Un petit aperçu de la situation à Madagascar, paru sur la La Gazette de la grande ile, le seul journal qui n’est pas inféodé à un parti et qui a le grand mérite de critiquer autant les opposants que le pouvoir.

Publié le 04 août 2022 sur La  Gazette de la grande Ile

Les yeux du monde entier sont braqués sur la Grande Ile ces derniers temps. Non pas pour ses plages paradisiaques, mais à cause de la mauvaise gouvernance des dirigeants. Certains parlent de « cupidité plantée par le colonialisme et fertilisée par les déserts institutionnels postcoloniaux, lequel a donné aux élites voleuses le champ libre pour être des bandits stationnaires. »

D’autres disent que « ce qui se passe en ce moment est le résultat d’une mauvaise gestion, principalement par des personnes extérieures comme le gouvernement et les programmes d’aides. » Chacun aura son qualificatif, mais le dénominateur commun est et sera les gouvernants/dirigeants. Ces personnes à qui la population a donné le pouvoir par voie du scrutin, dans l’espoir d’une vie meilleure. Hélas, le pays s’enfonce dans un gouffre innommable de pauvreté sans précédent.

Corruption et vols de haut niveau

Il n’y a qu’à Madagascar que l’or stocké dans un coffre-fort disparaît par magie et que les coupables sont au pouvoir. La corruption gangrène tout l’État. Les poursuites judiciaires ? Résultat stérile et dossiers classés sans suites. Au niveau de la justice, la loi du plus riche (non pas du plus fort) règne. On accorde la même peine à une personne responsable de vol sur mineur et un ancien directeur qui a détourné 20 millions d’Ariary. Emprisonnement de deux ans, c’est quand même une blague et c’est prendre les Malgaches pour des nuls.

Pas de place pour les opposants (sauf en prison)

2023 approche à grands pas et les prétendants aux élections présidentielles font surface petit à petit.

C’est marrant d’ailleurs, au courant de l’année, on ne les voit pas du tout, surtout avec les divers problèmes au pays récemment. Mais, maintenant ils sont tous là, avec leur promesse et discours à deux balles de pré-campagne de propagande, que tout le monde connaît par cœur. Ils ont essayé de rassembler leurs partisans, mais ils ont été chassés par les forces de l’ordre. S’ensuivent les arrestations et les dépôts de plaintes.

Pour couronner le tout, la HCC se dit incompétente pour prononcer la déchéance du Timonier. À croire qu’«Il n’y a donc aucune chance qu’un recours contre Rajoelina puisse aboutir, puisque Rajoelina contrôle toutes les institutions, quelles que soient les fautes graves qu’il ait pu commettre »(*).

La situation dans le Grand Sud malgache

Après le buzz de la vidéo des gens qui faisaient bouillir du cuir pour le manger, que certains disent être un canular. Le 02 août 2022, David Pilling et Charlie ont écrit un article sur Financial Times intitulé « Why famine in Madagascar is an alarm bell for the planet », que nous avons repris et traduit en français ici.

La famine ou «kere » est au cœur de la discussion en ce moment et de ce que nous pouvons lire des débats sur les réseaux sociaux, tout le monde pointe du doigt « l’incompétence et la mauvaise gouvernance des régimes politiques qui se sont succédés. » D’ailleurs, les auteurs ont commencé leur article comme suit « L’ONU a déclaré qu’il s’agissait de la première famine au monde causée par le changement climatique.

Le gouvernement malgache reconnaît qu’il s’agit d’une conséquence du mode de vie occidental alimenté par le carbone. Un certain nombre de scientifiques et d’experts ne sont pas d’accord, affirmant qu’il s’agit en fait d’une conséquence de la pauvreté et de la mauvaise gouvernance. Le préfet d’Ambovombe dit que le Sud est oublié des dirigeants, mais c’est plutôt le pays en entier.

Wait and see (jusqu’à quand ?)

On se demande si son Excellence Andry Nirina Rajoelina se sent concerné par ce qui se passe au pays en ce moment. La majorité de la population outre les médias nationaux et internationaux, lance l’alerte rouge, mais pourtant il ne réagit pas.

Même les  classes sociales « intelligentsia », des élites intellectuelles de la nation ne sont plus proches du pouvoir.   Ils ont abandonné le navire à cause du gros n’importe quoi du leader.

Démocrature comme solution ?  

Ce mot désigne un « régime politique qui, tout en ayant certains attributs de la démocratie, comme le pluripartisme, n’en est pas moins dirigé d’une façon autoritaire, voire dictatoriale. (On dit aussi dictocratie.) C’est un glissement de la démocratie vers la dictature par une remise en cause de l’État de droit. » Oui, tout devrait être remis en cause. On a copié bêtement la soi-disant démocratie des Européens et essayé en vain d’en faire une image de notre politique. Une dictature qui impose certaines obligations à la population, mais aussi et surtout de mettre fin au gouvernement par un seul ou un petit nombre, dans des conditions qui ne sont pas démocratiques.

Stop aux abus de pouvoir et au laxisme. Nous méritons mieux que les délestages incessants, l’injustice et l’insécurité, etc. la liste est longue. Nous avons droit à la paix, à la sécurité, à une alimentation équilibrée et une maison en bonne et due forme. On a assez attendu et nous avons tout perdu au passage.

F. Ntsoa

(*) http://www.lagazette-dgi.com/?p=79646

Image: Capture d’écran

Source: La Gazette de la grande ile

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