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Lorsqu’en 2005, des associations palestiniennes ont lancé à Ramallah le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) [1] appelant au boycott des produits israéliens, leur principale exigence envers Israël était :
« L’arrêt de l’occupation et de la colonisation de tous les territoires arabes et le démantèlement du Mur »
Cet appel ne laissait aucune place à l’interprétation. Au départ, 2005, le mouvement BDS remettait clairement en cause la légitimité de l’Etat Juif.
Mais en 2010, l’essentiel de cet énoncé a été considérablement modifié :
“Arrêt de l’occupation et de la colonisation de tous les territoires arabes occupés en juin 1967 et démantèlement du Mur »
Ce changement était significatif. Le BDS devenait dès lors, l’instrument d’une reconnaissance de l’Etat juif à l’intérieur des frontières d’avant 1967.
Il n’y a aucune trace officielle du processus qui a conduit à ce changement. Et, comme pour confirmer la supercherie de l’affaire, la modification n’est apparue qu’en anglais et n’a jamais figuré, en arabe, dans aucune publication officielle du mouvement. Il est probable que la plupart des Palestiniens n’ont pas pris connaissance de ce changement fait en leur nom par des personnes qui prétendent être leurs représentants « sur le terrain ».
Mes recherches personnelles me donnent à penser que ce glissement dans les objectifs du BDS, qui équivaut de fait à une reconnaissance de l’Etat juif, s’est produit au moment où le mouvement s’est attiré des sympathies au sein d’activistes juifs et qu’il a commencé à accepter des financements provenant de la fondation Open Society Institute de George Soros.
Or, il est apparu que dans le cadre de sa nouvelle campagne, le mouvement BDS a de nouveau modifié ses principaux objectifs. On lit maintenant :
« Arrêt de l’occupation et de la colonisation de tous les territoires arabes et démantèlement du Mur » [2]
La référence embarrassante de 2010 à l’occupation israélienne de 1967, est à présent supprimée. Toutefois, quand vous lisez ce qui est écrit en minuscules, vous saisissez que le mouvement se fait davantage l’écho d’une voix juive (celle du Jewish Voice for Peace) que d’une voix palestinienne. Même s’il se réfère encore dans ses objectifs à la « colonisation des territoires arabes par Israël », l’énoncé laisse clairement apparaître que ses revendications se limitent au retrait des territoires occupés en 1967:
“Le droit international reconnaît l’occupation par Israël de la Cisjordanie, (West Bank ), qui comprend Jérusalem, Gaza et le plateau syrien du Golan. Dans le cadre de son occupation militaire, Israël vole des terres et contraint les Palestiniens à vivre dans des ghettos entourés de postes de contrôle (checkpoints), de colonies et de miradors, cantonnés à l’intérieur d’un Mur d’apartheid criminel. Israël a assiégé Gaza avec des méthodes moyenâgeuses, transformant la ville en une prison à ciel ouvert la plus grande au monde. Les attaques de grande envergure menées par Israël contre Gaza sont largement condamnées et qualifiées de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. »
Malgré une proximité apparente entre son actuel énoncé d’objectifs et celui de 2005, le BDS est en réalité en cohérence avec la position de la gauche sioniste qui se limite à dénoncer l’occupation des territoires occupés après 1967.
La vérité, c’est que le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) n’est pas réellement l’organisation palestinienne de terrain qu’il prétend être. Il fait partie intégrante de l’industrie florissante du mouvement de solidarité.
Même si je ne doute pas des bonnes intentions de nombreux sympathisants et membres actifs au sein de ce mouvement, ce dernier s’est mis, à leur insu, au service des intérêts d’Israël. Par exemple: en détournant la discussion de la question essentielle de la légitimité de l’Etat Juif et du droit au retour et en la faisant dévier vers d’interminables et futiles palabres sur les produits israéliens. Ce qui constitue de facto une reconnaissance implicite de l’Etat juif sur l’ensemble de la terre palestinienne. [3]
Gilad Atzmon | 25 octobre 2016
Original: BDS Changed its Goal Statement Once Again [Traduit par Sylvie Jolivet]