À première vue, « The Dictator » de Baron Cohen est un film catastrophique. C’est vulgaire, ce n’est pas drôle et si il y a 5 moments marrant dans le film, ils apparaissent tous dans la bande annonce officielle. Pour faire court, économisez votre temps et votre argent- à moins bien sur que vous soyez intéressé par la politique identitaire juive et la névrose.
J’imagine que les politiciens, les régimes et les dirigeants arabes sont un sujet idéal pour une satire, encore qu’on puisse se demander ce que Sacha Baron Cohen connait du monde Arabe ? D’après ce que l’on peut voir dans ce film, pas grand-chose. Au lieu de ça, Cohen projette ses propres symptômes sionistes et tribaux sur les peuples d’Arabie et leurs leaders.
Dans ce film, Cohen joue le rôle du Général Hafez Aladeen, le dirigeant arabe d’un pays d’Afrique du Nord riche en pétrole. À première vue, il est la version satirique de Saddam Hussein et de Mouammar Kadhafi, mais en réalité les actions d’Aladeen sont simplement une vaste amplification des crimes commis par Israël et ses criminels de guerre comme Shimon Peres, Ehud Olmert et Tzipi Livni. Quand Baron Cohen ridiculise les dictateurs arabes qui cherchent obsessionnellement des armes de destruction massives et des armes nucléaires, il devrait garder à l’esprit que c’est en fait son état juif adoré qui a, depuis 1950, poussé la région entière à la course au nucléaire. Que ce sont ses frères et sœurs israéliens qui expriment très souvent leur enthousiasme mortel pour détruire l’Irak et d’autres entités régionales. Quand Baron se moque des dirigeants arabes qui assassinent leurs opposants, tuent des enfants, des femmes et des vieux, une fois encore il projette les symptômes israéliens car c’est en fait l’état juif qui s’engage trop souvent dans des assassinats de masses systématique et des crimes de guerre d’une échelle colossale. Quelqu’un devrait lui rappeler que les photos de phosphore blanc versé sur les abris de l’ONU ont été prises dans la bande de Gaza et non pas dans le Bagdad de Saddam, Homs (Syrie) ou l’imaginaire Wadiva. Quand Cohen présente les leaders arabes comme des violeurs sauvages, il devrait se rappeler que Moshe Katzav qui était jusqu’à peu le Président de l’état juif est maintenant derrière les barreaux après avoir été condamné pour viol. Ce n’est donc pas une coïncidence quand Cohen tente de créer des liens avec son Dictateur Aladeen, celui-ci lui parle dans sa langue maternelle : l’hébreu. Cohen parle en Hébreu car Aladeen n’est pas un dictateur arabe, c’est un patriote israélien comme Cohen lui-même.
Mais essayons de nous transcender au-delà des projections et des confessions de Baron Cohen : autant le nouveau film de Cohen est foireux, autant lui-même est loin d’être un imbécile. En fait, il a réussi à mettre évidence quelques idées politiques intéressantes et astucieuses. Par exemple, vers la fin du film, le dictateur Aladeen produit un discours remarquable à la tribune de l’ONU en faveur de la dictature. En face des délégations, Aladeen dresse une liste assez profonde de parallèles involontaires entre les USA et la dictature. Offrir une vive critique politique par le biais de la comédie mérite le respect.
Une autre idée provocante est délivrée à travers le personnage de Zoey (Anna Farris), une ardente féministe et une militante pour les droits de l’homme. Zoey gère une épicerie multiethnique et écologique dans Brooklyn. Elle est l’ultime militante pour la solidarité et cette fois elle se mobilise contre Aladeen et son régime. Pendant que Zoey envahit la rue en manifestant contre la brutalité d’Aladeen, Tamir (Ben Kingsley) le chef d’état major d’Aladeen, complote contre son dirigeant à l’intérieur de l’immeuble des Nations-Unis. Il vend tous les actifs de son pays aux magnats du pétrole et aux dirigeants du monde. La signification cinématographique est évidente. Le lien entre la soi-disant gauche et le pouvoir impériale est établi. Zoey, la gauchiste progressiste, semble travailler vers le même but que les principales forces expansionnistes Capitalistes corrompues. Ils veulent tous en finir avec le régime d’Aladeen. Je suppose que beaucoup de ceux qui observent l’activisme et le discours de solidarité seront d’accord avec la lecture de Cohen. Après tout, c’était les féministes et les groupes pour le droit des femmes qui, en 1990, ont préparé le terrain pour la guerre contre le terrorisme et l’invasion de l’Afghanistan. La gauche était aussi très peu disposée à supporter le Hamas pourtant élu démocratiquement. Je suppose aussi qu’un gauchiste jeté dans une salle avec Dershowitz et Ben Laden serait sans doute tenté de se lier d’abord avec Dershowitz.
