une révolte contre l’OTAN. Quand Erdogan a déclaré que le coup était un “don de Dieu” pour nettoyer l’armée, il pourrait aussi bien avoir dit aussi que le coup était un don de Dieu qui lui permettait de montrer son ressentiment contre les Etats-Unis au grand jour.

Nous entendons aussi des contre-rumeurs selon lesquelles Erdogan a mis en scène le coup d’Etat manqué afin de nettoyer l’armée d’éléments qui ne sont pas loyaux envers lui. Bien que ce scénario ne puisse ni être confirmé ou écarté, Erdogan ne mâche pas ses mots avec les Etats-Unis, qui sont le patron de l’OTAN.

Il est important de noter ici que, durant les dernières semaines, non seulement Erdogan et Netanyahu ont fait des progrès et, qu’en outre, les relations turco-russe ont été normalisées. Erdogan a pris un virage drastique dans sa politique à l’égard de la Syrie, il a peut-être même fait un demi-tour. Dans quel but ?

La ville syrienne d’Alep est la clé de la victoire. Celui qui prendra le contrôle total d’Alep gagnera la guerre. La coalition syro-russe peut gagner la bataille d’Alep, mais à quel prix ? Une autre façon de gagner est de mettre Erdogan à genoux, et c’est ce qui est peut-être arrivé. Si Erdogan scelle les frontières de la Turquie, les terroristes seront condamnés.

Si nous devions relier les principaux points ci-dessus, tout en ignorant les points mineurs qui doivent être discutés individuellement, nous voyions alors se concrétiser un schéma directeur pour le Moyen-Orient. Ce schéma est l’œuvre des russes.

La Russie est respectée et en assez bons termes avec les principaux acteurs de ce conflit. Ella a restauré ses relations avec la Turquie, mais aussi avec la Syrie, Israël et l’Iran. C’est ce qui la met en position de force pour imposer un tel plan.

Au contraire, la politique étrangère menée par les USA au Moyen-Orient a été perçue comme téméraire et a transformé les USA en un allié peu crédible en qui personne ne peut et ne veut faire confiance.

Poutine insiste sur la lutte contre le terrorisme. Qu’il soit en mesure de le faire ou non est une autre histoire, mais stratégiquement parlant, il sait que la lutte militaire contre le terrorisme ne peut être gagnée, et encore moins bien menée, si d’autres acteurs de la région sont dans un état de conflit.

Selon cette analyse, nous sommes sur le point de voir se dérouler un plan russe qui permettra non seulement de mettre fin à la “guerre contre la Syrie”, mais aussi de rechercher un règlement au conflit entre Israël et les pays arabes.

Ce plan sera de type “gagnant-gagnant”. Seuls les Saoudiens et les Qatariens seront perdants. Personne ne veut ou a besoin de les apaiser plus longtemps ; leur influence et leurs ressources se rétrécissent. Sous le “parapluie” russe, la guerre contre le terrorisme sera dirigée contre les commanditaires Al-Saud qui dirigent et propagent le radicalisme religieux.

Les alliés les plus proches des Etats-Unis leur ont montré la porte de sortie. La Russie est maintenant la seule puissance qui a la capacité de résoudre sur le long terme les problèmes au Moyen-Orient et de nettoyer le désordre crée par les américains.

Par Ghassan Kadi | 16 juillet 2016

Article original: All-born-equal-rights

Source:https://arretsurinfo.ch/moyen-orient-un-avenir-incertain/