UBS rachète CS pour 3 milliards de dollars alors que les 17 milliards de dollars d’obligations AT1 de la banque sont effacés dans le cadre d’un « Bail-In » record ; la BNS offre 100 milliards de dollars de liquidités en guise de soutien.

Tyler Durden
9 MARS 2023 – (Mis à jour à 21.30)

Nous avons enfin un accord, et ce qui était d’abord un prix d’acquisition du Credit Suisse par UBS de 1 milliard de francs suisses, qui est ensuite passé à 2 milliards de francs suisses, est maintenant passé une dernière fois à 3 milliards de francs suisses, ou 0,76 par action, c’est-à-dire que les actionnaires du Credit Suisse recevront 1 action d’UBS pour 22,48 actions du Credit Suisse.

Plus important encore, la totalité de la tranche AT1 de la banque – quelque 16 milliards de francs suisses d’obligations convertibles contingentes – sera renflouée et ramenée à zéro : « La FINMA a décidé que les fonds propres additionnels de catégorie 1 du Credit Suisse (provenant de l’émission d’obligations de catégorie 1) d’un montant nominal total d’environ 16 milliards de francs suisses seront ramenés à zéro.

Cet effacement, pardon, ce renflouement est la plus grosse perte à ce jour pour le marché AT1 européen de 275 milliards de dollars, éclipsant de loin la perte d’environ 1,35 milliard d’euros subie par les détenteurs d’obligations de second rang du prêteur espagnol Banco Popular SA en 2017, lorsqu’il a été absorbé par Banco Santander SA afin d’éviter un effondrement.

Les obligations AT1 ont été introduites en Europe après la crise financière mondiale pour servir d’amortisseurs lorsque les banques commencent à faire faillite. Elles sont conçues pour imposer des pertes permanentes aux détenteurs d’obligations ou pour être converties en actions si les ratios de fonds propres d’une banque tombent en dessous d’un niveau prédéterminé, afin de soutenir efficacement son bilan et de lui permettre de poursuivre ses activités.

Comme le note Bloomberg, les investisseurs craignaient qu’un « bail-in » n’entraîne la dépréciation des AT1, tandis que la dette de premier rang émise par la société holding, le Crédit suisse, serait convertie en fonds propres pour la banque.

Rétrospectivement, ils avaient raison de s’inquiéter… pendant ce temps, les actionnaires reçoivent 3 milliards de francs suisses ; nous sommes convaincus que les caisses de retraite suisses seront ravies de recevoir un beignet, tandis que les Saoudiens bénéficieront d’une récupération non négligeable.

PIMCO, Invesco et BlueBay Funds Management SA figuraient parmi les nombreux gestionnaires d’actifs détenant des obligations AT1 du Credit Suisse. Pimco et BlueBay ont refusé de faire des commentaires lorsqu’ils ont été contactés par Bloomberg News vendredi, avant l’annonce de l’accord. Une porte-parole d’Invesco a déclaré qu' »en raison des politiques de divulgation des portefeuilles, nous ne divulguerons pas les mouvements actuels des portefeuilles, mais nos équipes d’investissement continuent à surveiller les développements et à gérer prudemment les actifs de nos clients à la lumière des conditions actuelles du marché ».

Vendredi, les obligations se négociaient déjà à des niveaux habituellement réservés aux entreprises sur le point de faire faillite. Une tranche de l’obligation de 1,65 milliard de dollars de la banque, émise il y a moins d’un an, a changé de mains à environ 35 cents le dollar, selon le système de notification des transactions Trace.

Selon Bloomberg, les prix ont fluctué dimanche, les traders ayant évalué deux scénarios opposés : soit le régulateur nationalise une partie ou l’ensemble de la banque, ce qui pourrait entraîner la radiation totale des obligations AT1 du Credit Suisse, soit un rachat par UBS sans perte pour les détenteurs d’obligations.

Eh bien, à l’heure qu’il est, ces obligations ont été Lehmanisées, ou plutôt Lehmannisées en l’honneur du président du CS.

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Le gouvernement suisse, la BNS et divers régulateurs tiennent une conférence de presse ad hoc sur le rachat de Credit Suisse par UBS.

https://www.youtube.com/watch?v=-I3FYxFvZyw


Lors de la conférence de presse, le président suisse déclare que l’explosion des dépôts vendredi a montré que la stabilisation du Crédit Suisse était nécessaire, c’est-à-dire que la banque se serait effondrée en l’absence d’une reprise par une banque plus importante.

Voici des extraits de la conférence de presse :

*KELLER-SUTTER : LA SOLUTION STABILISERA LE CS ET LES MARCHÉS FINANCIERS

*KELLER-SUTTER : LA PRIORITÉ ABSOLUE ÉTAIT LES INTÉRÊTS DE LA SUISSE

*KELLER-SUTTER : LA GARANTIE N’ENTRE EN VIGUEUR QU’À PARTIR D’UN CERTAIN SEUIL

*LE RACHAT PAR LE CREDIT SUISSE DECLENCHERA UNE REDUCTION DE VALEUR DE 16 MILLIARDS DE CHF SUR LES AT1S

*JORDAN : LA FAILLITE DE CS AURAIT EU DE GRAVES CONSÉQUENCES

*JORDAN : LA FAILLITE DE CS AURAIT GRAVEMENT ENTACHE LA REPUTATION DE LA SUISSE

*JORDANIE : LA CRISE BANCAIRE AUX ETATS-UNIS A AGGRAVE LA CRISE DU CREDIT SUISSE

*JORDANIE : LA SNB FOURNIRA DES LIQUIDITÉS SI NÉCESSAIRE

Voici le communiqué intégral de la BNS :

La Banque nationale suisse fournit une aide substantielle en liquidités pour soutenir la reprise du Credit Suisse par UBS

UBS a annoncé aujourd’hui la reprise du Credit Suisse. Ce rachat a été rendu possible grâce au soutien de la Confédération, de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) et de la Banque nationale suisse.

Avec la reprise du Credit Suisse par UBS, une solution a été trouvée pour garantir la stabilité financière et protéger l’économie suisse dans cette situation exceptionnelle.

Les deux banques ont un accès illimité aux facilités existantes de la BNS, ce qui leur permet d’obtenir des liquidités auprès de la BNS conformément aux “Directives sur les instruments de politique monétaire”.

En outre, conformément à l’ordonnance sur les mesures d’urgence du Conseil fédéral, le Credit Suisse et UBS peuvent obtenir un prêt d’aide à la liquidité avec statut de créancier privilégié en cas de faillite, pour un montant total de 100 milliards de francs au maximum.

En outre, et sur la base de l’ordonnance sur les mesures d’urgence du Conseil fédéral, la BNS peut accorder au Credit Suisse un prêt d’aide à la liquidité d’un montant maximal de 100 milliards de francs, assorti d’une garantie de défaillance de la Confédération. La structure du prêt est basée sur le Public Liquidity Backstop (PLB), dont les paramètres clés ont déjà été décidés par le Conseil fédéral en 2022.

L’apport substantiel de liquidités permettra aux deux banques d’avoir accès aux liquidités nécessaires. En apportant une aide substantielle en matière de liquidités, la BNS remplit son mandat de contribuer à la stabilité du système financier et continue de collaborer étroitement avec la Confédération et la FINMA à cette fin.

Tyler Durden

Source: zerohedge.com

Traduction: arretsurinfo.ch