Shimon Peres a reçu le 18 mai 2014 à Jérusalem le premier Prix du Mérite à Vie du B’nai B’rith Europe. Nous sommes alors souvenu de ce que pensait Mordechai Vanunu de ce funeste personnage. ASI

Vanunu écrit au Comité du prix Nobel de la Paix

Ci-dessous la lettre de Mordechai Vanunu demandant au Comité du prix Nobel de la paix de retirer son nom de la liste des candidats.

Mordechaï Vanunu, avec en arrière-plan l’image satellite du centre de production de plutonium militaire de Dimona, en Israël


Jérusalem-Est occupée, le 1er mars 2009

Chers membres du Comité du Prix Nobel de la Paix (Oslo),

Je suis Mordechaï Vanunu ; j’ai été nominé à plusieurs reprises à la candidature au Prix Nobel de la Paix. C’est également le cas, en cette année 2009.Par la présente, je demande au Comité de retirer mon nom de la liste des candidats, cette année. Je ne saurais en effet figurer sur une liste de lauréats incluant quelqu’un tel que Shimon Peres. Il s’agit, en effet, de l’homme qui a présidé de A jusqu’à Z à la politique d’armement nucléaire israélien.

Peres a créé, puis développé, le centre de production d’armes atomiques de Dimona, en Israël. Exactement comme l’a fait le Dr. Khan au Pakistan ; Peres a été l’homme derrière la prolifération d’armes atomiques vers l’Afrique du Sud et d’autres pays. Il a aussi été, à titre d’exemple, à l’origine du programme de tests d’armes nucléaires en Afrique du Sud, à partir de 1978.C’est ce même Peres qui a ordonné que je sois kidnappé à Rome, en Italie, le 30 septembre 1986, et qui a diligenté le procès secret qui m’a condamné pour espionnage et trahison à dix-huit années de prison de haute sécurité, dans un isolement total, en Israël.

Jusqu’à ce jour, il persiste à s’opposer à ma liberté et à mon élargissement, ce, en dépit du fait que j’ai effectué la totalité de ma condamnation, soit dix-huit ans d’incarcération.Pour toutes ces raisons, je ne veux pas être nominé et je n’accepterai aucune nomination.
Je dirai « Non » à toute nomination de cette nature, aussi longtemps que je ne serai pas libre, c’est-à-dire, aussi longtemps que je resterai contraint à ne pas quitter le territoire israélien.

CE QUE JE REVENDIQUE, C’EST MA LIBERTÉ, ET UNIQUEMENT MA LIBERTÉ !

Je vous remercie.
Vanunu Mordechaï
Vanunu Mordechaï a été kidnappé à Rome le 30 septembre 1986. Après avoir passé dix-huit années en prison, il continue à attendre, à Jérusalem-Est, d’être libre de quitter le territoire israélien. Le procès de la liberté d’expression pour Vanunu a commencé, en Israël, le 25 janvier 2006. En juillet 2007, Vanunu a été condamné à six mois fermes de prison pour avoir adressé la parole à des étrangers en 2004 (il se trouvait qu’il s’agissait de journalistes). Son appel à la Cour Suprême d’Israël est en instance d’être examiné, mais les cinq années de restrictions qui lui dénient le droit de quitter le territoire israélien, ainsi que le droit d’adresser la parole à des non-Israéliens, expire le 21 avril 2009. L’association Global Citizens [Citoyens du Monde] a adressé une pétition au président des États-Unis, Barack Obama, lui demandant d’intervenir pour obtenir la liberté pour Vanunu

Paru sur son blog vanunuvmjc

Traduction : Marcel Charbonnier