La commission d’enquête désignée en automne dernier par les Nations Unies et dont est attendu un rapport sur la récente guerre de Gaza pendant l’été 2014 et sur ses répercussions a par ailleurs été chargée d’analyser les dommages écologiques causés par ce conflit dans la bande de Gaza. L’autorité palestinienne chargée de l’environnement a demandé à l’équipe de terrain d’étudier les problèmes écologiques, durables et périlleux, résultant de l’attaque de l’armée israélienne et aggravant lourdement une catastrophe écologique qui, sans cela d’ailleurs, ne fait qu’empirer depuis des décennies sur ce territoire.

La guerre de 51 jours contre la bande de Gaza en été 2014 a été menée avec une débauche de moyens et de brutalité sans précédent. Côté palestinien, plus de 2 000 personnes ont perdu la vie, l’immense majorité d’entre elles étant des civils. Côté israélien, plus de 70 personnes ont péri. Pendant le conflit, l’armée israélienne a largué au-dessus de la bande de Gaza plus de 20 000 tonnes de bombes de nature très diverse, extrêmement dangereuses et prohibées internationalement. Avec ses quelque 1,8 million d’habitants, cette bande côtière d’une superficie de 365 km² est l’une des terres les plus densément peuplées au monde. Plus de 11 000 Palestiniens ont été blessés pendant la guerre, dont un bon nombre grièvement, à ajouter aux quelque 110 000 civils dont le conflit a fait des réfugiés de l’intérieur. Huit établissements médicaux ont été totalement détruits pendant les attaques, de nombreux autres endommagés. Sur 32 hôpitaux, 17 n’étaient plus en état de fonctionner par suite des attaques, et 6 ont dû fermer complètement. De même, l’armée israélienne a détruit l’unique centrale de la bande de Gaza. Remise certes en état de marche depuis lors, elle ne tourne qu’à très faible régime. Dans le seul secteur agricole, la guerre a laissé derrière elle une dévastation telle que les dégâts subis sont estimés à 550 millions de dollars approximativement. Les habitants, dépourvus de matériaux pour la reconstruction de leurs maisons et de l’infrastructure, ne disposent toujours pas de denrées alimentaires, de médicaments et d’appareils médicaux en quantité suffisante.

Depuis lors, l’hiver a enserré dans un étau toute cette région accablée par la guerre, par les destructions et peuplée de millions de réfugiés. Dans la bande de Gaza, des personnes gèlent parce qu’elles n’ont pas de toit pour s’abriter et qu’elles ne sont pas en mesure de mettre en particulier des petits enfants et des nourrissons à l’abri du froid.

Depuis des années, la bande de Gaza pâtit de problèmes écologiques très sérieux que le dernier conflit n’a fait qu’aggraver bien plus encore. En ce qui concerne en particulier les équipements pour l’eau, les eaux usées et les déchets, la catastrophe a déjà pris des proportions telles que même des spécialistes ne trouvent guère plus de solution et qu’ils mettent en garde contre la destruction prochaine et irréparable des moyens d’existence des habitants de la bande de Gaza.

D’après un rapport de l’ONU (« Gaza in 2010 – A liveable place? »), la bande de Gaza sera inhabitable en 2020. À cette date, la population de Gaza se sera élevée à 2,1 millions, selon l’estimation prise pour base en 2012, année de parution du rapport. Depuis lors, la population de ce territoire a effectivement augmenté de 200 000 personnes environ – ce qui correspond à la croissance démographique de 2,9 % prise pour référence. L’infrastructure existante, l’électricité, les services communaux tels que par exemple la gestion de l’eau et des déchets, les services sociaux, mais aussi les ressources vitales, eau potable tout particulièrement, souffrent d’ores et déjà de pénurie. Cette crise s’accentue en permanence parce que la bande de Gaza n’a aucune possibilité de moduler le volume disponible d’énergie, d’eau et de prestations en fonction d’une population en croissance rapide. L’impossibilité de vivre dans la bande de Gaza en résultera à un certain stade – et probablement dans quelques années seulement.

