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L’économie russe suscite des interrogations et des inquiétudes à la suite des événements qui se déroulent en Ukraine depuis la fin de l’hiver 2013-2014. Avec le mécanisme des sanctions et des contre-sanctions, on peut se demander si l’on n’est pas revenu aux temps de la Guerre Froide, et si la Russie va rester accueillante aux investisseurs étrangers. Nombre de ces inquiétudes sont imaginaires, mais certaines interrogations sont légitimes. On va tenter de dissiper les premières et de répondre aux secondes.

 I.              Une situation géopolitique particulière.

Les sanctions qui ont été prises par les pays de l’OTAN, le Japon et l’Australie ont été décidées dans le but de peser sur la décision politique à Moscou. Elles pourraient donc avoir un effet limité, mais réel, sur l’économie russe. Mais, ces mesures pourraient aussi précipiter un tournant vers l’Asie des grandes entreprises russes, produisant ainsi l’effet inverse à celui recherché. En tous les cas, ces mesures n’ont pas provoqué de « catastrophe » dans l’économie. Ces sanctions ont été prises dans différentes « vagues » depuis le mois de mars. Il convient tout d’abord d’établir une liste précise :

  1. Les Etats-Unis ont décidé dès le 30 mars d’interdire tout contrat et de geler les avoirs de la banque ROSSIYA et de 6 petites banques. Ils ont, dans le cours du mois de juillet, décidé d’étendre ces mesures au secteur de défense, concernant alors la compagnie d’Etat des constructions navales (OSK) et la compagnie d’Etat des constructions aériennes (OAK).
  2. Nous avons les sanctions, ensuite, qui tombent sous le régime SSI des sanctions sectorielles. Il s’agit d’une interdiction pour des entreprises russes d’emprunter à plus de 90 jours sur les marchés financiers internationaux. Ces sanctions, de fait, interdisent tant l’accroissement de la dette extérieure des entreprises privées, que le roulement de cette dette (roll-over) quand cette dernière arrive à maturité. Or, la dette des principales banques concernées est estimée à 140 milliards de dollars. Sur ces sommes, environ 12 milliards auraient du faire l’objet de mesures de roll-over d’ici le troisième trimestre de 2014 et 22 d’ici la fin 2014.
  3. Les gouvernements des pays de l’Union européenne ont, quant à eux, décidé de suspendre les nouveaux contrats avec la Russie, que ce soit dans le domaine pétrolier ou dans celui des industries militaires. Le gouvernement français a décidé de suspendre l’exécution du contrat « Mistral » alors que ce contrat était bien antérieur à la crise ukrainienne, et n’était théoriquement pas touché par les sanctions décidées depuis le mois de mars 2014.
  4. Ces mesures sont d’autant plus importantes que le précédent établi par l’affaire dite « BNP-Paribas » a reconnu au gouvernement américain la possibilité d’exercer son droit de manière extra-territoriale. Ce précédent a considérablement inquiété les grandes entreprises et les banques européennes qui ont, dans un certain nombre de cas, de leur propre initiative réduit les opérations avec la Russie.

Ces sanctions sont supposées répondre à la décision prise par la Russie d’annexer la Crimée (à la suite du succès du référendum d’Union qui y a été tenu) ainsi qu’au soutien supposé qu’elle est supposé apporter aux insurgés de l’Est de l’Ukraine. Pour l’instant, les preuves d’une intervention directe de la Russie dans la guerre civile qui s’est déroulée dans le Donbass de juin à début septembre 2014 n’a pas été apporté, même s’il ne fait guère de doutes que la Russie a bien apporté une aide indirecte aux insurgés.

John Mearsheimer, un professeur de sciences politiques de l’université de Chicago, a bien montré dans un récent article du magazine Foreign Affairs que la responsabilité de cette dégradation était plutôt à chercher du côté des Etats Unis et de l’Union européenne (Mearsheimer J. 2014). Dans cette dégradation, un tournant important semble avoir été pris avec le drame du vol MH17 de la Malaysian Airlines, détruit au-dessus de l’est de l’Ukraine. Les Etats-Unis ont immédiatement déclaré que les insurgés du Donbass et la Russie étaient responsables de ce drame. Il apparaît aujourd’hui que les choses sont bien plus complexes, et que les preuves permettant de condamner la Russie et les insurgés n’existent tout simplement pas pour l’instant[1]. Des anciens responsables des services de renseignements américains s’en sont d’ailleurs émus[2].

Quelle que soit l’origine de cette crise, sa dynamique actuelle constitue un pivotement important dans les relations internationales, qui va largement au-delà du cas de la seule Russie. Ce nouveau contexte international est bien entendu pris en compte par les élites russes. Il modifie, explicitement ou implicitement, leur relation avec le reste du monde et, de ce point de vue, a des conséquences importantes sur le modèle de développement adopté par la Russie. De ce point de vue, s’il est probablement exagéré de parler d’une « nouvelle Guerre Froide » comme le font certains commentateurs, il est indiscutable que l’on observe toutes les caractéristiques d’un éloignement entre la Russie et les pays que l’on qualifie, à tort ou à raison, d’occidentaux. Cependant, la grande différence entre la situation actuelle et celle de la seconde moitié du XXème siècle vient du fait que désormais le « bassin Atlantique » (les Etats-Unis, le Canada et l’Europe occidentale) ne concentre plus l’essentiels des techniques et technologies de production. De ce point de vue, il est clair que les marges de manœuvre existantes pour des stratégies alternatives de développement sont désormais plus grandes qu’elles ne l’étaient au milieu du XXème siècle[3]. Le possible éloignement de la Russie pourrait ne pas se traduire par un isolement mais par un basculement vers des relations avec d’autres pays.

