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Déclaration du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et réponses aux questions des médias à l’issue d’une réunion ministérielle des États riverains de la Caspienne, Achgabat, 28 juin 2022.
Source: Ministère des Affaires étrangères Russie
Mesdames et messieurs,
La réunion des ministres des Affaires étrangères des cinq États riverains de la mer Caspienne vient de se terminer. Le principal objectif de cette réunion était de préparer les documents pour le sommet des États de la mer Caspienne qui se tiendra demain, mercredi 29 juin, dans la capitale du Turkménistan.
Au cours du travail d’aujourd’hui, nous avons reçu un rapport des experts qui, après avoir travaillé pendant plusieurs jours, ont présenté un projet de communiqué final à soumettre à l’approbation des chefs d’État. Vous en prendrez connaissance demain. Il est convenu que le communiqué sera publié dès qu’il sera approuvé (comme nous l’espérons).
Les principales questions dont nous avons discuté aujourd’hui et sur lesquelles un accord a été trouvé sont les suivantes: la réaffirmation de la souveraineté, de l’égalité et de la non-ingérence dans les affaires internes, ainsi que de tous les autres principes de la Charte des Nations unies sur lesquels repose la coopération caspienne.
Nous avons également souligné l’intangibilité et la pertinence de tous les principes, sans exception, inscrits dans la Convention sur le statut juridique de la mer Caspienne, signée le 12 août 2018, lors d’un sommet au Kazakhstan. La Convention stipule que la mer Caspienne est la mer de tous les cinq pays riverains et revêt une importance vitale pour chacun de ces États. Seuls les cinq États de la mer Caspienne ont des droits souverains sur la mer et ses ressources.
Nous avons réaffirmé les principes qui sous-tendent la coopération dans le cadre du développement de la Convention sur le statut juridique de la mer Caspienne dans des domaines tels que la protection de l’environnement et des ressources biologiques, la recherche scientifique, la coopération dans la prévention et la gestion des situations d’urgence (y compris les infections et diverses maladies), l’énergie, les transports, et d’autres domaines nécessaires pour une vie normale des populations vivant au bord de la mer Caspienne.
Nous avons souligné l’importance de la coopération militaire. Il a été proposé d’accélérer les efforts visant à développer des mesures de confiance dans le cadre des activités militaires des États de la mer Caspienne. Le principe inscrit dans la Convention sur le statut juridique de la mer Caspienne, selon lequel l’accès à la mer Caspienne à toute force militaire autre que celles des pays riverains est interdit, a été fermement et sans équivoque confirmé. Tout comme dans le domaine de la navigation en général, y compris la navigation civile: la Convention sur le statut juridique de la mer Caspienne prévoit la navigation dans la mer Caspienne uniquement des navires battant pavillon des États riverains. Le même principe s’applique à tous les navires entrant et sortant d’un port de la mer Caspienne. Aujourd’hui, nous avons fermement réaffirmé ce principe.
Il est convenu qu’après le sommet de demain, les efforts se poursuivront en vue de renforcer et d’élargir le cadre juridique de la coopération caspienne, notamment dans les domaines de la lutte contre le braconnage et le trafic de drogue, ainsi que dans d’autres domaines.
Question: Comment commenteriez-vous les projets des États-Unis de fournir des systèmes de défense aérienne à moyenne et longue portée à l’Ukraine? Cela augmentera-t-il le risque d’une confrontation directe entre Washington et Moscou?
Sergueï Lavrov: Nous avons commenté à plusieurs reprises les projets des Américains d’alimenter l’Ukraine en nouvelles armes. Ils mettent en œuvre leurs plans tout en déclarant qu’il sera inadmissible de parvenir à la paix aux conditions de la Russie et que les négociations de paix ne pourront pas reprendre avant que l’Ukraine n’inverse la tendance sur le terrain. Vous lisez ces déclarations et vous les entendez quotidiennement à la télévision et sur les réseaux sociaux.
Nous considérons cette position de l’Occident comme absolument contreproductive et nuisible. Plus ils fourniront d’armes à l’Ukraine, plus longtemps dureront le conflit et l’agonie du régime nazi soutenu par les capitales occidentales. Boris Johnson, Olaf Scholz et Josep Borrell font régulièrement des déclarations sur l’inadmissibilité de toute négociation dans les circonstances actuelles, et le dernier appelle constamment à dépenser plus d’argent pour les armes à l’Ukraine grâce aux fonds de la Facilité européenne pour la paix. Ces déclarations sont une manifestation de schizophrénie.
Hier, des vidéos d’un centre commercial en feu à Krementchoug ont défrayé la chronique en Occident. Les médias ont accusé les forces armées russes d’avoir bombardé l’infrastructure civile. Le ministère russe de la Défense a clairement et soigneusement expliqué ce qui s’était vraiment passé: les forces russes ont frappé un dépôt d’armes et de munitions reçues des États-Unis et d’Europe, et l’explosion des munitions qui s’y trouvaient a déclenché un incendie dans un centre commercial voisin désaffecté. Plus on fournira d’armes, prolongeant le conflit et les souffrances des civils exposés constamment aux bombardements du régime néonazi, plus de missions nous accomplirons sur le terrain. Elles seront toutes remplies.
Question: Le sommet de l’Otan à Madrid vise à adopter un nouveau concept de politique étrangère tout en qualifiant la Russie de menace directe et en renforçant sa présence militaire en Europe. À son tour, le président Vladimir Zelenski se dit prêt à négocier, mais uniquement en position de force. Compte-t-il vraiment sur un soutien militaire directe de l’Alliance?
