Le 32e Sommet de la Ligue arabe qui s’est tenu en Arabie saoudite, le 19 mai 2023, a salué le retour de Bachar al-Assad. Crédit: Agence Sana

Depuis la tentative, en 2011, de changement de régime à Damas, pilotée par les stratèges anglo-saxons, et le terrible conflit qui suivit, tous les médias occidentaux, avec une constance remarquable, nous présentent le président Bachar Al-Assad comme  »celui qui massacre son peuple », sans nuances et sans aucune recherche d’objectivité.

Dans un livre décapant, « La sale guerre contre la Syrie »(1), Tim Andersen, professeur à l’université de Sydney, analyse l’origine de cette guerre et, surtout, la désinformation gigantesque que les médias occidentaux ont déversée sur leurs opinions publiques (2).

A relever que l’auteur, s’appuie, avant tout, sur des sources occidentales. « J’ai principalement utilisé des sources occidentales dans la mesure du possible, non pas parce qu’elles me semblent plus fiables, mais pour éviter le reproche de m’être trop focalisé sur des sources syriennes

Curieusement ces mêmes médias ont ignoré ceux qui témoignaient d’une autre réalité. Ceux-là, comme par exemple patriarche Georges III Laham, de l’Église catholique melkite, Monseigneur Audo, évêque des chrétiens chaldéens de Syrie, la sœur supérieure Marie Agnès de la Croix, ou le père Elias Zahlaoui, n’ont guère, sinon pas du tout, bénéficié de l’attention de nos médias. Il est vrai qu’ils n’étaient pas considérés comme des témoins fiables, comme le Père Paolo dall’Oglio, par exemple, dont le discours anti-Bachar correspondait parfaitement aux exigences des médias et des dirigeants occidentaux. Dans son excellent livre(3) François Belliot, bien connu des visiteurs de ce site, nous rappelle le parcours de ce personnage. Disparu le 29 juillet 2013, probablement exécuté  dans la ville de Raqqa par ceux-là mêmes, (l’EIL désigné sous  »Daech ») qu’il espérait, dans sa grande naïveté, « réconcilier ». Depuis, plus aucune nouvelle du Père Paolo.

Avec un courage remarquable, et un héroïsme inégalé, l’armée syrienne avec l’assistance de forces alliées, ont tenu tête et fini par vaincre une armée hétéroclite de terroristes, lourdement armés et financés par leurs parrains occidentaux. Aujourd’hui, le 19 mai 2023, le Président Bachar Al Assad est réintégré au sein de la Ligue arabe, dont son pays avait été exclu. Le voici reçu en grande pompe à Djeddah par le prince héritier(4). Quelle victoire pour celui que les médias occidentaux méprisaient et avaient déjà inscrit comme trophée à leur tableau de chasse ….

Les titres des médias occidentaux sur ce retournement de situation et les commentaires des experts habituels des plateaux sont affligeants de médiocrité. Ils versent des larmes sur la  » tragédie  »(sic) que représente à leurs yeux le retour en grâce du dirigeant honni. Par exemple, le Figaro titre : « L’embarrassant retour de Bachar Al-Assad » et la Croix déplore « Le tragique (sic) retour de Bachar Al Assad sur la scène arabe » D’autres essayent de minimiser l’événement en prétendant que la venue de Vladimir Zelenski au sommet de la Ligue arabe « aurait éclipsé la venue du Président syrien » !

Mais la palme du commentaire le plus délirant est décernée sans conteste à un certain Douglas Herbert, correspondant de F24 à Djeddah, qui explose littéralement de rage devant la caméra, au mépris de toutes les règles de bienséance, et de déontologie journalistiques (5).

Quant à la France, elle s’embourbe définitivement dans la même posture, en affirmant comme l’a répété la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna mardi 23 mai, lors d’une interview, que sa position ne change pas vis-à-vis du président syrien Bachar Al-Assad, se disant favorable à « un procès juridique du dirigeant syrien ». Cela en raison des « centaines de milliers de morts » et « l’utilisation des armes chimiques » par Damas durant la guerre civile déclenchée en 2011(6).

Néanmoins, lorsque des dirigeants politiques ressassent le même narratif depuis 2011, il y a de quoi s’interroger. Seraient-ils moins compétents que les dirigeants des pays arabes qui font preuve de réalisme devant l’évidence de l’échec de leur tentative de renverser le Président Bachar Al Assad et, au nom de la realpolitik, acceptent de réintégrer la Syrie dans leurs rangs ? Comme dit le proverbe, « l’erreur est humaine, mais persévérer dans l’erreur est diabolique »

Les dirigeants et les médias se sont-ils à tel points enferrés dans leurs propres mensonges qu’il leur est impossible de se dédire ? Ou alors, seraient-ils obligés de se conformer encore et toujours au narratif qu’ « ON » leur présente ? L’hypothèse n’est pas absurde. Seuls les intéressés peuvent y répondre …

MARC Jean

(1)Publié en anglais en mars 2016 sous le titre «The dirty war on Syria – Washington, regime change and resistance», et  traduit en allemand avec le titre «Der schmutzige Krieg gegen Syrien – Washington, Regime Change und Widerstand».

(2) La sale guerre contre la Syrie

(3) BELLIOT François, Guerre en Syrie, le Mensonge organisé de médias et politiques français, volume 1, publié aux éditions Sigest, p.67-99

(4) https://www.youtube.com/watch?v=rllbgON0JVM

(5) L’arrivée de Bachar à Jeddah rend hystérique l’envoyé spécial de France 24

(6) La France favorable à un procès du président syrien malgré son retour sur la scène internationale

Source: Arretsurinfo.ch