Le mécanisme des sanctions et des contre-sanctions qui joue aujourd’hui à plein, pèse lourdement sur les anticipations des différents acteurs économiques, en particulier en Europe occidentale. Les différentes étapes dans le processus de sanction, mais aussi les réponses qui y ont été apportées de la part du gouvernement russe, construisent un contexte psychologique particulier, dont l’importance va largement au-delà des effets réels des mesures prises de part et d’autre. Du côté des Etats-Unis et des pays de l’UE on a un ensemble de mesures (en incluant celles prévues au 8 septembre 2014) incluant tant le domaine des coopérations industrielles que celui des transactions financières.

 II.            L’évolution du taux de change du rouble et de l’inflation.

Depuis le début de 2014, on a assisté à une importante dépréciation du rouble vis-à-vis du Dollar et dans un moindre mesure de l’Euro. La Banque Centrale de Russie avait ainsi dépensé plus de 11 milliards de dollars pour soutenir le cours du Rouble dans le cours de l’année 2013. Elle pouvait indiscutablement se le permettre quand on regarde l’ampleur des réserves accumulées, qui sont de l’ordre de 450 milliards de dollars. Les sorties de capitaux sont restées importantes au début de l’année 2014, et ont connu un pic en mars. Depuis, le mouvement s’est quelque peu ralenti. En fait, on voit bien qu’il n’y a pas de risque de déstabilisation monétaire du pays. Les réserves de change excèdent par un facteur de 3 les normes de sécurité édictées par la FMI.

De plus, la balance commerciale reste massivement en excédant, et à même amélioré sa situation du fait de la dépréciation du Rouble. La balance des paiements est quant à équilibrée. De ce point de vue, il semble aujourd’hui avéré que les marchés financiers ont sur-réagi par rapport au contexte. La question du taux de change, et de son évolution actuelle, est particulièrement significative de la sur-réaction des marchés financiers. Aujourd’hui, trois facteurs ont tendance à pousser le Rouble à la baisse (graphique 1) :

Graphique 1

Evolution du taux de change du Rouble par rapport au Dollar et à l’Euro

A - Gr1

Source : Banque Centrale de Russie

  1. 1.    Le prix du baril de pétrole. On sait que ce prix a une influence directe tant sur le taux de change que sur le budget de l’Etat. Actuellement, nous somme au plus bas depuis deux ans avec un prix de 90 $ au baril. Compte tenu de la conjoncture mondiale, tant économique que politique (et l’on sait que les Etats-Unis poussent l’Arabie Saoudite à accroître sa production pour faire baisser le prix), il est probable que l’on continuera à descendre et il n’est pas impossible que l’on atteigne d’ici 6 mois un plancher de 60-70$. Mais, des facteurs structurels à la hausse du prix (que ce soit en production ou en demande) se feront sentir, et cet épisode de prix faibles devrait être de courte durée, et en tous les cas ne pas aller au delà du printemps 2016.
  2. 2.    Le manque de devises sur le marché. Ceci constitue un second facteur conjoncturel qui contribue à la baisse du rouble. Les sanctions impliquent une raréfaction des Dollars sur le marché russe pour les importateurs, dont une grande partie des contrats sont libellés en Dollars. Tant que celui-ci restera dépendant du Dollar, cela fera monter ce dernier et baisser le Rouble.
  3. 3.    On peut cependant parler de sur-réaction du marché quant à l’exposition réelle des entreprises et des banques russes aux sanctions. Les banques comme les entreprises doivent, certes, faire face à un besoin de refinancement important. On l’estime à 26 milliards de dollars pour le 3ème trimestre 2014 (dont 12 pour des banques ou des sociétés contrôlées par l’Etat) et à 47 milliards pour le 4ème trimestre (dont 22 pour des banques ou des sociétés contrôlées par l’Etat). Cependant, ces besoins de remboursement vont fortement diminuer en 2015 et ne devraient représenter que 31 milliards au 1er trimestre 2015 et 12 milliards au 2ème trimestre.  Il semble ces besoins peuvent être parfaitement couverts par ces établissements en s’adressant soit aux marchés financiers, soit à la Banque Centrale

Cette dépréciation s’est produite en réalité dès le début de janvier de 2014, et bien avant les conséquences politiques de la crise ukrainienne. Il faut en comprendre les raisons. Le gouvernement russe était jusqu’à la fin de 2013 très soucieux d’une stabilisation du taux de change. On peut y voir le « poids du passé » et en particulier de la grande crise financière de l’été 1998. La politique monétaire menée en Russie reste marquée par le souvenir de cette crise. Le taux de change était considéré, à tort ou à raison, comme un bon indicateur de la stabilité sociale en Russie.