Mais Zoey n’est pas seulement une progressiste et une militante pour les droits de l’homme. Au fur et à mesure que l’intrigue progresse, Aladeen et Zoey tombent amoureux. Vers la fin du film, la « militante pour la solidarité » et le dictateur se marient. C’est à ce moment précis qu’Aladeen (et le reste d’entre nous) découvre que Zoey est juive. D’un point de vue cinématographique le juif, le militant pour les droits de l’homme et le militant pour la solidarité ne font qu’un. Cette lecture amusante est malheureusement en accord avec la réalité des mouvements de solidarité. Ceux qui observent l’activisme de gauche juif détectent un effort incessant parmi les militants juifs pour détourner tribalement et même « sioniser » le discours de solidarité, les droits de l’homme et les politiques marginales. Cependant, d’un point de vue Judaïque, Zoey la nouvelle femme du dictateur Aladeen n’est rien de moins que l’incarnation de la reine biblique Esther. Comme Esther, Zoey a réussi à s’infiltrer dans les coulisses d’une puissance étrangère lucrative.
Je présume qu’avec l’AIPAC contrôlant la politique étrangère Américaine et 80% des députés conservateurs étant membres du CFI (amis conservateurs d’Israël), une reine juive d’un Wadiya fictif est presque exotique !
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Critique du film “The Ghost-Writer” de Roman Polanski par Gilad Atzmon
C’est quelque peu curieux que le metteur en scène, qui a réussi à échapper à la justice pendant plus de 3 décennies ait décidé de faire un film chroniquant un Premier ministre britannique déshonoré dans sa tentative d’échapper au tribunal des crimes de guerre de la Haye.
Le dernier film de Polanski est basé sur le best-seller de Robert Harris titré l’homme de l’ombre. Il raconte l’histoire d’Adam Lang (Pierce Brosnan), un ancien Premier ministre britannique « fictif » qui bien qu’autrefois très populaire est maintenant totalement méprisé. Lang est en exile aux États-Unis avec sa femme Ruth (Olivia Williams). Il craint l’extradition vers le tribunal de la Haye.
Le principal protagoniste, qui mène le film du début à la fin, est un « nègre littéraire » (Ewan McGregor). Il est embauché par une maison d’édition pour terminer d’écrire la biographie de Lang suite à la mort mystérieuse du précédent nègre de Lang. La nouvelle recrue découvre rapidement qu’il y a vraiment quelque chose de pas vraiment « casher » à propos des Lang. Il s’avère que ceux-ci travaillaient pour la CIA.
La ressemblance entre Adam Lang et Tony Blair est plus qu’évidente. Adam Lang est un bel homme aux cheveux bruns, il est athlétique, charmant, habile, c’est un criminel de guerre mais il est aussi vulnérable et il perd son sang-froid facilement. Le film aborde le chapitre le plus dévastateur de l’histoire récente, la transformation de la démocratie libérale anglo-américaine en une machine à tuer très dangereuse alimentée par le pathos et la vertu. Un chapitre que la société britannique n’est pas encore assez mature pour pouvoir l’assumer. Une fois encore, ce sont des esprits artistiques et créatifs comme Harris et Polanski qui se sont engagés sur des questions pour lesquelles le « Chilcot Inquiry » ne ce serait jamais attardé.
