Première publication le 25 mars 2012

Le journaliste Jérôme Bastion affirme que la ville de Homs a été bombardée le 23 mars 2012 ; et qu’elle serait assiégée, coupée du monde, privée de communication avec l’extérieur, depuis début février. Or, selon un habitant de Homs, interrogé par Silvia Cattori, il n’y aurait eu aucun bombardement à Homs le 23 mars. Qui dit vrai ? A chacun de juger.

Le journal de 18 heures du 23 mars, radio France culture [1] nous dit que la ville de Homs « a été bombardée par les troupes gouvernementales ». Ceci se fondant sur le journaliste Jérôme Bastion, qui disait tenir cette information d’un habitant de Homs interrogé le 23 mars par communication satellite.

Le 23 mars à 19 heures nous avons appelé un Syrien qui habite dans le quartier Akrama à Homs pour vérifier si ce qu’avait rapporté J. Bastion était correct. Il nous a juré que la ville de Homs n’avait été encerclée ni n’avait été privée de communication avec l’extérieur le 23 mars. Et que Homs n’avait pas été bombardée par l’armée nationale ni le 23 mars ni les jours précédents. Lire son témoignage ci-dessous.

« Nous n’avons entendu aucun bruit. Il n’y a eu aucun bombardement aujourd’hui. Tout est calme. Je suis sorti voir des amis. Homs n’est pas encerclée, toutes les routes sont ouvertes. Les gens peuvent quitter Homs sans problème. Ma mère est allée à Damas il y a une semaine. Depuis plusieurs semaines nous vivons en sécurité. L’armée ne bombarde pas. Ce sont les milices de la soi-disant « Armée syrienne libre » (ASL) qui continuent de tuer des militaires et des civils. Encore aujourd’hui un soldat a été tué. Je le sais car il habitait mon quartier ».

« Depuis que notre armée a réussi à déloger les milices à Baba Amro et à reprendre les choses en main [l’armée a levé le siège début mars], les gens reviennent chez eux dans les quartiers qui étaient presque vides. L’insécurité demeure dans trois quartiers, notamment à Khaldiyeh, où l’armée nationale continue de pourchasser les milices qui maintiennent en otage de nombreuses familles. Mon oncle qui avait été kidnappé il y a deux mois est revenu hier à la maison très mal en point, très éprouvé, mais s’estimant très chanceux. Il est à l’hôpital. De nombreuses autres personnes enlevées ne sont pas revenues et les familles sont sans nouvelles d’elles . »

Transcription  de ce que France culture a déclaré au sujet de Homs

« Homs, toujours bombardée depuis des semaines car il s’agit de l’épicentre de la contestation. Jérôme Bastion a recueilli le témoignage d’un habitant qui habite aux abords de Khaldiyeh au nord de la ville où l’armée concentre ses attaques. Comme beaucoup cet homme cherche à fuir la ville. Depuis les semaines de l’assaut lancé contre Baba Amro, la ville de Homs a été coupée du reste du monde, privée de communication. Juste ce matin grâce à une communication satellite cet habitant dit que l’armée continue de pilonner la ville près de chez lui ».

Transcription de ce qu’a dit l’habitant interrogé par Jérôme Bastion

« La situation est pire qu’auparavant. Les bombardements aujourd’hui sont d’une intensité incroyable, ça tombe de partout ; ils utilisent toute sorte d’artillerie, la plupart du temps des chars modèle T72, mais aussi souvent des roquettes. On manque de tout, la ville est encerclée…il n’y a aucun moyen de sortir d’ici…Les bombardements continuent de faire des blessés par dizaines… » [2]

Conclusion

La presse internationale depuis le début des troubles en Syrie ne s’appuie que sur des sources partisanes, liées aux bandes armées, comme l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) et les Comités locaux de coordination (LCC). Elle ne vérifie pas l’authenticité des informations qu’ils livrent ; elle ne prend pas en compte le point de vue des victimes des exactions commises par ces groupes armés. Elle attribue la responsabilité des attentats perpétrés par les groupes islamistes aux forces de Bachar el-Assad. Elle propage une propagande qui conditionne l’opinion publique contre des régimes que les puissances de l’OTAN veulent renverser,  comme on l’a vu en Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak et en Libye.

Silvia Cattori 

Notes

[1France Culture, 23 mars. Retranscrit plus bas par nos soins.
Voir également l’article de Jérôme Bastion paru le lendemain, 24 mars, reprenant ce qu’il a été rapporté sur France culture : « En Syrie, Homs, coupée du monde, reste sous un déluge de feu », RFI, 24 mars 2012.
http://www.rfi.fr/moyen-orient/20120324-syrie-homs-coupee-monde-subir-deluge-feu

[2] Un habitant de Homs (situé dans un quartier contrôlé par les rebelles) joint par communication satellite le 23 mars matin, répond à Jérôme Bastion.

Le Monde n’est pas en reste. Le 23 mars 2012 il rapporte, sans le mettre au conditionnel, ce que dit une source non fiable : «  Homs, autre place forte des rebelles, deux civils ont été tués par des tirs de roquette de l’armée sur le quartier de Bab Sbaa, selon l’OSDH ».

Source: http://silviacattori.net/spip.php?article3018