Cette évolution se poursuit même pendant des périodes exemptes de guerres ouvertes contre ce territoire et sa population. Catastrophe considérablement aggravée par le blocus imposé à la bande de Gaza en 2007 et qui coupe le territoire et sa population du reste du monde ; tant les importations entrant dans le territoire que les exportations en sortant sont depuis lors impossibles – du moins par les voies usuelles. Seuls les tunnels reliant la bande de Gaza à l’Égypte avaient permis au fil des ans le développement d’un commerce animé, quoique naturellement non réglementé. Vu que la contrebande de marchandises se faisait dans l’illégalité et au prix de sérieux dangers pour les protagonistes, les prix des denrées alimentaires et des médicaments en particulier atteignaient des niveaux vertigineux. Nombre de contrebandiers et de marchands s’enrichissaient aux dépens d’une population qui ne pouvait guère plus payer la nourriture et d’autres produits de première nécessité. Or les tunnels furent pendant longtemps l’unique lien avec le monde extérieur, par lesquels transitaient les matériaux et les produits permettant à la population d’assurer sa subsistance – hormis les fournitures d’aide en particulier de la part de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) et d’autres organismes de secours. Depuis la destruction d’une grande partie des tunnels par le gouvernement égyptien et son armée, cette artère vitale est elle aussi sectionnée. Officiellement, la destruction des tunnels était censée interdire par exemple l’entrée d’armes en contrebande dans le territoire, ainsi que l’infiltration d’islamistes radicaux et de criminels vers l’Égypte. Mais en même temps que les tunnels étaient détruits, du moins s’accommodait-on de rendre la population de Gaza considérablement plus dépendante des aides.

Isolée, la bande de Gaza ne vit plus que grâce à une aide financière extérieure. Avant même la guerre toute récente, 44 % de la population était touchée par l’insécurité alimentaire, ou en était menacée ; 88 % des ménages percevaient des aides et 39 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté. Comme le constate sans la moindre ambiguïté le rapport de l’ONU, cette catastrophe humanitaire est principalement due au maintien du blocus sur la bande de Gaza.

Absence d’eau potable et risque de dommages irréversibles

Le rapport de l’ONU, tout en considérant que cette évolution resterait constante, et donc ne pouvant logiquement pas prendre en compte la dégradation considérable de la situation par suite de la récente guerre à Gaza, souligne en particulier la pénurie d’eau potable dont les habitants et l’environnement de Gaza subissent le contrecoup. Selon ce rapport, les besoins en eau augmenteront de 60 % d’ici à 2020 – alors même que la pollution de l’eau s’aggravera, entre autres du fait des eaux usées et des engrais utilisés en agriculture. Dores et déjà, la moitié des enfants examinés dans la bande de Gaza présentent une insuffisance de globules rouges, ce qui risque ainsi de déclencher les maladies les plus diverses.

Pire encore : le rapport note que dès 2016, il n’y aura plus d’eau potable dans la bande de Gaza, et qu’à partir de 2020 toutes les possibilités d’inverser cette évolution auront été gâchées. Le dommage serait alors irréparable, et la bande de Gaza un espace qui ne pourrait plus abriter la vie. Aujourd’hui même, la plupart des ménages de la bande de Gaza n’ont pas d’eau potable, ou pas en quantité suffisante, et même les volumes extrêmement faibles dont ils disposent sont pollués. Les pluies étant un phénomène plutôt rare dans la bande de Gaza, la population doit s’alimenter principalement en puisant dans les nappes phréatiques. Conséquence des volumes excessifs qui ont été déjà pompés dans la nappe phréatique ces dernières décennies (ou plus exactement qu’il a fallu pomper), l’eau de mer s’infiltre toujours plus dans les réserves des nappes phréatiques.

Les 51 jours de guerre à Gaza ont aggravé plus nettement encore cette situation : les systèmes de distribution d’eau et d’élimination des eaux usées sont endommagés à 70 %, comme le note Madame Amal Sarsour dans un rapport du gouverneur de Gaza peu après la guerre – même chose pour la station de pompage des eaux usées et les stations d’épuration. Même les stations de pompage restées intactes auraient connu des pannes répétées par manque de gaz et d’électricité, d’où une situation dégradée d’autant plus. La défaillance partielle des conduites d’eau aurait affecté 700 000 personnes.