La Banque Centrale de Russie maintenait une politique d’intervention sur le marché des changes jusqu’en décembre 2013, visant a empêcher une trop forte dépréciation du Rouble. La politique monétaire, quant à elle, est restée restrictive et la politique budgétaire prudente. La dette souveraine russe est désormais inférieure à 10% du PIB, un niveau qui garantit parfaitement sa soutenabilité future.

Cette politique de la Banque Centrale et du gouvernement était donc marquée par la volonté de stabiliser le taux de change du Rouble. Mais, les autorités doivent aussi composer avec un taux d’inflation qui reste plus élevé en moyenne que celui de leurs voisins pour des raisons largement liées aux caractéristiques structurelles de l’économie russe. Aussi cherchent-elles à laisser le rouble se déprécier lentement afin de maintenir la compétitivité globale de l’économie. Mais, cette politique a provoqué en réalité un décrochage net du taux de change réel du Rouble contre le dollar (soit corrigé de l’écart des taux d’inflation) et du taux de change nominal. Les calculs montraient que le Rouble aurait dû pouvoir se déprécier de 15% à 20% afin de rétablir la compétitivité de l’industrie russe à son niveau de 2009-2010. Le taux de change réel est, en effet, la variable principale pour la compétitivité d’un pays. De ce point de vue, on avait assisté de 2011 à la fin de 2013 à une réévaluation du taux de change réel du Rouble. Ceci explique sans doute les décisions qui ont été prises en 2013 et qui ont abouti au mouvement de dépréciation du taux de change nominalextrêmement important. Une comparaison du taux de change réel et du taux de change nominal confirme qu’aux premiers jours de 2014, la Russie se trouvait dans une situation d’appréciation relative du Rouble (graphique 2).

Graphique 2

Taux de change nominal et taux de change réel

A - Gr2

Source : Banque Centrale de Russie et CEMI-EHESS

Par contre, l’accroissement de l’inflation est sensible depuis la fin du 1er trimestre 2014 et il représente l’impact le plus évident sur l’économie russe de la situation politique internationale. Il est largement le produit de la situation géopolitique actuelle. Cet accroissement est en partie lié à la dépréciation du Rouble (inflation importée), mais aussi en partie lié aux mécanismes de substitution aux importations qui sont en train de se mettre en place. Les mesures prises par le gouvernement russe à l’encontre de certaines importations alimentaires de l’Union européenne, des Etats-Unis, du Canada et de l’Australie[4],  ont engendré un mouvement de substitution aux importations. Il faut aussi, à cet égard, considérer le fait que l’industrie russe importait d’Ukraine un certain nombre de produits finis. Or, ces importations sont interrompues, probablement pour une longue période. Mais, il n’a pas mis en cause pour l’instant la progression de la consommation des ménages.

A court terme, tant la dynamiques des sanctions que la forte dépréciation de la monnaie ont entraîné une bouffée importante d’inflation, que l’on peut estimer à 2%, le taux sur 12 mois consécutifs passant de 5,5% à 7,6%. Il n’est pas impossible qu’il atteigne à la fin de l’année 8% voire plus. Mais, cette poussée d’inflation reste somme toute maîtrisée, et n’est pas comparable à celle que la Russie avait connue au début de l’année 2011 (graphique 3).

Graphique 3

A - Gr3

Données : Banque Centrale de Russie

La réaction immédiate de la Banque Centrale de Russie à cette situation a des conséquences de moyen et long terme sur l’économie. Pour chercher à réduire l’ampleur des fluctuations sur le marché des changes, la BCE a monté fortement ses taux depuis le début de 2014. Si l’on observe le taux du RUONIA[5] il y a eu une hausse régulière d’avril 2011 à début mars 2014. Mais, depuis mars 2014, la Banque Centrale a monté son taux de 6% à 8% pratiquement du jour au lendemain. Le marché interbancaire s’est alors contracté fortement. Les taux des prêts aux particuliers et aux entreprises ont alors fortement augmenté[6]. Pourtant, cette hausse des taux s’est révélée inefficace sur le marché des changes. La Banque Centrale accorde cependant des crédits aux banques commerciales dans des conditions  qui sont en principe avantageuses. Ce sont à 50% des REPO (sur les valeurs mobilières des grandes sociétés russes) et pour les autres 50% des prises en pension de titres sélectionnés hors ces valeurs mobilières, appartenant aux banques commerciales. On a donc assisté à une chute de la liquidité au début de mars de cette année et cette chute de la liquidité a été excessive. Les responsables de l’économie ont donc dû remettre de la liquidité dans l’économie. Aujourd’hui, les spécialistes constatent que l’on est revenu à peu de choses près à la situation qui prévalait l’année dernière, en 2013.

On observe donc un renchérissement du crédit depuis le début de l’année 2014 qui frappe en particulier les organisations non-financières, c’est à dire les entreprises. Ce renchérissement risque d’empêcher les entreprises de pouvoir pleinement profiter de l’effet de substitution aux importations déclenché par la dépréciation du rouble mais aussi par les mesures d’embargo prises par la Russie en réponse aux sanctions décidées par les Etats-Unis et par l’Union Européenne.

