ASL. Alep Crédit Wikipedia

(Mis à jour – Mars 2021)

Ce n’était pas une guerre civile

Les journalistes de la presse établie n’ont pas voulu rechercher la vérité sur ce qui se tramait de monstrueux en Syrie bien avant 2011.

10 ans après, ils restent campés sur leur narration mensongère. Forts de leur plein soutien les égorgeurs d’al-Nosra/al-Qaïda ont rapidement gagné la guerre de l’information.

Comme en Yougoslavie en 1999, comme en Afghanistan en 2001, comme en Irak en 2003, comme en Libye en 2011, la presse occidentale en général, a volontairement occulté le fait que, bien avant mars 2011, la France a été à la manœuvre. Engagée dans la déstabilisation de l’Etat syrien par terroristes interposés, devant aboutir à la chute d’Assad.

Durant 10 ans, les médias occidentaux ont diffusé a la même propagande et les mêmes mensonges délivrés (à leur insu?) par les services de renseignement. Dès 2011 nombre de journalistes « embarqués » sont entrés illégalement en Syrie accompagnés par des fixeurs liés aux groupes armés en zone « rebelle » – à Alep Est. Parmi eux, deux journalistes de Radio Télévision Suisse : Mehmet Gunthart et Sébastien Faure. Sans se poser à aucun moment la question du sort effroyable que les attaques des « rebelles », faisaient subir aux habitants qui, dés leur arrivée, s’étaient enfui, réfugiés dans la partie Ouest de la ville d’Alep sous contrôle du régime Assad.

La journaliste indépendante suisse Silvia Cattori a dès 2011 exposé la désinformation qui frappait la Syrie, publié des centaines de témoignages de Syriens révoltés par le parti pris médiatique favorable aux bandes rebelles armées, dont ils subissaient les atrocités.

En juin 2011 Silvia Cattori alertait : « L’information à sens unique délivrée par les médias traditionnels depuis le début du conflit en Syrie n’aide pas le public à comprendre ce qui s’y passe véritablement. Elle aide uniquement ces puissances, qui financent les opposants islamistes armés, et vont tenter d’obtenir l’aval du Conseil de sécurité pour intervenir en Syrie, sous des prétextes humanitaires, comme cela fut fait en Libye« .

Et en 2012, ignoré par les médias occidentaux le récit glaçant de la correspondante à Beyrouth du Spiegel, Ulrike Putz, relatant les crimes commis à Homs par les égorgeurs de l’Armée (terroriste) syrienne libre (ASL); et le récit d’Alex Thomson, journaliste de la chaîne de télévision anglaise Channel 4, qui, après sa mésaventure affirmait : « Dans une guerre où ils (les « rebelles ») égorgent des bébés jusqu’à l’os, qu’est-ce que ça peut bien faire d’envoyer un minibus plein de journalistes dans une zone où on tue ? »

Dix ans après, nous devons à la vérité de rappeler qu’en 2011 il y a eu notamment l’article du journaliste espagnol du journaliste Daniel Iriarte publié par ABC. Il n’avait pas caché que la présence de bandes armées venues de Libye en zone dite « rebelle ». Il confirmait ce que nous disions depuis le début du conflit. Nous vous présentons l’article de Daniel Iriarte ci-dessous.

Damas. Attentat à la voiture piégée en septembre 2012 dans le quartier de Mazzé attribué par la presse occidentale au régime Assad. DR

Le journaliste Daniel Iriarte, envoyé spécial du quotidien espagnol ABC en Syrie, a rencontré fin 2011, parmi les combattants de l’ « Armée syrienne libre » des terroristes libyens attachés à Abdelhakim Belhadj, ex membre d’Al Qaida et actuel gouverneur militaire de Tripoli. [ASI-Mars 2021]

Des islamistes Libyens en Syrie pour «aider» la révolution

Par Daniel Iriarte
ABC Espagne, Envoyé spécial à YEBEL ZAWI (Syrie), 17 décembre 2011 – Abc.es

ABC s’est entretenu avec des Libyens liés à l’ex djihadiste Belhadj qui se sont rendus en Syrie pour « évaluer » les moyens de soutenir l’insurrection.

