Par Ojim.fr – 27 mai 2022


Quand un « grand quotidien du soir » qualifie Bellingcat, une émanation des services britanniques, « d’ONG », le tout dans le contexte du conflit russo-ukrainien, que faut-il en penser ? Amateurisme ou complicité ? Nous laissons au lecteur le soin de tirer sa propre conclusion. Visite des lieux.

Bellingcat et les crimes de guerre

L’article paru le 21 mai 2022 sous la signature de Lucas Minisini traite des crimes de guerre commis par les russes en Ukraine. Le titre, « Bellingcat, l’ONG pour qui la vérité coule d’open source », éclaire deux opinions du journaliste :

  • Bellingcat serait une organisation non gouvernementale, une sorte d’association humanitaire au service des médias.
  • Cette association humanitaire est également au service de la vérité.

Le contenu sur les « crimes de guerre » est l’expression même du quatrième principe des 10 principes de la propagande de guerre :

« L’ennemi commet des atrocités, et si nous en commettons, c’est involontairement »

Présentation sympathique de Bellingcat

Après avoir détaillé un « meurtre silencieux » (russe bien évidemment) en Ukraine, l’auteur détaille sa rencontre sympathique avec Eliot Higgins, le créateur de Bellingcat, dans un pub de la banlieue de Leicester. Le charmant Higgins est un ancien « employé dans un centre d’accueil pour réfugiés, puis père au foyer », il vit dans « sa petite maison en brique de Leicester », il ne manque que l’auréole, envoi au Vatican et Santo subito ! En 2014 il crée Bellincat « un groupe d’enquêteurs indépendants en ligne » qui « invente une nouvelle manière de faire du journalisme ».

Voir aussi : Mécaniques du journalisme : France Culture en partenariat avec Bellingcat, financé par Soros et cie

Ils sont « trente employés et cinquante contributeurs éparpillés dans les bureaux d’Amsterdam, aux Pays-Bas, et le reste du monde. Leurs profils sont très différents des journalistes des médias traditionnels : programmeurs, anciens juristes internationaux et même anciens militaires ou employés des services de renseignement, qui tous travaillent ensemble ». Attardons-nous un peu sur cette charmante équipe, son financement et ses objectifs réels.

Qui se cache derrière Bellincat ?

Nous avons réalisé un dossier complet sur Bellingcat, réservé à nos donateurs. Nous en publions des extraits ci-dessous.

Qui finance Bellingcat ?

L’article du Monde n’en touche pas un mot, et pour cause. Parmi les soutiens financiers on retrouvera l’Open Society de George Soros, la Digital News Initiative de Google. Higgins a aussi travaillé avec l’Organized Crime and Corruption Reporting Project, lui aussi financé par l’Open Society. Bellingcat est l’un des membres fondateurs, avec Google News Initiative de First Draft News Initiative, pour « lutter contre la désinformation sur internet ».

Parmi les autres soutiens, comme c’est surprenant, on trouvera la « fondation » américaine National Endowment for Democracy, très proche de la CIA, habituée à financer des mouvements politiques ou culturels à travers le monde et financée très officiellement par le Congrès américain ; l’État profond dans son expression la plus franche. L’organisation est aussi partenaire, entre autres, de l’OIP, Open Information, Partnership, financée par le Bureau des affaires étrangères du gouvernement britannique et de l’Atlantic Council dont le nom indique l’objectif.

Les aller-retour Bellingcat/services de renseignement

C’est une espèce de yoyo qui est décrit dans un article (14/04/2021) de la publication spécialisée sur le monde du renseignement Intelligence Online. Des rédacteurs de Bellingcat viennent du renseignement ou a contrario le rejoignent après avoir travaillé pour lui. Ainsi Christopher Biggers est un ancien de la National Geospatial Intelligence Agency (NGA) américaine. Il a publié des dizaines d’articles pour le site entre 2014 et 2017 avant de rejoindre une autre société privée de renseignement, le Jane’s Information Group. Dans l’autre sens Veli-Pekka Kivimäki, ancien rédacteur entre 2014 et 2019, a intégré en 2020 le service de renseignement finlandais.

Les relations sont aussi étroites avec les GAFAM. La carrière d’Alberto Fittarelli en est un joli exemple. Il travaille successivement chez PayPal (2008/2010) puis Facebook (2010/2014), Uber (2015), revient chez Facebook en tant qu’analyste puis chef des enquêtes sur les menaces émergentes. Il est rédacteur intermittent sur Bellingcat ; comme le monde est petit.

Source: Ojim.fr