Tableau 1

Ecart de taux entre les taux affichés et ceux pratiqués pour les petites et moyennes entreprises sur les crédits en roubles

Inférieur à 30 jours

De 31 à 90 jours

De 91 à 180 jours

De 181 jours à 1 un an

janv-14

5,25

1,67

1,71

1,97

févr-14

5,02

1,72

1,28

1,6

mars-14

3,39

1,18

1,32

1,68

avr-14

3,56

1,11

1,1

1,76

mai-14

3,77

0,85

0,82

1,07

juin-14

3,68

0,87

0,84

1,24

juil-14

3,58

1,11

0,84

1,11

Source : Banque Centrale de Russie

Au début de mois de septembre, on constate, en faisant le tour des banques moscovites, que ce sont bien les taux d’intérêts qui freinent les différents projets d’investissement qui sont aujourd’hui présentés aux banques. On est bien dans une situation où le loyer de l’argent a un effet pénalisant sur l’activité. Ce renchérissement du crédit frappe en particulier les PME même si la politique du gouvernement à leur égard porte certains fruits. L’écart des taux pratiqués entre les PME et la moyenne des organisations non-financières a eu tendance à se réduire, mais il reste assez significatif (tableau 1).

Ceci montre bien que le système de financement de l’économie russe constitue toujours un obstacle relatif à la croissance de l’appareil productif, et ce en dépit de mesures prises par le gouvernement. La nouvelle situation créée par les sanctions rend cet état des choses encore plus problématique. Il faut donc s’attendre à ce que des mesures soient prises, tant au niveau du Ministère des Finances qu’à celui de la Banque Centrale.

 III.         L’ajustement de l’économie russe au nouveau contexte.

La récession que l’on connaît en Europe depuis 2011 a eu cependant un impact non négligeable sur l’activité économique de la Russie et ce en particulier chez les exportateurs de produits semi-finis (acier, métaux non-ferreux, produits chimiques de base). Ces exportations, quoique moins spectaculaires que celles des hydrocarbures, ont un impact bien plus important sur l’activité économique, qu’il s’agisse d’un impact direct ou indirect (via les chaînes de sous-traitance). De ce point de vue, il est clair que la Russie, dont l’Europe est le premier partenaire commercial, a « importé » en partie la récession ou la stagnation que connaît le continent européen et qu’il risque de connaître pendant encore plusieurs années. Cette situation n’a été perçue que progressivement au sein des élites politiques et économiques de la Russie. Mais, elle a entraîné un changement important dans la stratégie du gouvernement. De ce point de vue, on peut parler d’un réajustement pragmatique de la politique économique de la Russie[7].

Bien des observateurs annonçaient des résultats « apocalyptiques » des sanctions prises tant par l’Union européenne que par les Etats-Unis contre la Russie. La réalité apparaît comme nettement différente et sensiblement plus contrastée. On a constaté ces derniers mois des évolutions importantes, qui sont dans une certaine mesure le produit du nouveau régime de relations internationales. L’impact des sanctions a semblé très faible jusqu’en avril 2014, mais aujourd’hui on peut faire les constations suivantes :

  • (a) Il y a une reprise de l’activité industrielle en Russie (+2,5% sur le premier semestre) qui est nette.
  • (b) L’activité du secteur agricole et agro-alimentaire semble s’accélérer sur les mois de juin et de juillet, soit avant l’entrée en vigueur des mesures russes de rétorsion.
  • (c)  Ces effets positifs semblent directement liés à la dépréciation d’environ 10% du Rouble, depuis le mois de mars, qui non seulement améliorent la compétitivité des producteurs en Russie amis qui tendent à faire baisser les coûts (exprimés en roubles) pour les grands exportateurs.
  • (d) Les sanctions prises en septembre 2014 semblent avoir provoqué un gel provisoires des grands projets d’investissement, lié à la nécessité pour les grandes entreprises de changer leurs modes de financement et de trouver de nouveaux partenaires.

Graphique 4

Indicateurs macroéconomiques

A - Gr4

Source : Service fédéral des statistiques de Russie

Aussi peut-on voir un double effet contradictoire de la situation actuelle. Si le contexte actuel favorise une forte reprise de l’inflation, tant en raison du renchérissement des importations (lié à la dépréciation du rouble) qu’aux coûts de transactions et d’équipement provoqués par la mise en place du mécanisme de substitution aux importations, ce même contexte s’avère très favorable pour les producteurs russes, que ce soit dans le secteur agro-alimentaire ou dans l’industrie. La combinaison de restrictions réglementaires aux importations (les effets de l’embargo) et d’une compétitivité dopée par la forte dépréciation du rouble avantage largement les producteurs, ce qui se ressent dans les statistiques de la production industrielle au 2ème trimestre 2014 et après. On peut s’interroger pour savoir si le gouvernement russe n’a pas pris des mesures protectionnistes sous couvert de la situation créée par les sanctions.