Le milicien Brahim est soucieux, « Il y a un contrôle de l’armée à l’entrée de l’autoroute », lui dit la paysanne, ce qui signifie que les routes pour sortir de Djebel Zawi sont fermées. Nous craignions quelque chose de ce genre, parce que les très rares journalistes étrangers que nous sommes, avons décidé de quitter la Syrie pour éviter de rester coincés. Mais il parait que nous arrivons un peu tard. Finalement, à la tombée de la nuit, Brahim trouve une solution. Il mobilise trois voitures qui, en roulant de nuit, s’efforcent de trouver une route alternative. Après trois heures d’attente, ils réussissent à nous faire traverser les lignes « ennemies » par un autre point de passage. Brahim rit, satisfait : « l’Armée Syrienne Libre a trouvé une sortie ! » dit-il.

Le convoi nous emmène dans une ferme où nous attend un autre groupe qui va être évacué avec nous. C’est alors qu’arrive la surprise : ce sont trois Libyens qui, selon leurs propres termes, ne sont pas venus pour combattre mais pour « évaluer les besoins des frères révolutionnaires Syriens ». Les Libyens n’essayent pas de cacher leurs identités. Ce sont des hommes proches d’Abdelhakim Belhadj, actuel gouverneur militaire de Tripoli et ancien djihadiste lié autrefois à al Qaïda.

L’un d’entre eux s’avère être une vieille connaissance des journalistes qui ont couvert la guerre en Libye : Mehdi al-Harati, ex commandant de la brigade de Tripoli qui a joué un rôle fondamental dans la prise de la capitale et la chute de Kadhafi. Le deuxième, Adem Kikli, dit travailler pour Belhadj et a passé presque une vingtaine d’années en exil au Royaume Uni. Le troisième, Fouad, semble être un garde du corps. « Nous sommes ici de notre propre initiative et à titre personnel, pas sur ordre de qui que ce soit », assure Adem. Et il souligne que Harati a renoncé publiquement à son poste à Tripoli le 11 octobre dernier. Adem affirme en outre qu’il était avec d’autres Libyens, « quelques dizaines », qui sont venus en Libye de leur propre chef pour aider les insurgés.

Harati est, sans aucun doute, un homme d’action. Ce personnage est entré en lice en participant à la Flottille pour Gaza au printemps 2010. « J’ai été blessé pendant l’assaut contre le Mavi Marmara et je suis resté neuf jours dans une prison de Tel Aviv » nous dit-il. En février, Harati, qui réside à Dublin et possède un passeport irlandais, a laissé femme et enfants et, avec d’autres exilés Libyens en Irlande, s’est rendu en Libye. Là-bas, il a créé la brigade de Tripoli, un groupe de combattants d’élite, entraîné par ces conseillers Qataris, qui ont combattu avec férocité dans la bataille finale pour la capitale.

ABC a, de plus, constaté son passage récent dans des endroits comme Bahreïn, le Soudan et Ankara, dont on ignore les objectifs. Il y a peu, Harati a été impliqué dans un épisode étrange quand, selon ses propres dires, une bande de voleurs a pénétré à son domicile, s’emparant d’une grande quantité de bijoux et de 200 000£ (environ 238 000€). Harati a déclaré à la police que beaucoup d’argent lui avait été donné par un agent de la CIA pour financer la lutte de son organisation contre Kadhafi. Le combattant avait laissé ces 200 000£ à sa femme au cas où il lui arriverait quelque chose, et avait emporté le reste en Libye.

Pendant notre fuite vers la frontière, les Libyens nous ont donné quelques indications sur leur présence en Syrie. « Si ce n’était que de nous, nous enverrions des armes aux Syriens dès demain. Nous n’en avons plus besoin », explique Harati. « Mais il faudrait les faire passer par la Turquie, et les Turcs ne peuvent pas le permettre parce qu’il n’y a pas de consensus à l’intérieur de l’OTAN », assure-t-il. A l’arrivée à la frontière, les trois Libyens disent qu’ils rentrent dans leur pays. C’est du moins ce qu’ils nous assurent.

Daniel Iriarte

(Première diffusion le 18 décembre 2011 sur le  site de silviacattori.net)