Ce que dit Guy Mettan sur Facebook
Fidel Castro à Genève
Grosse émotion ce matin en apprenant la mort de Fidel. J’ai encore en mémoire son sommet avec le pape Jean Paul II en janvier 1998 et notre rencontre au Club suisse de la presse à Genève en mai de la même année. Deux heures et demie de discussion à bâtons rompus avec une centaine de journalistes avides de lui poser des questions. Et ce grand moment lorsque je lui ai demandé d’abréger ses réponses: « Mais qui est le dictateur ici? Vous ou moi? » Qui osera dire que Fidel n’avait pas d’humour? Un passage à Genève qu’il a visiblement apprécié puisqu’il m’a tout de suite invité à Cuba avec ma femme pour me faire opérer de l’œil, en nous logeant dans la résidence des chefs d’Etat, sous la responsabilité directe du ministre de la santé, et en me téléphonant pour savoir comment l’opération s’était passée. Une semaine forte assurément, qui m’a permis de constater par l’expérience l’excellence de la médecin cubaine et d’envoyer par la suite une vingtaine de Suisses se faire opérer dans les hôpitaux cubains. Des chefs d’Etat de cette trempe, on n’en a que cinq par siècle, quoiqu’on puisse en penser…
L’article du Temps de ce jour m’oblige à donner des précisions. Il a l’apparence de l’impartialité sauf qu’il ne mentionne pas que l’essentiel des commentaires Facebook qu’il rapporte sont en fait positifs. Je me suis borné à rapporter des anecdotes personnelles qui éclairent aussi la personnalité de cet homme hors du commun. Quant à son bilan politique, c’est une autre affaire. C’est désormais à l’histoire de juger et non aux petits Fouquier-Tinville de la pensée unique!
Concernant mon opération à Cuba, je précise que je l’ai payée de ma poche (1500 dollars) et ai apporté les médicaments y compris les anesthésiques, introuvables à Cuba à cause de l’embargo américain. Et que du même coup, nous avons amené une valise de médicaments pour les enfants que nous avons donnés a Aleida Guevara, la fille du Che, pédiatre à Cuba.
Et je profite de l’occasion pour remercier ma chirurgienne Elena Joa, qui a opéré des milliers et des milliers d’enfants, de vieillards et de pauvres (14 000 en 1998) en Amérique latine, en Afrique et en Espagne. A l’époque, elle opérait 10 à 12 personnes par jour sans jamais pouvoir bénéficier des grasses prébendes de la LAMal !
Guy Mettan «sauvé» par Fidel Castro
Sylvia Revello
Publié lundi 28 novembre 2016
Source: Le temps
Sur Facebook, le directeur du Club suisse de la presse revient sur l’opération salvatrice de l’œil qu’il a subie à Cuba dans les années 1990. L’hommage fait débat.
«Grosse émotion ce matin en apprenant la mort de Fidel. Des chefs d’Etat de cette trempe, on n’en a que cinq par siècle, quoi qu’on puisse en penser…»
Ce week-end, les déclarations du journaliste Guy Mettan ont créé la polémique sur Facebook. Le directeur du Club suisse de la presse et député PDC au Grand Conseil genevois a tenu à partager ses souvenirs avec le Lider maximo, photos d’archives à l’appui. Dans la séquence émotion, il rappelle par exemple que Fidel Castro lui a sauvé la vue. Si certains internautes apprécient l’hommage, d’autres sont sceptiques, voire carrément critiques.
Dans le récit de ses aventures caribéennes, Guy Mettan ne lésine pas sur les détails. «Il m’a tout de suite invité à Cuba avec ma femme pour me faire opérer de l’œil, en nous logeant dans la résidence des chefs d’Etat sous la responsabilité directe du ministre de la Santé, et en me téléphonant pour savoir comment l’opération s’était passée», raconte-t-il. Hop, l’anecdote devient miracle. «Merci pour ce témoignage!» s’enthousiasme Raymond Baud. «Vous avez été enchanté par un mégalomane ravi de vous faire connaître son système de médecine. C’est drôle comment les Européens voient les choses», s’indigne en revanche Samantha Isabel Llovera. Verdict de Pierre-Alain Schmid: «On peut se faire opérer des yeux et ne pas devenir clairvoyant.»
«Qui osera dire que Fidel n’avait pas d’humour?»
Au rayon confessions, Guy Mettan mentionne encore cette conférence organisée par le Club suisse de la presse en 1998. Après «deux heures et demie de discussion à bâtons rompus», le journaliste se souvient de «ce grand moment [lorsqu’il lui a] demandé d’abréger ses réponses: «Mais qui est le dictateur ici? Vous ou moi?» Qui osera dire que Fidel n’avait pas d’humour?» Mais les internautes rient jaune. A propos des «chefs d’Etat de cette trempe», Christian Bulliard commente: «Au fait, heureusement qu’on n’en a que cinq par siècle. En plus de Fidel, je vous suggère de faire l’éloge de Pol Pot, Kim Jong-il, Staline, Hitler, Pinochet & Co. Les familles des victimes vous en remercient par avance!» Et l’auteur de riposter: «Il fallait bien qu’un bien-pensant de service réponde et se lâche. Vous l’avez fait. Pas de problème!»
Confrères partagés
Dans le milieu de la presse romande, les propos de Guy Mettan, connu pour ses positions pro-russes, passent mal [1]. «Il ne lit pas les rapports de Reporters sans frontières. Ou alors il s’en cogne», déplore Jérôme Cachin, journaliste au quotidien «La Liberté». «C’est assez ahurissant, cet aveu… et cette naïveté. Au pays des aveugles, les borgnes sont rois…» commente Julien Nicolet. «Je ne savais pas qu’on pouvait se faire opérer à Cuba comme ça. Faut quand même une complémentaire ou c’était compris avec la carte de presse à l’époque?» s’interroge encore Magali Philip, journaliste spécialiste des réseaux sociaux à la RTS. Le photographe François Graf vient au secours du condamné: «A lire un certain nombre de commentaires, on se croirait en pleine Guerre froide! Merci à Guy Mettan, plume libre, pour ce bel hommage! Hasta la victoria siempre!»
Mémoire photographique
Sans surprise, les clichés en noir et blanc des deux hommes côte à côte suscitent eux aussi des réactions contrastées: tandis que Pierre-François Charmillot salue la «prestance», Priscilla Albrecht croit y voir une «blessure narcissique». «On ne te connaissait pas ces relations révolutionnaires…» pointe Laurence Fehlmann Rielle, rejoint par Pierre Dunand Filliol: «Ah! que les souvenirs sont bons pour ceux qui n’avaient pas à courber l’échine.»
En Suisse comme dans le reste du monde, la mort de Fidel Castro polarise fortement les internautes. A la clé: neuf jours de deuil à Cuba, autant de fête à Miami et un débat-fleuve sur les réseaux sociaux.
Sylvia Revello
Publié lundi 28 novembre 2016
Source: https://www.letemps.ch/opinions/2016/11/28/guy-mettan-sauve-fidel-castro