De même, les bombes de type divers et autres projectiles largués par l’armée israélienne sur la bande de Gaza, par exemple bombes à sous-munitions, bombes DIME (Dense Inert Metal Explosives) et bombes au phosphore, représentent un danger nouveau pour les habitants, mais aussi pour l’environnement, selon Madame Amal Sarsour. Les substances contenues dans les munitions se seraient mélangées à la terre – évolution vraisemblable et considérablement précipitée par les chutes de pluie survenant en hiver – et menaceraient donc d’aggraver la contamination des nappes phréatiques. Les eaux usées et non épurées, qui présentent un sérieux danger pour l’environnement comme pour la santé de la population, contribuent à rendre de moins en moins exploitables les nappes phréatiques.

L’Organisation mondiale de la santé recommande un volume d’eau de 100 litres minimum par personne et par jour. Or la population de la bande de Gaza, qui ne disposait avant la guerre que de 60 à 70 litres par personne, en est aujourd’hui réduite du fait de la guerre à 3 litres par jour dans certaines zones, selon le Dr Amal Sarsour.

Pollution des eaux de mer

Avant même la guerre, les habitants de la bande de Gaza avaient été mis en garde contre les bains de mer. Déjà alors, l’autorité palestinienne de l’environnement expliquait que les eaux usées et généralement non traitées transportaient des virus, des bactéries et des parasites dangereux et se déversaient dans la mer, d’où le risque de maladies et d’épidémies. De même les stocks de poissons, une des plus importantes sources de revenus dans la bande de Gaza, s’en trouvent contaminés et constituent un sérieux péril sanitaire pour la population. Des milliers de pêcheurs, hommes et femmes d’ores et déjà fort entravés dans leurs mouvements, interdits de sortir en mer au-delà de trois miles nautiques (de ce fait, 85 % des zones marines promises aux Palestiniennes et Palestiniens par les accords d’Oslo sont inaccessibles à la population palestinienne) et pris sous le feu de l’armée israélienne en cas d’« infractions » s’en trouvent ainsi quasiment incapables de travailler et ne peuvent guère se nourrir, eux-mêmes et leurs familles. En parallèle, les Palestiniennes et Palestiniens sont privés d’accès à 17 % de la bande de Gaza, le gouvernement israélien ayant en effet déclaré qu’il s’agissait de « zones tampon », ce qui correspond à 35 % de la surface agricole exploitable.

Lorsque l’autorité palestinienne de l’environnement adressait sa mise en garde aux personnes vivant dans la bande de Gaza, de 35 à 45 % des eaux de mer étaient déjà contaminées. Pourcentage passé à 70 % du fait de l’agression israélienne contre la bande de Gaza. Avant même la guerre, la proportion d’eaux usées pouvant être traitées et utilisées, en agriculture par exemple, n’était que de 25 %. Résultat des dommages, graves parfois, causés pendant la dernière guerre aux systèmes d’évacuation et d’épuration des eaux usées, les Palestiniennes et Palestiniens sont plus que jamais dépourvus d’équipements pour traiter les eaux usées. Selon des indications de l’autorité de Gaza en matière d’environnement, le volume des eaux non traitées et « évacuées » en mer Méditerranée peut atteindre 100 000 m³ par jour. Les répercussions en résultant finiront tôt ou tard par se faire sentir ailleurs également et ne se restreindront nullement aux eaux de mer situées à proximité directe de Gaza.

Des déchets dangereux

Dans son rapport, le Dr Amal Sarsour expose dans le détail qu’aucune gestion effective des déchets n’existe dans la bande de Gaza et que même la surface au sol nécessaire pour installer des décharges répondant aux normes minimales fait défaut. Et d’ajouter que la situation s’est considérablement dégradée par suite de la guerre à Gaza : endommagement de véhicules d’enlèvement des déchets et blocage des accès aux décharges existantes. En conséquence, des déchets ont été déchargés sur 16 sites non officiels, et les immondices déposées sur les décharges existantes ont atteint un volume de 76 000 tonnes. À cela s’ajoutent 20 000 tonnes de déchets entassés dans des décharges provisoires.

Il ne faut par ailleurs pas oublier l’énorme quantité de gravats et de décombres, parfois contaminés, résultant des effroyables destructions à grande échelle pendant la guerre de Gaza. Les personnes maintenant sans abri et dépourvues des matériaux nécessaires à la reconstruction de leurs maisons sont désormais menacées dans leur santé par ces décombres estimés à 2 millions de tonnes et dont personne ne sait comment et où s’en débarrasser. Par comparaison : après la guerre de Gaza en 2008/2009, alors que guère personne ne tenait pour possible une attaque encore plus massive, plus brutale et plus destructrice, les débris faisaient quelque 600 000 tonnes.