Jusqu’à présent, chaque tentative classique d’esquisser une narration logique ou rationnelle qui pourrait expliquer le logos derrière la conduite de Blair à partir de 2002, a lamentablement échouée. Blair a lancé une guerre illégale fondée sur des documents falsifiés. Il a emmené le pays dans un conflit, en dépit d’oppositions sérieuses au sein de l’armée, des services secrets, du cabinet, du parti travailliste, des médias et de l’opinion publique. Durant cette procédure, Blair a fait monter une forte pression sur les agents de renseignements et les experts juridiques afin qu’ils approuvent son dangereux programme. Blair s’accrocha aussi aux collecteurs de fonds et sympathisants sionistes au sein des médias. La raison pour laquelle il a fait cela est loin d’être claire.
Les blairistes proposent deux explications qui sont supposées proposer une motivation derrière les guerres de Tony Blair. L’une d’entre elle présente Blair comme un fervent chrétien. Néanmoins, le meurtre de 1.5 millions d’Irakiens au nom de Dieu ne marche plus au 21ème siècle. De plus, une nation qui a votée pour les travaillistes n’allait pas nécessairement être contente d’apprendre qu’elle se retrouve au final avec un militant messianique. L’autre explication blairiste se réfère à « l’interventionnisme morale ». Cette « pirouette » difficile est largement promue par les Sionistes et les Néo-cons au sein des médias et des universités britanniques. Pourtant, lancer une guerre sioniste et commettre un génocide au nom de la « moralité » est une excuse encore plus embarrassante que l’excuse de Dieu. Apparemment, il n’y a pas de récit patriotique qui justifierait les crimes et la politique de Blair. A l’évidence, le manque de raisonnement politique sincère conduit à l’invention d’Adam Lang, un pion américain de la CIA imaginaire placé au cœur de la politique britannique.
Autant Lang ressemble à Blair, autant on remarquera qu’il manque à Adam Lang certains personnages clés qui ont été associés au leadership de Tony Blair. Lang opère sans « Lord cash machine » (Mickael Levy), ou un allié « ami d’Israël » qui organise tout. Il souffre aussi de l’absence d’un expert juridique soumis, quelqu’un qui pourrait nous rappeler « Lord Green Light » (Lord Goldsmith). Il n’y a pas non plus l’évocation de Wolfowitz où de Perle. Pas un seul mot non plus dans le film sur les néo-cons sionistes au sein des médias britanniques. J’imagine qu’il y a une limite à ce que l’on peut s’attendre de la part de Polanski, ce génie du cinéma créateur du film Le Pianiste.
Dans le Ghost-writter de Polanski, ce ne sont pas les sionistes qui dirigent le spectacle et qui nous traînent de guerre en guerre. C’est en fait la CIA et Ruth la femme de Lang qui nous mettent tout cela en place. Dans l’univers cinématographique de Polanski, Adam Lang est tout juste une marionnette, un acteur charmant mais naïf de l’université de Cambridge qui a été recruté par une agence de renseignement étrangère. Il se pourrait même que Lang n’est pas compris à quoi il servait. Il est innocent et peut être qu’il est même une victime. Dans le film de Polanski, Adam Lang est presque une figure tragique, un narcissique pathétique exploité par des forces maléfiques. Cette interprétation pourrait nous aider à comprendre pourquoi Polanski, qui se bat actuellement contre un ordre d’extradition vers les États-Unis pour une agression sexuelle commise il y a plusieurs années, a choisit de faire un film sur un criminel de guerre et ancien leader du monde en cavale. Polanski peut vouloir nous faire penser que l’histoire vraie est légèrement plus compliquée qu’il n’y paraît.
Cette présentation d’Adam Lang comme étant une victime est évidemment là pour briser la ressemblance avec Tony Blair. Elle laisse Adam Lang, personnage tragique, en territoire fictionnel sûr, mais elle nous laisse aussi avec une tâche incomplète. Que Blair ait été un agent de la CIA soumis au chantage, un fervent chrétien où un interventionniste moral, nous devons faire en sorte qu’il soit livré en un seul morceau à la Haye pour faire face à la justice. Nous le devons aux millions de personnes qui ont perdu la vie au nom de son idéologie bidon.
Gilad Atzmon – 13 JANVIER 2013
(Traduction Marcel Charbonnier)