Les Coréens mènent une guerre civile depuis 1932, date à laquelle Kim II Sung, fondateur de la République Populaire Démocratique de Corée, a entamé, avec d’autres patriotes coréens, une guérilla contre la domination coloniale japonaise. D’autres Coréens, parmi lesquels un futur président sud-coréen, ont trahi cette cause de la liberté et rejoint le camp impérial japonais ennemi. Ils y sont devenus officiers dans l’armée japonaise ou se sont enrôlés dans les forces de la police coloniale, qui est détestée par le peuple coréen.
Mais bien avant cette guerre civile, les Coréens se battaient déjà pour leur liberté. Dès le début du vingtième siècle, lorsque le Japon s’est emparé de la Corée pour l’intégrer dans son empire en pleine expansion, les Coréens ont farouchement résisté à cette domination étrangère, tant japonaise qu’américaine. A certains moments pacifiques, cette révolte prenait à d’autres moments un tour insurrectionnel, les émeutes se transformant en guérillas sans fin. Après la division politique du pays, qui fut orchestrée de toutes pièces par les Etats – Unis, le peuple coréen s’est engagé dans une guerre conventionnelle qui, de 1950 à 1953, a coûté la vie à trois millions de ses citoyens*.
A l’annonce de l’effondrement de l’empire japonais en 1945, les Coréens ont laissé éclater leur joie, organisant rapidement leur état indépendant, la République Populaire Coréenne, guidés par cette liberté pour laquelle ils s’étaient battus. Mais cette joie fut de courte durée, puisque les Etats-Unis ont refusé de reconnaître la jeune république et lui ont illico déclaré la guerre.
Pour accéder à l’auto-détermination, bénéficier d’une réforme agraire et bâtir une économie répondant aux nécessités locales, les Coréens ont enduré la faim. Pour mener à bien ce programme, ils s’en sont remis à des dirigeants communistes, qui avaient fait preuve d’une grande autorité morale durant la lutte anti-coloniale, et se sont inspirés de l’Union Soviétique.
Mais une Corée communiste ne pouvait que contredire les visées politiques américaines, et en premier lieu celles des juristes et des banquiers de Wall Street à la recherche de territoires que leurs firmes et leurs investisseurs puissent librement ratisser afin d’y réaliser de juteuses affaires. Entre l’agenda de ces buisinessmen et une Corée donnant à ses agriculteurs, à ses coopératives et à ses entreprises publiques la possibilité de gérer les terres, les ressources et les usines du pays, la rupture fut nette et brutale.
Dans l’ ouvrage Patriots, Traitors and Empires: The Story of Korea’s Fight for Freedom, à paraître en 2018 aux éditions Baraka Books, Stephen Gowans explore en détail la lutte menée par les patriotes coréens contre les empires et les traîtres qui cherchaient à leur barrer le chemin vers la liberté. Commencé en 1905, leur combat se poursuit pendant la guerre de Corée, et prend de nos jours la forme d’un défi lancé aux Etats-Unis, où la Corée entend bien prouver, par son statut de pays doté de l’arme nucléaire, son invulnérabilité à toute éventuelle agression américaine.
Article original: https://gowans.wordpress.com/
Traduit de l’anglais par Sylvie Jolivet pour Arrêt sur info
(*) Ndlr: Ce fut le conflit le plus meurtrier de la deuxième moitié du XXe siècle, avec 2 millions de victimes chez les combattants nord-coréens et chinois. A cela s’ajoutent peut-être trois millions de victimes civiles.