Eberhard Hamer


Par le Professeur Eberhard Hamer – 2 novembre 2022

La propagande des médias publics d’Etat affirme, plusieurs fois par jour, que seul Poutine est responsable de notre chaos économique gazier.

En réalité, ce n’est pas Poutine qui a mis fin à l’approvisionnement en gaz, mais l’UE, avec l’aide de notre propre gouvernement ayant imposé des sanctions gazières à la Russie. Elle ne veut plus recevoir de pétrole de la Russie d’ici la fin de l’année.

Lorsque Mme Wagenknecht affirme, à juste titre, que nous serions débarrassés de tout problème de gaz en une semaine si nous retirions les sanctions, cela a été confirmé par Poutine, mais on reproche à cette ancienne militante de la Gauche de «trahir» le récit gazier imposé à nous tous. Le fait demeure: La crise gazière actuelle et l’urgence gazière imminente ont été provoquées par notre propre gouvernement, dirigé par sa réelle vassalité envers l’UE et les Etats-Unis.

Ces mêmes médias, tout en attribuant la pénurie de gaz allemande à Poutine, confirment par ailleurs quotidiennement qu’il y a suffisamment de gaz dans le monde et que les réservoirs allemands sont suffisamment remplis (plus de 90 %). On fait donc croire à la population que le pire attendu cet hiver serait une chimère. Pourtant, les gens ont le sentiment légitime d’être, un de ces jours, confrontés à un arrêt du gaz ce qui les a amenés à se procurer des appareils de chauffage électrique en nombre de dizaines de milliers. La population ne croit apparemment plus au deuxième mensonge de son gouvernement.
M. le ministre Habeck tente de calmer le jeu en affirmant que «toutes les mesures sont prises pour éviter à la population une pénurie de gaz».

L’industrie gazière s’attend à une pénurie de gaz totale en hiver

Mais le fait est que même l’industrie gazière s’attend à une pénurie de gaz en hiver, et cela à grande dimension. En effet, sur la base du plan d’urgence gouvernemental du 23 juin 2022, celui-ci peut décréter l’atteinte du niveau d’alerte ce qui lui permettra d’ordonner des mesures exceptionnelles concernant, en premier lieu, les clients dans le secteur dit «non protégé». Si ces mesures ne suffisent pas à stabiliser la situation, il peut s’avérer nécessaire, en raison de la baisse de la pression d’approvisionnement, de procéder également à des restrictions dans le secteur «protégé» et, en cas d’urgence, de réduire l’approvisionnement en gaz jusqu’à sa rupture.

Dans un message circulaire, un fournisseur de gaz a déjà informé les installateurs de gaz qu’ils devaient se préparer à l’état d’urgence du gaz. En cas de chute de la pression dans les conduites d’alimentation, les particuliers ne pourraient pas remettre en service les chaudières à gaz par eux-mêmes, une fois la panne terminée. Le fournisseur de gaz demande donc aux installateurs de fermer la vanne d’arrêt principale et la vanne de l’appareil à gaz jusqu’à ce que le gaz soit à nouveau disponible, et de procéder eux-mêmes à la réouverture de la conduite principale de gaz et des appareils jusqu’à ce que la zone de distribution puisse à nouveau être approvisionnée et que le fournisseur de gaz ait donné aux installateurs l’instruction de remettre les installations en service. Pour la plupart des appareils, les particuliers ne seront donc pas capables de les reprendre en service par eux-mêmes. «Veuillez-vous préparer à ce que de nombreux clients s’adressent à vous (installateurs) en tant que personnel spécialisé pour la remise en service de leurs installations de gaz», écrit le fournisseur.

Les entreprises concernées ont en général entre 300 et 1 000 clients. Mais comme, ces derniers temps, les entreprises d’installation sont soumises à une perte, des maisons aussi bien que du personnel le nombre de clients privé de «leur» d’installateur de gaz augmente.

Concrètement, lorsque le gaz est coupé et qu’un jour, il est à nouveau à disposition, et même en quantité suffisante, les foyers se trouveront, vraisemblablement en masse, confrontés à ce genre de problèmes.
Les ménages peuvent rester confrontés au gel à de températures basses pendant des jours, des semaines, voire des mois, parce qu’ils se verront hors d’état de remettre leurs appareils en marche, obligés de faire appel à un spécialiste. Mais un tel scénario laisse évidemment douter de ce que, à ce moment, nous disposerions du nombre suffisant de ces spécialistes.

Les conséquences de cette situation sont graves. Le gouvernement s’attend à un arrêt des réserves de gaz en hiver et ne l’avoue pas. L’industrie du gaz, elle, s’attend, elle aussi, à un arrêt du gaz et prépare les entreprises artisanales compétentes à cette éventualité. Les entreprises artisanales, elles, savent d’avance qu’elles ne disposeront que de possibilités limitées d’aide en cas d’arrêt du gaz et que des millions de ménages ne pourront pas être servis pendant des jours ou des semaines. Evidemment, les entreprises de distribution doivent garder pour eux ce fait confidentiel n’en soufflant mot à leurs clients «pour ne pas les inquiéter». Ils doivent donc rester dans l’ignorance pour couper court à toute tentative de s’y révolter.