L’impact potentiellement positif des sanctions est dû aux gains de productivité qu’a connu l’économie russe depuis ces dernières années, gains qui ont été très importants depuis 2003. Le rythme des gains de productivité a été soutenu, à l’exception de la période de crise de 2009. Ceci dément l’idée d’une économie stagnante derrière le rideau de fumée des exportations de matières premières (tableau 2). Le fait que les gains de productivité aient été particulièrement élevés dans l’industrie manufacturière et dans la construction doit être relevé. Il traduit la modernisation de l’appareil productif russe, modernisation qui se fait largement en coopération avec des entreprises étrangères.

Tableau 2

Gains de la productivité du travail depuis 2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

Productivité totale

107,0

106,5

105,5

107,5

107,5

104,8

95,9

103,0

103,8

Agriculture, chasse et économie forestière

105,6

102,9

101,8

104,3

105,0

110,0

104,6

90,0

119,9

Pêche

102,1

104,3

96,5

101,6

103,2

95,4

106,3

76,4

112,5

Secteur des matières premières

109,2

107,3

106,3

103,3

103,1

100,9

108,5

100,6

101,2

Secteur manufacturier

108,8

109,8

106,0

108,5

108,4

102,6

95,9

108,3

105,9

Réseaux de fourniture d’électricité, gaz et eau

103,7

100,7

103,7

101,9

97,5

102,1

96,3

99,0

99,9

Construction

105,3

106,8

105,9

115,8

112,8

109,1

94,4

98,7

102,8

Services commerciaux

109,8

110,5

105,1

110,8

104,8

108,1

99,0

98,8

104,8

Hôtellerie et restauration

100,3

103,1

108,5

109,2

108,0

109,2

86,7

94,5

101,2

Transport et communication

107,5

108,7

102,1

110,7

107,5

106,4

95,4

102,4

102,6

Source : Service fédéral des Statistiques de Russie

Ces gains de productivité sont a comparer avec ceux enregistrés dans les pays européens, qu’il s’agisse des pays du « cœur historique » de l’Union Européenne ou des « nouveaux entrants ». Si, sans surprise, on constate que ces gains sont très supérieurs à ceux de l’Allemagne et de la France, ce qui s’explique par leniveau de productivité qui y est déjà très élevé, on constate aussi que ces gains sont largement supérieurs à ceux de deux pays « nouveaux entrants » comme la Slovaquie et la Slovénie. Ceci est d’autant plus extraordinaire qu’il s’agit, dans ces deux cas, de « petits » pays qui ont reçu des quantités importantes d’Investissements directs, et qui ont pu moderniser très rapidement leur appareil productif.

Graphique 5

Comparaisons des gains de productivité

A - Gr5

Source : OCDE et Service Fédéral des Statistiques de Russie

Par contre, les sanctions pourraient s’avérer contradictoires avec la stratégie d’ouverture financière, congruente avec un choix d’insertion dans la globalisation financière, qui avait été adoptée par la Russie.

IV.          Un changement de modèle de développement ?

Le modèle de développement qui fut adopté au début des années 2000 imposait que des flux d’investissement, qu’il s’agisse d’investissement en portefeuille ou d’investissements directs puissent venir en Russie. Ceci a déterminé une politique relativement libérale en ce qui concerne les mouvements de capitaux. C’est pourquoi la Russie a aboli le contrôle des capitaux qu’elle avait réintroduit en septembre 1998.

Si les investissements directs ont bien porté leur fruits, il n’est pas sur que les autres investissements aient été aussi efficaces. La Bourse de Moscou reste un marché tr ès spéculatif, sans beaucoup de profondeur, où près de 90% des transactions se font sur seulement 5 titres. De plus, le projet de faire de la Russie un centre financier au moins à l’échelle régionale se heurtait directement avec l’impératif de développement industriel[8]. Dès l’hiver 2007-2008, les contradictions propres à ce compromis devenaient de plus en plus évidentes dans la sphère financière. La crise de 2008, et ses répercussions en Russie, ont mis à mal l’idée que le pays pouvait se reposer sur une finance internationale complaisante (tableau 3).

Tableau 3

Endettement extérieur brut de la Fédération de Russie (passif) en milliards de dollars

30/06/2013

30/09/2013

31/12/2013

31/03/2014

Total de l’endettement extérieur

707,76

716,25

728,86

715,82

Gouvernement de la Féderation de Russie

55,93

62,67

61,74

53,63

Banques

211,92

207,08

214,39

214,02

Autres agents financiers

18,97

17,56

15,96

15,33

Autres agents

420,94

428,94

436,76

432,83

Dont Crédits

261,32

264,30

268,40

266,33

En pourcentage du total
Gouvernement de la Fédération de Russie

7,9%

8,7%

8,5%

7,5%

Banques

29,9%

28,9%

29,4%

29,9%

Autres agents financiers

2,7%

2,5%

2,2%

2,1%

Autres agents

59,5%

59,9%

59,9%

60,5%

Source : Banque centrale de Russie

Les limites du système monétaire international sont alors devenue évidente pour les dirigeants russes. En fait, c’est depuis 2011 que les autorités russes ont donné des signes récurrents de leur volonté de construire leur autonomie par rapport aux marchés financiers occidentaux. Mais, ces démarches restaient jusqu’au début de 2014 relativement ambiguës. En fait, les grandes entreprises russes et le gouvernement semblaient hésiter devant le surcoût, tant direct que dans le domaine institutionnel, que cette recherche d’autonomie pouvait engendrer. De ce point de vue, il n’est pas impossible que les sanctions décidées par les Etats-Unis et par l’Union européenne aient pour effet de systématiser ce qui restait jusqu’à présent de simples tentatives.

