Behind the #Wall, 2013 Old Jerusalem Scene By Nabil Anani | Palestine …

 

La boucle est bouclée
Les derniers masques du mensonge

Tombent avec les bombes
Sur Gaza, le plus grand camp

De concentration du monde…

L’Etat d’Israël qui se prenait
Pour la lumière universelle

Se livre, aux yeux du monde
A un génocide

En toute impunité…

*

N’ayons pas peur du mot
A l’extrême du mal

Qui s’applique, maux pour maux
Au déchiquètement

De milliers d’hommes et de femmes
Dont la moitié d’enfants

Enterrés vivants par les bombes
Sous les ruines et les décombres…

*

Selon les services mêmes
De l’armée israélienne

Douze-mille tonnes de bombes
En moins de trois semaines

Ont été déversées
Sur deux millions de prisonniers

Qui n’avaient nulle part où aller…

N’ayons pas peur des mots
Qui planent comme des corbeaux

Au-dessus de nos têtes
Mais de la noirceur des hommes

Qui trient parmi les victimes
Les bonnes et les mauvaises…

*

Banalité du mal
De la toute puissance

Génocide tranquille
Avec la bénédiction

De nos gouvernements
Qui en notre nom

Se réclament du droit
De la démocratie

Et des droits de l’homme
De la femme et l’enfant

Et qui donnent depuis trop longtemps
Des leçons de morale au monde entier

Au nom du droit du plus fort…

*

Oui, c’est un génocide
Ne craignons pas ce mot

Aux limites du dire
Des horreurs trop humaines

Commis par ceux-là mêmes
Qui sanctifient « la Shoah »

A laquelle il y a peu
Tant des leurs furent soumis

Des ghettos aux mouroirs
Et des camps à la mort…

*

Génocide en Palestine
Au nom des victimes

De la guerre nazie
Qui revinrent vivantes

De l’affreux cauchemar
Pour trouver asile

Sur la « terre promise »…

Cette terre « sainte »
Qu’ils s’approprièrent

Et d’où ils expulsèrent
Par la guerre, la terreur

Et la déportation
Quelques sept-cent mille

Hommes, femmes et enfants
Soit quatre vingt pour cent

De la population
Des terres de Palestine…

*

Actes fondateurs
Du nouvel Etat à naître :

Déportation, massacres
Viols, « nettoyage » ethnique

D’un peuple paysan
Qui depuis des mille ans

En cultive les terres
Et de son patient labeur

A fait jaillir de leurs sources
Les dattes, les citrons

Les tamarins, les oranges
Les raisins, les amandes

La rose et le jasmin…

Refrain :

« Tire toi de là, que je m’y mette
Et si tu refuses, je te casse la tête

A grands coups de botte…

Et si tu résistes
Et te lèves contre moi

Et oses t’insurger
Les armes à la main

Pour défendre tes biens
Tes enfants, ta femme

Ta terre et tes jardins
Ta vie et tes racines

Je t’écrase ta gueule
Sous ma semelle

Pour y imprimer
L’étoile de David

Sur fond de bannière
Etoilée de sang…

*

L’horreur est humaine
Humaine, trop humaine…

Il semble, à l’exemple
De ce nouveau naufrage

En terre palestinienne
Que les peuples n’apprennent

Que peu de leur histoire
Soixante-seize ans plus tard…

*

Il semble qu’il y ait
Chez certaines victimes

L’obscure mécanique
D’une soif de vengeance

Qui décrète, psychique :

« Qui a été battu, battra
Qui a été violé, violera

Qui a été torturé, torturera
Et tuera plus encore… »

*

La boucle est bouclée :

L’Etat d’Israël
Perpétue à son tour

Au nom de son droit à vivre
De son « espace vital »

Du droit de se défendre
Et de celui du plus fort

Une nouvelle « catastrophe… »

Lui qui a fomenté
Depuis sa fondation

Au forceps de la guerre
L’usurpation méthodique

Des terres mandataires
Pour étendre ses frontières

Du Nil à l’Euphrate…

*

Les derniers masques sont tombés
Des visages odieux

De nos gouvernements
Qui soutiennent, complices

Cette énorme tuerie
A ciel ouvert…

Et malheur à qui dit
Que les rois sont nus…

 

Par Christophe Peschoux

(Novembre 2023)

Ancien haut fonctionnaire du Bureau du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme

Source: Arretsurinfo.ch