Le sort de Julian Assange démontre l’imposture des ‘valeurs’ de l’Occident

Le 11 avril 2021, Julian Assange aura passé deux ans dans la prison de haute sécurité de Belmarsh. C’est l’occasion de revenir sur certaines des leçons à tirer de cette triste affaire complètement occultée par nos médias aux ordres, qui préfèrent encenser le folliculaire Navalny.

Par Caitlin Johnstone

Le monde occidental a une très haute opinion de lui-même et de ses prétendues valeurs, mais la manière dont il traite le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, révèle qu’il ne s’agit que de mensonges.

Vérité. Justice. Liberté. Démocratie. On nous apprend dès le plus jeune âge que ce sont les valeurs sacrées que notre société défend avec la plus grande révérence, et que nous sommes très chanceux d’être nés dans une partie du monde qui détient une telle vertu.

Vous voyez cette morgue arrogante surgir quotidiennement dans les cercles les plus influents de la planète, de la façon dont les Présidents américains sont encore appelés à ce jour le « leader du monde libre », au secrétaire d’État américain Tony Blinken babillant récemment sur les « valeurs partagées » de « l’ordre libre et ouvert fondé sur des règles », en passant par le manipulateur ayant conçu la loi Magnitsky Bill Browder qui a récemment qualifié l’alliance de pouvoir centralisée autour des États-Unis de « monde civilisé » dans le but de mettre l’Australie sur la ligne anti-chinoise belliciste de l’empire au prétexte du traitement allégué infligé aux Ouïghours.

Tout cela est absurde. Tout cela est faux. Tout ce que le monde occidental croit de lui-même et de ses valeurs est invalidé par son traitement de Julian Assange.

Le monde occidental n’accorde aucune valeur à la vérité.

Si le monde occidental appréciait la vérité, il n’y aurait pas de journaliste qui languirait dans la prison de Belmarsh pour l’avoir publiée.

Julian Assange est en prison du seul fait de ses publications authentiques sur les documents transmis par Manning en 2010. Il reste enfermé pour aucune autre raison que les efforts de l’administration Biden pour faire appel du rejet par un tribunal britannique de sa demande d’extradition pour le juger aux États-Unis pour ces publications entièrement véridiques.

Si le monde occidental valorisait la vérité, Julian Assange serait libre. Il n’aurait jamais été emprisonné en premier lieu. Ce serait un héros célébré.

Le monde occidental n’accorde aucune valeur à la justice.

Si le monde occidental valorisait la justice, Julian Assange n’aurait pas été contraint à la détention arbitraire pendant des années en essayant d’éviter une campagne calomnieuse manifeste (et prouvée depuis) ​​pour l’extrader vers les États-Unis. Il n’aurait pas été traîné hors de l’ambassade équatorienne par la force, et il n’aurait pas été emprisonné pendant encore deux ans (et ça continue). Il n’aurait pas enduré un procès-spectacle kafkaïen aboutissant à ce que le juge le proclame handicapé mental mais le maintienne quand même enfermé à Belmarsh en attendant une extradition vers une nation dans laquelle il n’a aucune chance de bénéficier d’un procès équitable et serait complètement réduit au silence et enterré en vertu des mesures administratives spéciales américaines.

Le monde occidental n’accorde aucune valeur à la liberté.

Si le monde occidental valorisait la liberté, il ne mettrait pas gravement en péril les libertés de la presse dans le monde en faisant un exemple public de ce qui arrive à un journaliste de renom, ayant reçu de nombreux prix pour ses publications, qui révèle des vérités dérangeantes sur l’empire, et en travaillant à renforcer un précédent juridique qui, comme l’affirment certains impérialistes, a déjà été fixé comme la norme pour la future persécution de la presse désobéissante.

Le monde occidental n’accorde aucune valeur à la démocratie.

Si le monde occidental valorisait la démocratie, il ne persécuterait pas un journaliste pour avoir tenté de créer une population électorale plus informée. Sans une population informée, la démocratie n’a pas d’existence réelle. Tant que la perception du public est manipulée et obscurcie par le secret gouvernemental et la propagande, les gens ne votent pas sur la base d’une perception claire et éclairée de la réalité, mais sur la base de la convenance des puissants.

La dépendance de la démocratie sur une population électorale informée est la seule raison pour laquelle la presse est la seule profession explicitement nommée comme protégée dans la Constitution américaine, mais un membre de la presse est persécuté pour avoir tenté de faire exactement cela.

Le monde occidental ne s’oppose pas à l’oppression tyrannique des dissidents politiques

Si le monde occidental s’opposait à la répression tyrannique des dissidents politiques, il ne punirait pas un journaliste pour avoir embarrassé le gouvernement le plus puissant de la planète.

Le monde occidental ne s’oppose pas à la torture des dissidents politiques

Si le monde occidental s’opposait à la torture des dissidents politiques, le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture Nils Melzer n’aurait pas établi qu’Assange présentait des symptômes de torture psychologique, et ce monde occidental n’œuvrerait pas à l’envoyer dans un système carcéral où la torture est la norme.

Melzer rapporte :

« L’affaire relève de mon mandat de trois manières différentes.

Premièrement, Assange a publié des preuves de torture systématique. Mais au lieu des responsables de ces actes de torture, c’est Assange qui est persécuté.

Deuxièmement, il a lui-même été maltraité au point qu’il présente maintenant des symptômes de torture psychologique.

Et troisièmement, il doit être extradé vers un pays qui détient des personnes comme lui dans des conditions de détention qu’Amnesty International a qualifiées de torture.

En résumé : Julian Assange a révélé des actes de torture, a été torturé lui-même et pourrait être torturé à mort aux États-Unis. »

Le monde occidental prétend valoriser la vérité, la justice et la liberté et s’opposer à la tyrannie et à l’oppression, mais si vous regardez comment ce même monde occidental a traité un journaliste dont le seul « crime » avéré est d’avoir publié des vérités dérangeantes sur les puissants, vous voyez que tout ceci n’est qu’un mensonge.

Nous croyons que notre société défend des valeurs nobles parce que c’est ce à quoi nous avons été formés par nos systèmes scolaires et par nos médias, mais ces mêmes systèmes d’information nous ont également formés à accepter un modèle de pouvoir dans lequel un journaliste est puni pour avoir dit la vérité.

On nous a menti.

Nous avons été dupés.

Assange l’a prouvé sans l’ombre d’un doute. Avec ses publications, oui, mais avant tout avec la réponse brutale et tyrannique à ces publications.

Nous lui devons tous une grande dette pour avoir dévoilé le mensonge du monde occidental.

Caitlin Johnstone

Source : RT, le 6 avril 2021

Etats-Unis
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