Par Olivier Field – 21 juin 2022 – Arretsurinfo.ch
Difficile d’avoir une entière confiance en l’honorable moine visionnaire* de Tintin au Tibet, mais certains faits et évènements militent en sa faveur. Tant de projections et commentaires qui se sont révélés hasardeux en quelques semaines autorisent à affirmer avec force que le conflit en Ukraine s’achèvera sur une paix négociée ce mois d’août. La paix comme la guerre a tendance à survenir sans s’annoncer vraiment ; celle-ci ne différera pas.
Revenons aux parties en cause :
La Russie en tout premier lieu. Ce vaste pays plein de sa conscience historique et de son poids mondial, vit l’extension d’un Occident non coopératif mais menaçant comme un péril existentiel. N’oublions pas que la définition du péril existentiel diffère suivant l’endroit d’où il est appréhendé. De Bruxelles ce n’est qu’une bronca d’un peuple aigri par la nostalgie, d’un pays qui ne peut oublier ses périodes impériales et bien entendu jaloux des succès de l’Ouest… Opinion absolument pas partagée par les russes qui malgré tout conservent le droit de définir la souveraineté…Russe. Et ces 30 dernières années au vu des expériences de mise sous tutelle, d’armement de voisins aux ordres d’un empire lointain mais omnipotent, d’installations de bases militaires défensives aux allures offensives…, ces 30 dernières années ont mené à l’invasion de l’Ukraine. Si c’est existentiel, une paix n’est envisageable qu’en écartant fermement ce qui est vécu comme une terrible menace. La Russie non battue n’acceptera jamais des conditions au rabais.
Ensuite les USA. Ils sont les maîtres du jeu et utilisent toutes les armes qu’ils ont patiemment façonnées depuis l’après-guerre dans les années 50 et après. Elles sont nombreuses et formidablement variées et complètes, du soft power du divertissement, de la force économique et capitalistique, de la bombe atomique qu’est le dollar, outil de dissuasion massive…en passant par le formatage des élites politiques, culturelles, médiatiques et la guerre militaire sans cesse en action… L’Atlantisme des dirigeants européens devient facile à comprendre. Ajoutons que les USA n’ont à cœur que d’assurer la protection de leurs vassaux, sont pétris de pensées nobles sur l’amour du prochain et la dissémination des droits de l’homme, d’ignorer le coût que cela leur impose pour un acte gratuit, altruiste… Bon, il faut quand même un chef…ce sera eux. Et une observation incidente : vu la parfaite continuité, président après président, les chefs sont ailleurs. Quels sont leurs buts ? obtenir que le système globalisé reposant sur des règles s’appliquant officiellement à tous et dictées par bien peu, laisse le marché, la machinerie en quelque sorte apporter à l’humanité une vie en coupe réglée. Plus de nations, plus d’identités autres que sujets/consommateurs, plus de révoltes…
Un bloc aussi énorme que la Russie en taille, en histoire, en force indépendante, en culture propre, bref en identité, ne rentre pas dans le dessein général. Russia Delenda Est !, avant de s’attaquer au gigantesque morceau qu’est la Chine. Le projet de soumission de la Russie a rencontré une résistance parce que ce projet est par définition le risque existentiel pour les russes.
Derniers intervenants qui peuvent être regroupés puisqu’ils ne servent qu’à la mise en œuvre du projet : L’Ukraine qui fournit le champ de bataille physique, les vies humaines, le sacrifice indispensable pour illustrer l’histoire vendue à tous (mais avalée par de moins en moins d’hommes et de femmes de par le monde). Elle sapera toute possibilité de négociation tant que ça lui sera intimé et en 24 heures elle signera tout ce qui lui sera présenté quand elle en aura l’autorisation. Difficile d’imaginer que ce soit réel…et pourtant.
L’Union Européenne, l’OTAN, les pays occidentaux, tous à la manœuvre pour tenir le récit de l’agressé à défendre par toutes les façons… qui n’entament pas leur situation. Ce seront les cautions morales de la pertinence du traité de paix à venir.
Alors qu’est ce qui change pour que soudain cette paix arrive ?
Les USA n’ont pas gagné. Après des années de tensions, de sanctions imposées aux européens pour toucher la Russie, une réaction accrue dès le déclenchement de l’invasion russe, des livraisons d’armes folles, une assistance militaire, médiatique, politique… la Russie n’a pas rétracté son action et pour cause.
Maintenant les USA craignent de perdre. Sur le terrain les armes russes ont dominé. De « défaite » en « défaite », les troupes russes ont fixé les armées de soutien. Par un mouvement vers Kiev, arrêté suffisamment en profondeur pour inciter les Polonais et autres à ne pas intervenir ou pour réagir en cas d’élargissement du conflit, elles ont limité le conflit à l’Ukraine. Maintenant toutes les zones russophones sont contrôlées par l’armée russe, les accès aux mers sont à eux ou sous leur domination, la résistance ukrainienne réduite à peau de chagrin. En termes d’image l’invincible oncle Sam (sur le papier) doit limiter la casse. Ce ne sera pas la première fois loin s’en faut que l’Amérique plonge dans le malheur des territoires, des populations civiles, des nations autrefois souveraines et s’en tire sans que cela lui soit reproché… Il est temps de faire cesser cette mauvaise publicité tant que le monde (occidental surtout) croit encore à la toute-puissance américaine.