Il est clair que cette recherche d’autonomie, qui connaissait un développement certain depuis l’automne 2013 dans le cadre d’une alliance de fait avec la Chine, s’est accélérée depuis le printemps 2014. Cette accélération s’est aussi confirmée avec la création d’une banque de développement des BRICS[9]. Ce faisant, la Russie et la Chine apparaissent étroitement associées à un pole de pays qui contestent, qu’ils le disent explicitement ou non, la domination occidentale sur les marchés financiers.

Dans ce cadre, la cotation du Yuan à la Bourse de Moscou, mais aussi la création d’un marché du Rouble « non résident », vont dans le sens de la construction d’une autonomie de l’économie russe vis-à-vis de l’espace financier dominé par le Dollar[10]. Or, ces tentatives ne peuvent qu’avoir des conséquences importantes sur l’équilibre financier mondial, car si la Russie est un exportateur important de pétrole, de gaz, mais aussi de certains métaux, et que, jusqu’à présent, ces transactions étaient largement réalisées en Dollar. D’ailleurs, le marché des changes de Moscou (MICEX) réalise plus de 84% de ses transactions en Dollars, l’Euro ne représentant localement qu’un peu plus de 13%[11]. On voit immédiatement que si la part du Dollar était divisée par 2, cela aurait des conséquences importantes sur les équilibres financiers internationaux. De fait, le MICEX se fixe comme objectif de réaliser 40% des transactions entre la Chine et la Russie en Yuan et une part significative des transactions entre la Russie et les autres pays de la CEI en Roubles.

Cette situation pourrait prendre de nouvelles dimensions en particulier dans le domaine de l’investissement. Les investissements directs asiatiques, et en particulier chinois, ont augmenté très fortement. Ceci a correspondu à la création d’un Fonds d’investissement conjoint sino-russe  qui a été mis en place en réalité en juin 2012, mais qui a commencé ses opérations à la fin de 2012. Ce Fonds a été créé par leFonds russe des investissements directs et la Corporation chinoise des investissements. La société de gestion du Fonds est détenue à 60% par la Russie et à 40% par la partie chinoise. L’objectif concernant le volume du fonds était de 4 milliards de dollars et semble avoir été atteint dès la fin de 2013[12]. Les investissements japonais et coréens ont aussi augmenté, quoique dans une moindre mesure par rapport aux IDE chinois. Ces investissements sont largement concentrés dans le domaine des infrastructures de transport (oléoducs et gazoducs[13], mais aussi transports ferroviaires et aériens), dans le domaine industriel et dans le domaine agricole. Les projets qui ont été annoncés sur la construction d’une ligne ferroviaire « Grande Vitesse » allant de Saint-Pétersbourg à Pékin, et passant par le Kazakhstan vont aussi dans ce sens[14]. Ce projet devrait couvrir la création de nouvelles lignes, en particulier desservant la Chine à partir du Sinkiang, et se connectant soit avec les ports de la Baltique, soit les ports de la Mer Noire. Ce programme correspond à l’intégration des plans nationaux de systèmes à Grande Vitesse, qui devraient être étendu au Fret. Cette ligne « Grande Vitesse » connecterait Ekaterinbourg à Astana et Astana à Almaty. Trois centres logistiques seraient alors construits, l’un entre la Chine et le Kazakhstan (entre Almaty et Urumchi), l’autre à Ekaterinbourg et le troisième à Moscou. Ces centres logistiques seraient alors doublés par des centres aéroportuaires (celui de Moscou devant être délocalisé à Kazan car les plateformes de Moscou sont saturées). L’idée est d’avoir une ligne Helsinki – Moscou – Pékin et Brest-Litovsk – Moscou – Pékin. La dérivation Moscou – Brest-Litovsk a été étudiée pour le compte du Belarus[15].

Ceci devrait changer la donne dans le domaine des exportations des hydrocarbures. La compagnie pétrolière publique russe Rosneft entend fournir 365 millions de tonnes de pétrole à la Chine jusqu’en 2038, et ce pour un montant de 270 milliards de dollars. Les premières livraisons ont été effectuées en juillet 2013 (800.000 tonnes), mais sont restées à un niveau symbolique. Par contre, le volume de livraisons devrait être porté à 2 millions de tonnes en 2014 et à 15 millions de tonnes en 2015. Ces chiffres restent cependant encore loin de ceux livrés aux pays européens. Les exportations russes se montant pour les pays Non-CEI à 208 millions de tonnes en 2013. Mais, la perspective de voir le flux avec la Chine atteindre 15% des exportations hors-CEI d’ici 2017 n’est nullement irréaliste. Dans ce projet, Rosneft a aujourd’hui deux partenaires chinois : la CNPC et Sinopec. Des projets tout aussi importants sont en cours de négociation tant avec le Japon, sur le GNL, qu’avec la Corée du Sud.

