Les élites et l’opinion publique israéliennes ont subi leur plus grand coup au moral depuis 50 ans.
Nous savons maintenant pourquoi Mohammad Daif, le chef de l’aile militaire du Hamas dans la bande de Gaza, a disparu de la scène publique il y a près de deux ans, depuis la campagne de l’ « Epée de Jérusalem ». Il planifiait et préparait une contre-attaque.
Samedi, il est apparu, aux côtés du porte-parole « Abu-Obaida », pour l’annoncer.
Ils ont déclaré le début de l’opération « Déluge d’al-Aqsa », la décrivant comme une bataille pour mettre fin à l’occupation la plus longue de la planète. Des milliers de roquettes ont été lancées en l’espace de quelques minutes, déconcertant les systèmes de défense antiaérienne israéliens tant vantés, et des combattants ont quitté le territoire assiégé pour prendre d’assaut les colonies israéliennes de l’enveloppe de Gaza.
Les images de l’opération diffusées sur les réseaux sociaux sont stupéfiantes : des chars Merkava en feu, leurs équipages traînés dehors et implorant la pitié, et des colons fuyant dans la panique, leurs appels à l’aide n’étant pas entendus.
À l’heure où nous écrivons ces lignes, plusieurs centaines d’Israéliens auraient été tués et des dizaines capturés pour servir de monnaie d’échange à la libération des prisonniers palestiniens détenus par Israël.
L’impact sur le moral des élites et du public israéliens a été gigantesque. Ses institutions politiques, sécuritaires et militaires ont subi le coup le plus dur depuis 50 ans, c’est-à-dire depuis la guerre d’octobre 1973.
Lorsque l’armée, classée comme la quatrième plus puissante du monde, ne peut ni prévenir ni réagir au ciblage de colons censés être en sécurité en Israël « proprement dit », c’est le signe d’un sérieux déclin.
Quelle que soit l’évolution des événements dans les jours et les semaines à venir, la résistance a remporté une immense victoire.
Il s’agit d’une guerre de longue haleine. Israël peut semer la mort et la destruction à une échelle gigantesque, mais il n’en sortira pas indemne. Et si cette guerre dégénère en une guerre régionale sur plusieurs fronts, les choses seront clairement écrites sur le mur.
La réflexion, la planification et la gestion qui ont présidé à cette opération sont comparables à tout ce qui est enseigné dans les meilleures académies militaires du monde.
Lorsque des vidéos de combattants s’entraînant pour cette opération ont été publiées sur les médias sociaux, elles ont été ridiculisées par Israël et ses alliés arabes normalisateurs.
Voilà pour les diplômés de Sandhurst et de West Point. Daif n’a jamais revendiqué de titre militaire, mais il mérite le grade de « général » bien plus que n’importe lequel des commandants d’armées arabes lourdement médaillés et en surpoids qui ne font rien d’autre qu’organiser des parades et toucher des commissions corrompues sur des contrats d’armement.
Souvenez-vous de cette date, le 7 octobre… Elle pourrait marquer un tournant historique dans le monde arabe, d’une période de soumission, de reddition, de normalisation et d’illusions sur l’ennemi comme protecteur, à une période de dignité et de libération – la libération totale de la Palestine.
Netanyahu a déclaré l’état de guerre, menacé d’une réponse dévastatrice et appelé les réservistes de son armée. Mais que peut-il faire de plus que ce qu’il a déjà fait ? Tuer des centaines d’innocents supplémentaires à Gaza ? Ce ne serait pas la première fois. Et cela pourrait déclencher une réaction dévastatrice jusqu’à Tel-Aviv, Haïfa et Jérusalem.
Le Jihad islamique a rejoint le Hamas dans cette bataille, de même que toutes les branches armées de la résistance des principales factions palestiniennes. Les brigades de résistance de Cisjordanie – à Jénine, Naplouse, Tulkarem et peut-être Hébron – ont été inspirées et, fortes de leur solide soutien populaire, ont commencé à se joindre à la lutte.
Et il n’est pas exclu que les composantes de l’axe de la résistance au Liban et en Syrie, voire au Yémen et en Irak, fassent de même dans un avenir proche, si ce n’est encore plus tôt.
Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan
Source: Raï al-Yaoum