Le sabotage des gazoducs Nord Stream est l’un, sinon le plus grand acte terroriste étatique de notre temps

RayMcGovern – 9 février 2022

Les médias “dominants” vont-ils donner aux révélations de Seymour Hersh – attribuant aux USA l’attentat à la bombe contre les gazoducs Nord Stream – la couverture qu’elles méritent ?

Ceux qui n’accepteront jamais de se plier aux crimes et injustices couverts par les manipulations politico-médiatique de nos sociétés, doivent énormément à Seymour Hersh. Ils ne peuvent oublier un seul instant ses innombrables révélations.

A commencer par le massacre de Mỹ Lai au Viêt Nam en 1968 ; le scandale des tortures subies par les prisonniers physiquement et sexuellement abusés, torturés, violés, sodomisés et exécutés à la prison d’Abou Ghraib en Irak en 2003 ; l’attaque chimique (au gaz sarin en Syrie en 2013) faussement attribuée à Damas.

La dernière enquête de Seymour Hersh, du 8 févier 2023, est un chef d’œuvre. Il l’a menée jusqu’au bout : à savoir que le sabotage des gazoducs Nord Stream avait été exécuté par l’US Navy et avait été piloté par Victoria Nuland, Jacob Sullivan et Antony Blinken.

De gauche à droite : Victoria Nuland, Anthony Blinken, et Jake Sullivan.

Les victimes de ce sabotage aux conséquences incommensurables ne sont pas  seulement les propriétaires de la société Nord Stream. Les conséquences de cet acte criminel vont bien au-delà de la Russie. Mais la principale victime de Washington, est la nation russe toute entière.

Le 9 février 2022 la lecture d’un petit texte de Ray McGovern nous avait alerté. Ray mettait les gazoducs Nord Stream au centre des préparatifs  de Washington. Il s’agissait de la rencontre le 7 février 2022 à Washington entre le chancelier allemand Olaf Scholz et le président Joe Biden. Ce dernier avait déclaré : « Si la Russie envahit… il n’y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin ».

Or selon, Seymour Hersh, le sabotage des gazoducs Nord Stream était déjà en préparation en décembre 2021 «… deux mois avant que les premiers chars russes n’entrent en Ukraine, Jake Sullivan a convoqué une réunion d’un groupe de travail nouvellement formé – des hommes et des femmes des chefs d’état-major interarmées, de la CIA, du département d’État et du département du Trésor – et a demandé des recommandations sur la façon de répondre à l’invasion imminente de Poutine ». [Voir  Comment l’Amérique a mis hors service le gazoduc Nord Stream.]

Tout cela donne, une fois de plus, raison à l’ultimatum de Moscou, de décembre 2021, resté sans réponse, sur la nécessité de “garanties de sécurité» écrites empêchant la poursuite de l’expansion de l’OTAN. Non réponse humiliante qui a conduit à la guerre.

Nous vous recommandons de lire ou relire l’article de Ray McGovern que nous vous présentons ci-dessous.

(Arrêt sur info. Mis à jour le 09.02.2023)


Par Ray McGovern

Paru le 9 février 2022 sur Antiwar


Le président Joe Biden se considère-t-il comme le roi d’Europe, avec une sorte de domaine éminent (ou plutôt “imminent”) sur des projets de plusieurs milliards de dollars comme le gazoduc germano-russe Nord Stream 2 ? C’est en tout cas l’impression qu’il a donnée hier lors de la conférence de presse conjointe avec le chancelier allemand Olaf Scholz, en visite en Allemagne. Le comportement royal de M. Biden a été évoqué hier dans l’émission The Critical Hour, ainsi que les différentes visites de dirigeants européens de premier plan ces derniers jours : Macron à Moscou, ainsi que Scholz à Washington.

La “descente aux enfers” pour Nord Stream 2

Certains membres du Congrès affirment depuis des mois que, SI les Russes envahissent l’Ukraine, des “sanctions d’enfer” seront imposées à la Russie. La gaffe de Biden, cependant, pourrait bien être décrite comme “la descente aux enfers”, puisqu’il a affirmé l’imminence – pardon, je veux dire l’éminence – du Nord Stream 2. Le pauvre Chancelier Scholz se tenait juste là, souhaitant sans doute se cacher derrière son podium jusqu’à la prochaine question. Il est resté, bien sûr, et a prouvé qu’il était très doué pour l’esquive et les circonvolutions.

Par un arrangement préparé d’avance, Biden a choisi un journaliste de Reuters pour poser la première question :

Q. Merci, M. le Président. Et merci, Monsieur le Chancelier Scholz. M. le Président, je voulais vous interroger sur ce projet Nord Stream auquel vous vous êtes longtemps opposé. Vous ne l’avez pas mentionné nommément tout à l’heure, ni le chancelier Scholz. Avez-vous reçu aujourd’hui l’assurance du chancelier Scholz que l’Allemagne mettra effectivement fin à ce projet si la Russie envahit l’Ukraine ? Et avez-vous discuté de ce que pourrait être la définition d’une “invasion” ? …

PRÉSIDENT BIDEN : La première question d’abord. Si l’Allemagne – si la Russie envahit – ce qui signifie que des chars ou des troupes traversent à nouveau la – la frontière de l’Ukraine – alors il y aura – nous – il n’y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin.

Q. Mais comment allez-vous – comment allez-vous faire cela exactement, puisque le projet et le contrôle du projet sont sous le contrôle de l’Allemagne ?

PRÉSIDENT BIDEN : Nous allons – je vous le promets, nous allons pouvoir le faire.

(Transcription ici)

La réaction à venir en Allemagne à la gaffe de Biden nous dira en grande partie si, après 77 ans de statut de vassal, les Allemands vont enfin, dans les circonstances actuelles très dangereuses et propices à la chute, commencer à agir en adultes – tout à fait capables de traiter avec les Russes “tout seuls” (comme les enfants qui mûrissent ont tendance à le dire).

Ne retenez pas votre souffle.

Ray McGovern

Source: RayMcGovern

Ray McGovern au cours de ses 27 années de carrière en tant qu’analyste de la CIA, il a notamment été chef de la branche de la politique étrangère soviétique et préparateur/briefer du President’s Daily Brief. Il est cofondateur de Veteran Intelligence Professionals for Sanity (VIPS).

Traduction: Arretsurinfo.ch