Il est donc clair que bien avant que s’enclenche la dynamique des sanctions à la suite des événements en Ukraine, la Russie était engagée dans un processus de basculement tant de ses flux commerciaux que de ses investissements vers l’Asie. Ceci résultait à tout le moins autant d’une analyse géopolitique que d’une analyse économique des conséquences probables sur la Russie de ce qui pourrait bien être une « décennie perdue » en Europe. Il est clair que, d’ici quelques années, la part de l’Asie du Sud-Est dans les exportations russes d’hydrocarbures pourrait atteindre 25% voire plus.

 V.            Une prise de conscience de la nécessité d’un changement.

De ce point de vue aussi des changements importants s’imposaient en politique économique et cela dès la fin de 2012. Dans ce contexte, un rapport, rédigé par S. Glazyev, A. Nekipelov, et V. Ivanter, a été soumis au Président Poutine fin décembre 2013[16]. Il analysait justement les facteurs tant conjoncturels et structurels du ralentissement de la croissance que le pays connaissait, distinguant les causes conjoncturelles (la stagnation de l’économie européenne) des causes plus structurelles (la question de l’investissement en Russie). Ce texte venait s’articuler à un autre, rédigé par Victor Ivanter et ses collègues de l’Institut de Prévision de l’Economie Nationale, et publié à la fin de 2013[17]. Il semble bien que les conclusions de ce rapport aient été adoptées par la Présidence. Ses conclusions sont d’ailleurs convergentes avec celles d’un rapport fait par E. Primakov, et qui a été rendu public dans le courant du mois de décembre 2013. Mais, le rapport Glazyev-Nekipelov-Ivanter ne pouvait pas être mis en œuvre sans un changement relativement important de la politique monétaire de la Russie.

Il faut donc revenir sur certains traits du compromis qui caractérisait le développement de la Russie depuis les années 2000. Depuis les années 1990, on assiste à de nouvelles configurations entre acteurs privés et acteur publics en Russie[18]. Dans ce contexte, un compromis autour d’une relative stabilisation de ces configurations, et une consolidation du rôle de l’Etat, semblait avoir été passé au début des années 2000 entre les “interventionnistes” et les libéraux au sein du gouvernement et plus généralement de l’élite russe[19]. Ce compromis incluait un accord sur une utilisation mesurée des moyens financiers issus de la rente des matières premières. Les 4 “Priorités Nationales” qui avaient été définies par V. Poutine en 2004 (Santé, Éducation, Logement et intégration agro-industrielle) devaient permettre de canaliser une partie de l’activité d’investissement souhaitée par les “interventionnistes”, mais sans provoquer de déséquilibres macro-économiques importants. Ce compromis devait aussi permettre à la Russie de ne pas tomber dans le piège du « syndrome hollandais » et de conserver une économie aussi diversifiée que possible. Ces priorités nationales furent placées sous la responsabilité de l’ancien responsable de l’administration présidentielle, M. Medvedev nommé Premier vice-Premier Ministre à l’automne 2005, et devaient être compatibles avec les règles fixées par MM. Koudrine et Gref. À cette époque, il faut noter que M. Koudrine, qui était le ministre des finances, continuait de s’opposer à toute utilisation massive des fonds accumulés via les exportations dans l’économie russe, au prétexte des risques de déséquilibre macroéconomique. Cette stratégie reposait sur l’idée que la Russie pourrait utiliser à son profit le système financier international. La déclaration d’A. Koudrine fin janvier 2008 sur le rôle de « havre de stabilité » de la Russie alors que montaient les interrogations liées à la crise des subprimes témoignait de cette idée, qui devait se révéler illusoire[20]. Cette stratégie fut remise en cause avec la crise économique mondiale (2008-2010) qui avait vu l’Etat prendre un rôle de plus en plus important dans l’économie lors de l’assèchement mondial du marché des liquidités. Dans la période 2010-2013, il y a eu ce que l’on peut appeler « l’illusion » qu’un retour à cet équilibre serait possible. Mais, cette illusion s’est rapidement dissipée.

En fait, cela pose le problème d’une possible « dé-globalisation » de l’économie russe et par là même d’une remise en cause des équilibres que l’on pouvait percevoir dans les stratégies de développement. Si l’on veut réorienter le modèle de développement vers une économie plus « autocentrée », il est évident que la croissance du revenu réel de la population, de la consommation et de l’épargne, vont devenir des indicateurs essentiels pour le pilotage de l’économie. Ceci impliquera un tournant plus « social » de la politique économique car la répartition des revenus deviendra à terme aussi importante que l’évolution de leur masse. Pour l’instant, les diverses mesures « sociales » qui ont été prises en Russie visaient soit des objectifs de rattrapage de revenu pour certaines catégories sociales, soient étaient le produit d’objectifs démographiques, voire électoraux. Ceci sera certainement amené à changer dans un futur relativement proche, si l’objectif de « dé-globalisation » de l’économie est bien retenu. Mis en perspective, ce possible tournant indiquerait que la Russie reviendrait sur le cours « libéral » de sa politique économique, après une première phase (1992-1998) caractérisée par un libéralisme débridé et une seconde phase (1999-2013) marquée par un libéralisme plus modéré.