Pollution de l’air

Les bombes et autres projectiles, dans de nombreux cas prohibés par le droit international et utilisés pendant la guerre par l’armée israélienne contre la population de la bande de Gaza, ont coûté la vie à plus de 2 000 personnes et en ont grièvement blessé des milliers d’autres. Comme si cela ne suffisait pas, ces 20 000 tonnes de munitions contenant des substances délétères ont pollué durablement l’environnement, ôtant ainsi aux Gazaouis un pan supplémentaire du fondement de leur existence et de leur avenir. Les polluants infiltrés dans le sol sont ensuite soulevés en tourbillons par le vent pour ainsi enrichir l’air en particules toxiques.

Avant tout les munitions à uranium appauvri risquent de provoquer des malformations et des maladies chez les personnes qui inhalent l’uranium. Les femmes qui en sont affectées pendant leur grossesse donnent fréquemment naissance à des enfants mal-formés ou atteints de cancer.

D’après le Dr Amal Sarsour, des gaz toxiques ont par ailleurs été libérés dans l’air par le bombardement de l’unique centrale électrique de la bande de Gaza. Conséquence, deux millions de litres de diesel auraient brûlé, d’énormes nuages de fumée seraient montés dans l’air, causant ainsi un grand nombre d’affections sérieuses des voies respiratoires. En plus du fait que les hôpitaux et infirmeries de la bande de Gaza ne sont plus que dans un état de marche très rudimentaire, voire qu’ils sont détruits, même des maladies comparativement bénignes pour l’homme mutent en une catastrophe impossible à maîtriser et peuvent signer l’arrêt de mort d’enfants et de personnes âgées. Les médecins et les personnels soignants présents sur place sont bien trop peu nombreux pour traiter les victimes de la catastrophe environnementale ou les personnes blessées pendant la guerre, grièvement pour nombre d’entre elles. Puis viennent les pannes de courant : l’alimentation électrique est défaillante de 12 à 16 heures par jour, parfois même 20 heures durant. Dès avant la guerre de l’été 2014, les hôpitaux de Gaza devaient s’en remettre régulièrement à des groupes électrogènes ; la pénurie d’électricité empêche fréquemment les opérations chirurgicales. Les soins à l’étranger sont onéreux et souvent impossibles parce que les autorités israéliennes ou égyptiennes refusent aux personnes concernées le droit de sortir du territoire.

Il faut enfin lever le blocus de la bande de Gaza

Vu que la bande de Gaza ne dispose pas de la plupart des matériaux et des ressources naturelles nécessaires à la reconstruction, mais aussi à la maintenance de l’infrastructure de manière générale, la population locale est tributaire des importations. Or le blocus imposé par les gouvernements israélien et égyptien constitue un empêchement majeur à ce que des articles d’importance vitale, denrées alimentaires, médicaments et appareils médicaux par exemple, mais aussi carburants et matériaux de reconstruction, ciment en particulier, puissent parvenir à Gaza. Les 4,3 milliards d’euros dégagés pour la reconstruction de la bande de Gaza lors d’une conférence de bailleurs de fonds, au Caire en octobre 2014, ne peuvent donc pas être débloqués en raison du refus du gouvernement israélien de laisser à tout le moins un volume minimum de matériaux et de produits passer librement les frontières. Soustraire de la sorte les moyens basiques d’existence aux habitants contraints de continuer à vivre dans les ruines causées par la récente guerre de Gaza est un crime et une violation de toutes les normes internationales.

Il est du devoir de la communauté internationale, et en particulier des responsables politiques répétant à l’envie qu’il faut trouver une solution de paix au Proche-Orient et faire appliquer le droit international, de passer enfin de la parole aux actes et de peser de tout leur poids pour que soit mis un terme au blocus de Gaza. À défaut que soient créées très rapidement les conditions qui permettraient de retourner une situation d’ores et déjà presque inexorable à Gaza, les habitants de cette petite bande littorale sont exposés au très sérieux danger d’un anéantissement durable des fondements de leur existence. C’est seulement et enfin à la condition de militer conjointement pour que des techniques performantes parviennent jusqu’à la bande de Gaza et puissent y être mises effectivement en œuvre qu’un avenir digne d’être vécu, davantage qu’une simple utopie, s’ouvrira à Gaza et à ses habitants.