Sergueï Lavrov: À l’approche du sommet, l’Otan a l’intention de qualifier la Russie de menace, et la Chine de défi systémique. Ils jouent avec les mots, mais le fond ne change pas. La Russie a déjà été déclarée ennemi, d’une façon ou d’une autre, il y a longtemps, bien avant le sommet de l’Otan.
Selon les déclarations des politiciens occidentaux, la Russie a été déclarée ennemi simplement parce qu’elle ne veut pas accepter l’ordre mondial néolibéral que les États-Unis imposent à tous les autres sous le slogan d’un ordre mondial fondé sur des règles. Le président Vladimir Poutine en a récemment parlé en montrant la futilité de la politique menée par l’Occident guidé par les États-Unis. Ce n’est pas une surprise pour nous. Cela n’apportera rien de nouveau à la pratique politique des États-Unis et de leurs satellites.
L’augmentation annoncée des forces armées de l’Otan sur le flanc oriental jusqu’à 300 000 militaires était prévue indépendamment de ce qui sera inscrit dans les documents adoptés à Madrid. Cela a été annoncé depuis longtemps et s’inscrit dans le cadre de la politique inacceptable de l’Otan visant à approcher son infrastructure des frontières russes en élargissant son influence sur les pays de l’ex-Union soviétique, en dépit de tous les accords et promesses antérieurs. Ils appliquent cette politique depuis longtemps.
Ces dernières années, depuis le début des années 2000, nous essayons d’y mettre fin et de convenir de moyens mutuellement acceptables pour assurer la sécurité européenne. Il y a eu de nombreuses tentatives de bonne volonté. Le président Vladimir Poutine a personnellement expliqué le tort que l’Alliance a causé en violant le principe de l’indivisibilité de la sécurité. Les ministères des Affaires étrangères et de la Défense ont fait de même, mais tout a été vain. L’Occident refusait catégoriquement de respecter ses propres engagements sur la non-expansion de l’Otan, l’indivisibilité de la sécurité, y compris l’obligation de ne pas assurer sa sécurité au détriment de celle des autres. Par la suite, l’Occident a renoncé à l’accord de règlement signé par le président Ianoukovitch et l’opposition ukrainienne, en février 2014. En février 2015, après avoir signé les Accords de Minsk, l’Occident a refusé catégoriquement de les mettre en œuvre. Ce n’est pas une surprise pour nous. Puisque nos paroles et nos arguments sont complètement ignorés avec arrogance, et c’est un fait établi, nous allons tirer des conclusions sur la façon de traiter avec nos voisins occidentaux.
Je ne chercherai pas à deviner ce qu’espère et pense le président Zelenski. Ce qu’il pense est sans importance, car il ne prend pas de décisions, elles sont prises à Washington, et même pas au niveau présidentiel, les décisions sont prises par des hauts fonctionnaires bien connus au Département d’État et probablement dans l’administration présidentielle.
Question: Hier, il a été annoncé que l’Argentine et l’Iran avaient déposé des demandes d’adhésion au groupe Brics. La Russie soutient-elle leur candidature?
Sergueï Lavrov: Au cours des évènements récents (le sommet des Brics et la réunion des Brics Plus), nous avons réaffirmé notre engagement en faveur de l’élargissement de cette association. Dans ses discours, le Président Vladimir Poutine a souligné le caractère judicieux et opportun de cette discussion. L’Argentine et l’Iran sont des candidats dignes et respectés, tout comme plusieurs autres pays mentionnés dans les discussions. La décision sera prise par consensus. L’essentiel est que le processus préparatoire a été lancé. Les principaux critères seront l’amélioration continue de l’efficacité et l’obtention de résultats concrets du travail de cette structure.
Question: L’Indonésie a fait savoir qu’elle n’avait pas l’intention de retirer l’invitation de la Russie au sommet du G20, mais dans le même temps, l’Ukraine a reçu également une invitation. À quel point est-il utile et constructif de participer à ce sommet? Quel est l’intérêt de s’y rendre, compte tenu de la rhétorique antirusse d’un grand nombre de participants? Comment évaluez-vous la possibilité d’une rencontre entre Vladimir Poutine et Vladimir Zelenski en marge du sommet?
Sergueï Lavrov: Nous abordons le travail du G20 sur la base des principes fondamentaux sur lesquels ce groupe a été fondé. Il s’agit de la coordination des actions des grandes puissances dans le domaine de l’économie et de la finance internationale afin d’assurer la stabilité de l’économie mondiale et prévenir des écarts, des crises, ainsi que de résoudre de nombreux autres problèmes spécifiques liés au maintien de la stabilité de l’économie mondiale. Chaque fois, le pays hôte invite des représentants des pays non membres du G20. Aujourd’hui, aucun évènement ne peut se passer de la présence de Vladimir Zelenski. Il est partout. Apparemment, il lui reste du temps entre les instructions de Washington, par conséquent, le président ukrainien est heureux de participer à n’importe quel évènement et de prononcer un discours avec les larmes aux yeux. Il nous importera peu de savoir s’il marche quelque part à côté au sommet à Bali ou non. Dans le même temps, nous respectons toujours les actions du pays-hôte du G20.
Ces jours-ci, le Président indonésien Joko Widodo se rendra en Fédération de Russie. La préparation au sommet du G20 sera au cœur de ses pourparlers avec le président Vladimir Poutine. Le sens et la signification de ce format de discussion ne servirons pas pour nous d’otages des caprices des pays qui cherchent à garder leurs propres problèmes dans la sphère d’influence de l’Occident et de le forcer à les utiliser plus activement afin de promouvoir la politique visant à saper les fondements du droit international et à établir une hégémonie. Nous ferons un travail concret et non de la propagande ou de l’idéologie.
Traduction officielle Ministère des Affaires étrangères Russie