Jacques Sapir | 18 octobre 2014


[1] Sapir J., « MH17, doubts in the intelligence community », article publié sur Russeurope, 1er aout 2014,http://russeurope.hypotheses.org/2610

[2] « Senior U.S. Intelligence Officers: Obama Should Release Ukraine Evidence », 29 juillet 2014,http://www.washingtonsblog.com/2014/07/obama-release-ukraine-evidence.html

[3] Schefold B. & Labrousse A. (2010), « Putting Development Economics into Historical Perspective – An Interview with Bertram Schefold », Revue de la Régulation, n°8, juin 2010.http://regulation.revues.org/index7849.html

[5] Taux de refinancement au jour le jour aux banques.

[6] Voir la présentation d’Oleg Govtvan’ à la XLVIIème session du séminaire Franco-Russe les 23 au 25 juin 2014, Paris, « La Banque Centrale, pire que les “sanctions », résumé publié sur RussEurope, 24 juin 2014,http://russeurope.hypotheses.org/2450

[7] Clément-Pitiot H. (2014), «La stratégie de l’économie russe en perspective: le choix du pragmatisme?», Note de l’Observatoire franco-russe, 2014, n°6, 26 p.

[8] Sapir J., (2008A) « Rossija posle Putina :Ekonomitcheskie i Social’nye Osnovy Polititchekoj Stabil’nosti » [La Russie après Poutine. Fondements économiques et sociaux de la stabilité politique] in N. Lapina (ed). Dva Prezidentskih Sproka V.V. Putina. Dinamika Peremen, Éditions de l’Académie des Sciences de Russie, Moscou 2008, pp. 112-142

[9] Charrel M., (2014) « Les BRICS ont lancé leur banque de développement », Le Monde, 16 juillet 2014,http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/07/16/les-brics-ont-lance-leur-banque-de-developpement_4458144_3234.html Voir aussi, Le Figaro.fr « Vers une banque des pays émergents », 9 juillet 2014, http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2014/07/09/97002-20140709FILWWW00194-vers-la-banque-des-pays-emergents.php

[10] Mishina V. (2014)

[11] Mishina V. (2014), « Creation of an integrated Eurasian FX market and start of trading in national currencies », FOREX operations department, MICEX, texte de la présentation à la XLVII session du séminaire Franco-Russe des 23-25 juin 2014, Paris, http://www.ecfor.ru/pdf.php?id=seminar/monfin/paris14_2

[15] Voir la présentation faite D.B. Kuvalin lors du séminaire Franco-Russe consacré aux problèmes du développement régional, Paris, 6 et 7 octobre 2014. Voir aussi « Transports en Eurasie », note publiée sur le carnet Russeurope, le 6 octobre 2014, http://russeurope.hypotheses.org/2884

[16] Ivanter V.V. Nekipelov A.D. et Glazyev S.Yu (2013), « Problemy Dolgosrotchnogo Sotsial’nogo-Yekonomitcheskogo Razvitija », Yekonomitcheskie i Sotsial’nye Peremeny n°30 (6/2013), p.14-25. Disponible aussi sur http://www.ras.ru/news/shownews.aspx?id=4f0a07fe-8853-4eda-9428-574f5fcf0654

[17] Ivanter V.V., Uzyakov M.N, Ksenofontof ,M. Yu., Shirov A.A., Panfilov B.S., Govtvan’ O. Dzh., Kuvalin D.B., Porfiriev B.N., « Novaya Yekonomika Politika – Politika Yekonomitcheskogo Rosta », (2013), in Problemy Prognozirovaniya, n°6 (141), pp. 3-16.

[18] Sapir J., (1996) “Agents privés et action publique: vers un modèle russe?” in Revue d’études comparatives est-ouest, vol.27, n°2, 1996, pp. 187-219.

[19] Pappé Ya. Ch., et Antonenko N.S., (2014), « Tchastnyj i gosudarstvennyj sektory v rosssijskom krupnom biznece : dinamika sootnocheniya v « dlinyie 2000-e » », in Problemy Prognozirovaniya, n°1 (142),  pp. 21-33.

[20] Sapir J. (2008B), « Vozmozhnosti i Riski ‘Gavani Stabil’nosti’ »  [Possibilités et risques d’un « havre de stabilité »] in Rossija v Global’noj Politike, n°2/2008, mars-avril. Consultable aussi sur le

Jacques Sapir | 18 octobre 2014

Jacques Sapir. Ses travaux de chercheur se sont orientés dans trois dimensions, l’étude de l’économie russe et de la transition, l’analyse des crises financières et des recherches théoriques sur les institutions économiques et les interactions entre les comportements individuels. Il a poursuivi ses recherches à partir de 2000 sur les interactions entre les régimes de change, la structuration des systèmes financiers et les instabilités macroéconomiques. Depuis 2007 il s’est impliqué dans l’analyse de la crise financière actuelle, et en particulier dans la crise de la zone Euro.
Source:Russeurope.