Ce « Jour de la Commémoration » (Memorial Day) est celui du centième anniversaire de la naissance de John Fitzgerald Kennedy, 35e président des États-Unis.

JFK a été assassiné le 22 novembre 1963, alors qu’il approchait du terme de sa troisième année à la présidence. Les chercheurs qui ont passé des années à étudier les preuves ont conclu que le Président avait été assassiné à l’issue d’une conspiration ourdie par la CIA, le Comité des Chefs d’État Major de l’Armée et les Services Secrets (voir, par exemple : JFK and the UnspeakableJFK et l’indicible – de James W. Douglass).

Kennedy est entré en fonctions comme président de guerre froide, mais, à fréquenter la CIA et les Chefs d’État major, il a vite appris que le complexe militaro-sécuritaire avait un programme centré sur ses propres intérêts et qu’il constituait un danger pour l’humanité. Il s’est alors appliqué à tenter de désamorcer les tensions entre les USA et l’Union Soviétique. Son rejet des plans d’invasion de Cuba, de l’opération Northwoods, d’une attaque nucléaire préemptive sur l’URSS, et son intention de se retirer du Vietnam après  sa réélection, ajoutés à certains de ses discours dénotant une conception nouvelle de la politique internationale à l’âge du nucléaire (voir, par exemple : https://www.jfklibrary.org/Asset-Viewer/BWC7I4C9QUmLG9J6I… ), ont convaincu le complexe militaro-sécuritaire que JFK constituait une menace pour ses intérêts. Les conservateurs de la guerre froide le considéraient comme naïf à l’égard de la menace soviétique et comme un passif pour la sécurité nationale des USA. Ce furent là les raisons de son assassinat. Ces opinions furent deéfinitivement gravées dans la pierre lorsque Kennedy annonça, le 10 juin 1963, des négociations avec les soviétiques en vue de l’ouverture d’un accord-test d’interdiction des armes nucléaires en même temps qu’un arrêt des essais atomiques US dans l’atmosphère.

Le camouflage de l’histoire Oswald n’a jamais eu aucun sens et a été contredit par toutes les preuves, et même par des films de touristes de l’assassinat. Le président Johnson a été forcé de couvrir les véritables auteurs du forfait, non parce qu’il y avait trempé ni parce qu’il a voulu délibérément tromper le public américain, mais parce que révéler la vérité aux Américains aurait ébranlé leur confiance dans leur gouvernement en un moment critique des relations entre les USA et l’URSS. Pour réussir à camoufler la vérité, Johnson avait besoin de la crédibilité d’Earl Warren, président de la Cour Suprême de Justice des États-nis, besoin qu’il préside la commission chargée de l’enquête sur l’assassinat. Warren comprit l’impact dévastateur qu’aurait eu la vérité sur le public si elle avait été connue, sur sa confiance dans l’armée et dans les chefs de la sécurité nationale, et l’effet qu’elle aurait eue aussi sur les alliés des États-Unis.

Comme je l’ai rapporté en une autre occasion, Lance deHaven Smith, dans son livre Conspiracy Theory in Amertica (La théorie du complot en Amérique) montre bien que la CIA a introduit la « théorie du complot » dans le vocabulaire politique en guise de technique devant servir à discréditer tout scepticisme à l’égard du Rapport de la Commission Warren sur l’opération secrète. Il y publie le document de la CIA qui décrit comment l’agence a utilisé les médias de sa clientèle pour contrôler l’explication.

Le terme « théorie du complot » n’a cessé, depuis, d’être utilisé pour valider des explications fausses en discréditant des explications vraies.

Le président Kennedy était également déterminé à exiger que le lobby israélien soit obligé de s’enregistrer comme « agent étranger » et à bloquer l’acquisition d’armes nucléaires par Israël. Son assassinat a levé les obstacles aux activités illégales d’Israël (http://www.voltairenet.org/article178401.html).

Le Memorial Day est le jour où les Américains honorent ceux qui, étant sous les drapeaux, sont morts au service de leur pays. JFK est tombé pour servir la cause de la paix et du désarmement nucléaire. Dans une adresse de 1961 aux Nations Unies, le président Kennedy avait déclaré :

« Aujourd’hui, chaque habitant de cette planète doit regarder en face le jour où elle ne sera plus habitable. Tout homme, toute femme, tout enfant vit sous une épée de Damoclès nucléaire, suspendue au plus ténu des fils, fil susceptible d’être coupé à tout instant par accident, par erreur de calcul ou par folie. Il faut abolir les armes de guerre avant qu’elles ne nous abolissent. Nous avons par conséquent l’intention de mettre au défi l’Union Soviétique – non dans une course aux armements mais dans une course à la paix – d’avancer avec nous pas à pas, étape par étape, jusqu’à ce qu’un désarmement complet et définitif ait été mené à bien. »

Ce discours de Kennedy fut bien accueilli aux États-Unis et à l’étranger ; il reçut un accueil favorable et une réaction de soutien du leader soviétique Nikita Khrouchtchev, mais il provoqua la consternation chez les faucons de l’État- Major. Les USA avaient alors une certaine avance en termes de têtes de fusées nucléaires et de systèmes de lancement et cette avance était à la base des plans de l’État-Major va-t-en-guerre pour une attaque-surprise de l’URSS au nucléaire (http://prospect.org/article/did-us-military-plan-nuclear-…). Beaucoup croyaient aussi qu’un désarmement nucléaire supprimerait les obstacles à l’invasion de l’Europe occidentale par l’Armée Rouge. Les faucons de guerre considéraient que c’était là un bien plus grand danger qu’un Armageddon atomique. Nombreux étaient ceux, dans les cercles militaires élevés, qui trouvaient que le président Kennedy affaiblissait les États-Unis par rapport à l’Union Soviétique.

L’assassinat du président Kennedy coûta terriblement cher au monde. Kennedy et Khrouchtchev auraient poursuivi leur collaboration en désamorçant la crise des missiles de Cuba et en mettant fin à la guerre froide, longtemps avant que le complexe militaro-sécuritaire n’ait réussi à planter ses griffes dans le gouvernement US. La possession d’armes atomiques aurait été interdite à Israël et la qualification du lobby israélien comme agent étranger aurait prévenu la mainmise d’Israël sur le gouvernement US. Au cours de son second mandat, JFK aurait réduit la CIA en miettes, intention dont il avait fait part à son frère Robert, et l’État Profond aurait été annihilé avant de devenir plus puissant que le Président.

Mais le complexe militaro-sécuritaire a frappé le premier et réussi à l’arraché un coup d’État qui a réduit toutes ces promesses à rien et mis fin à la démocratie américaine.

Paul Craig Roberts –29 mai 2017

Article original : http://www.informationclearinghouse.info/47141.htm