Il n’est guère plus possible de parler de la bande de Gaza comme devant rester un lieu habitable – encore faut-il la rendre de nouveau habitable. Les guerres successives menées au rythme de tous les deux ans contre Gaza et ses habitants ramènent à chaque fois et à chaque attaque le territoire plus encore en arrière que cela ne serait de toute manière le cas, même sans les attaques israéliennes, en raison du manque de moyens et de l’évolution démographique. Mais c’est aussi le blocus imposé en violation du droit international à la bande de Gaza et à sa population qui est dans une très large mesure responsable de la catastrophe qui prévaut aujourd’hui et qui sera irréversible en l’an 2010 au plus tard. Même le Bundestag allemand qui, tout comme les milieux politiques allemands en général, est mal à son aise pour se prononcer en toute clarté sur le conflit israélo-palestinien en raison de l’histoire allemande, a invité unanimement le gouvernement fédéral, en juin 2010, à œuvrer avec insistance pour que soit levé le blocus de Gaza. Guère rien ne s’est fait depuis lors. Mais les habitants de Gaza ont le droit de ne pas être laissés à l’abandon, dans cette détresse dont la communauté internationale elle-même porte une part de responsabilité. Sans quoi la bande de Gaza ne va pas poursuivre simplement sa course à l’abîme sans mot dire, mais exploser. Nul doute que cela ne serait bénéfique ni à la sécurité d’Israël ni à celle de la région proche-orientale dans son ensemble.

Le gouvernement fédéral et l’UE doivent enfin s’engager pour que l’infrastructure de la bande de Gaza soit remise en état et modernisée aussi rapidement que possible. Il est d’une urgence absolue de traiter les eaux usées et, à cette fin, de construire des stations d’épuration pour toute la bande de Gaza. Il faut réparer et moderniser les stations d’épuration existantes. La communauté internationale doit se fixer pour toute première priorité de mettre un terme à la contamination progressive des nappes phréatiques de Gaza et à la pollution calamiteuse de l’eau de mer, ainsi que de remédier aux dégâts déjà intervenus. Il faut garantir les fondements de l’existence des agriculteurs et des pêcheurs, de même que ceux du reste de la population de ce territoire. Des centrales permettant une production autarcique, durable et renouvelable, des panneaux solaires et la construction d’éoliennes sont un préalable indispensable pour assurer la fourniture d’énergie sur la durée et stopper ainsi l’évolution fatale de la bande de Gaza. Totalement délabrées, les conduites d’eau doivent être assainies pour ainsi réduire les énormes pertes d’eau, moyen de réduire sensiblement les prélèvements sur les nappes phréatiques et de stopper les infiltrations d’eau de mer. En même temps, il faut moderniser le système des eaux usées, construire et rechanger les conduites d’eaux usées de Gaza.

En résumé, il conviendrait de mettre en route à Gaza un programme d’infrastructures écologiques garantissant durablement les moyens d’existence des habitants. Mais tout cela ne peut aboutir que si, dans le même temps, le gouvernement israélien libère enfin les surfaces interdites d’accès afin qu’une mise en valeur agricole assurant la production autonome de denrées alimentaires puisse se mettre en place dans ces zones. À long terme, il faudra s’attaquer à la décontamination des sols dans certaines parties de Gaza afin que l’état de santé de la population s’améliore durablement. Il importe donc que le mouvement de solidarité avec Gaza associe des fédérations internationales de protection de la nature et de l’environnement. Nous devons nous mobiliser sans tarder pour combattre une situation environnementale qui ne cesse d’empirer et mettre en route un programme d’assainissement écologique afin de préserver les moyens d’existence de plus de deux millions de personnes.

Annette Groth et Wiebke Diehl | 6 février 2015

Annette Groth

Annette Groth est sociologue de développement; depuis 2009 députée du parlement allemand, porte-parole en matière des droits de l’Homme du groupe politique Linke. Présidente du groupe d’amitié interparlementaire allemand-grec, participante de la flotte de Gaza 2010, auteure de nombreux articles sur les violations des droits en particulier au Proche-Orient, elle soutient la suspension de l’accord association entre l‘UE et Israël.

Source: https://arretsurinfo.ch/une-catastrophe-ecologique-et-sociale-rend-gaza-inhabitable/