Se rajoutent d’autres problèmes troublants. Le coup de massue économique des sanctions tant qu’il ne punissait que des pays tiers restait une bonne arme pour les USA. Les européens se soumettaient plus, achetaient plus américain. Les pays africains ou sud-américains souffraient sans filets de protection, mettant en danger la stabilité de ces pays. Tout à cause de Poutine bien sûr. Seuls les USA pouvant y mettre fin, ils étaient vraiment les maitres du Monde. Mais incidemment l’inflation a frappé les USA, la récession s’annonce, l’économie nationale prend un mauvais tour et à force d’en accuser le conflit en Ukraine…les américains veulent qu’il cesse. Biden n’en a pas les moyens et les élections de mid-term sont toutes proches. Il faut agir.
D’autant que le reste du Monde, sans importance rappelez-vous…a pris de l’assurance ! Enormément de pays n’ont pas condamné la Russie, voire la soutiennent. En fait les trois quarts de la population de cette planète. Pas totalement insignifiant même pour les USA. Et certains s’enhardissent : le Nicaragua, à quelques encablures de la Floride, agite l’accueil de bâtiments de guerre russes dans ses ports, le Président du Mexique ose benoîtement dire que cette guerre est américaine, injuste et immorale. C’est leur voisin sur 3000 km de frontières, fournisseur de productivité aux entreprises américaines, possible source de nuisance en tout genre. Le Pape lui-même ne peut se défendre de trouver la situation malheureuse mais pas sans lien avec le comportement américain. Bref, la pente est mauvaise.
Voilà pourquoi l’été, propice à de grandes nouvelles avalisées dans la discrétion estivale et le quasi-silence médiatique, devrait nous amener la paix. A temps pour les élections, à temps pour éviter que ne s’étende ce qui devait n’être qu’une conquête douce de la Russie et est devenue pour l’empire américain…un risque existentiel. Tenez vos vassaux après un tel échec !
Vraisemblablement si Foudre Bénie entrait dans les détails, il verrait d’abord un cessez-le-feu préalable, annoncé comme une victoire des forces du Bien, de l’Europe. Très vite les Russes amenés l’oreille basse à la table des négociations accepteraient sans tergiverser de retirer la quasi-totalité de leurs troupes les ramenant piteusement dans leurs casernes. Quelques douces paroles de Poutine, et quelques menues concessions de l’Ukraine : Accord définitif sur l’appartenance de la Crimée à la fédération de Russie avec garantie de la part de l’Ukraine du total maintien des accès en eau, routes, voies ferrées. Accord de l’Ukraine d’accorder un statut autonome aux régions du Donbass et de Kherson à Lougansk en attendant dans 3 années un référendum sur un statut hors l’Ukraine. Engagement volontaire en signe de leur évidente bonne foi d’un désarmement majeur de l’Ukraine et du refus de bases militaires étrangères OTAN, américaines ou russes bien sûr…et un rejet d’une adhésion à l’OTAN. La Russie, le bras tordu acceptera de laisser totalement libre d’accès Odessa et sa région, fièrement Ukrainiennes et s’engagera à ne pas mener d’opérations militaires sur le territoire Ukrainien. Il se soumettra à la volonté de l’Ukraine de faire le chemin pour rejoindre l’Union Européenne. Un total abandon des charges et sanctions pesant sur la Russie et les Russes ouvrira la voie à une reprise de relations commerciales diverses. Une amnistie générale pour tous. Ah Dieu que la paix est belle ! Merci Biden, merci les Etats-Unis.
Mais personne n’oubliera que le monde a changé cette décennie-là.
Olivier Field
*Pour ceux qui ne save pas qui est le personnage Foudre Bénie:
“La particularité originale de Foudre Bénie, c’est qu’il lévite lors de ses visions et qu’il n’en a ensuite aucun souvenir. Un détail qui l’exonère d’être un escroc qui utiliserait ses « dons » pour en tirer profit, comme l’ont fait de nombreux illusionnistes pour faire croire à la capacité de s’affranchir de la loi de la pesanteur. Foudre Bénie n’est pas un personnage envahissant : il apparaît dans dix-sept cases en tout. Dix-sept ? Ce serait sans compter une dernière apparition un peu mystérieuse et cryptique, qui échappe au lecteur trop rapide. À la dernière page du récit, il ne distingue pas nécessairement qu’à la première case, au-dessus des murs de la lamaserie, un moine prend son envol. Certes, c’est presque indiscernable. Mais c’est certain : c’est la quatrième vision de Foudre Bénie…”
Source: Arretsurinfo.ch