Autre menace: le black-out

L’effondrement de la pression du gaz prévu par le service du gaz ne peut donc pas être réparé pendant des jours ou des semaines pour de nombreux ménages, faute d’artisans spécialisés, les contraignant ainsi à prendre des mesures d’urgence. Les millions d’appareils de chauffage électrique existants seront alors mis en fonction. Cela seul peut à son tour déboucher sur un black-out du réseau électrique. Du coup, les gens ne disposeront alors plus de gaz ni d’électricité, se trouvant privées de toute perspective d’aide à court terme. En plus, il faudra environ 14 jours pour remettre le système en état de marche, c’est-à-dire pour faire redémarrer les réseaux.

Dans un tel cas, nous aurons affaire à un effondrement de la circulation (feux de signalisation en dysfonction), de l’approvisionnement en eau, à la fin des réfrigérateurs, des achats (caisses enregistreuses en panne), de nos postes de télévision, de la recharge de nos portables, la recharge de voitures électriques remise à un temps imprécis.

Pour couronner le tout, le gouvernement a également arrêté, pour la fin de l’année, toute livraisons de pétrole en provenance de Russie, provoquant ainsi une crise de l’essence (du moins dans les prix) – bien entendu, plutôt engendrée par la haine de Poutine que par une once de raison.

L’objectif de plus en plus évident des Verts: la désindustrialisation

Ainsi, si le gaz, le pétrole et l’électricité viennent à manquer en Allemagne et que même l’énergie de substitution des centrales à charbon et nucléaires a été interdite, nous nous rapprochons de plus en plus des vrais objectifs politiques des Verts. La désindustrialisation de l’Allemagne en fait apparemment partie. Si toute la consommation d’énergie était ainsi stoppée, environ 2 % des émissions mondiales de CO2 seraient évitées. Or, en les analysant, on constate que 8 % seulement des émissions sont créés, chaque année, par la déforestation de la forêt amazonienne (que les Verts n’ont pas empêchée) tandis que 30 % proviennent des Etats-Unis et la Chine et 25 % de l’Inde. Selon ce bilan, toute la politique énergétique actuelle en Allemagne repose sur des données quantitatives déjà précaires, capable certes de causer de gros dégâts en Allemagne mais inappropriée à sauver le monde.
Mme Baerbock a confirmé que le gouvernement se fiche des opinions de la population et des électeurs, mais qu’elle se soucie des groupes d’entreprises internationales, servant ainsi avant tout les intérêts des négociants en énergie, pour la plupart étrangers, avec plus de 60 milliards, pour lesquels chaque ménage allemand doit en effet se faire piller à hauteur de 2 000 à 3 000 euros. Le gouvernement a toutefois trouvé une solution qui lui convienne. Il veut exonérer les entreprises d’impôts et de charges sociales, d’un montant de 3000 euros, à condition qu’elles remboursent les surcoûts de gaz à leurs employés. En fin de compte, les entreprises employant des salariés ne doivent pas seulement payer les prix du gaz, multipliés par le gouvernement, mais aussi se saigner pour les cadeaux offerts à des entreprises internationales financés par ce même gouvernement.

Des entreprises au bord de la faillite

Les PME ont donc raison de s’inquiéter. Après tout, les PME emploient les trois quarts des salariés de toutes les entreprises. En fin de compte, ce sont donc les PME qui se voient être prises en charge, une fois de plus, des erreurs du gouvernement avec des redevances spéciales, avec comme seul «réconfort» la remarque de «leur» Ministre (Habeck) qui leur recommande qu’«ils ne fassent pas d’abord faillite, mais ferment tout simplement».
Le Mittelstandsinstitut Niedersachsen [Institut des moyennes entreprises, Basse-Saxe] craint qu’au cours de l’année prochaine, plus d’un million d’entreprises allemandes de taille moyenne ne périssent à cause de cette politique gouvernementale. Cela signifierait trois à quatre millions de chômeurs, plusieurs milliards de coûts sociaux supplémentaires, ensemble avec plusieurs milliards d’impôts et de cotisations sociales en moins.
On peut s’attendre à ce que la population n’accepte pas cette évolution aussi passivement que d’habitude. La colère monte. Des actions qui peuvent en découler, c’est la première crise économique mondiale qui nous en instruit.

Mettre fin aux sanctions contre la Russie!

L’AfD (Alternative für Deutschland) et Wagenknecht ont raison de souligner que tout ce chaos énergétique pourrait être évité immédiatement si l’Allemagne mettait fin aux sanctions américaines et européennes contre la Russie, c’est-à-dire si elle n’y participait pas, si elle rouvrait le gazoduc Nord Stream 2 et si, ce que l’on peut déduire des affirmations crédibles de Poutine et de Gazprom, elle était à nouveau immédiatement approvisionnée en gaz et en pétrole en quantité suffisante.

Cette seule solution réelle au problème n’est toutefois pas possible avec ce gouvernement belliqueux et vindicatif envers Poutine, qui place l’idéologie et la vassalité avant les intérêts et même avant l’existence des électeurs allemands. Mais même un changement de gouvernement n’aiderait pas, car le plus grand parti d’opposition (CDU) semble résolue à suivre la voie guerrière et attise la haine contre la Russie.
Ainsi comment éviter de marcher, les yeux fermés, vers l’urgence énergétique avec toutes ses conséquences dont nous devrons

Eberhard Hamer

Source: Zeit-fragen.ch