Par Marc Jean
Publié par Arretsurinfo.ch le 31.12.2023
Les États-Unis sont devenus le premier fournisseur de gaz de la France, selon une information récente publiée dans les médias. En même temps, entre août 2021 et 2023, le prix du Kwh de gaz pour les ménages a connu une hausse exponentielle, comme d’ailleurs le Kwh électrique. Curieuse coïncidence ? Le conflit en Ukraine a été une aubaine pour les producteurs de gaz outre-atlantique, dont les profits se sont envolés. Quant à l’industrie militaire, aux États-Unis et en Europe, ses carnets de commande sont remplis pour plusieurs années. La guerre en Europe ne fait pas que des malheureux !
L’opinion publique comprendra-t-elle un jour que ce conflit est le résultat d’une gigantesque machination des ennemis de la Russie ? Une opération préparée dans l’ombre depuis des années. Un scénario imparable que seuls des génies maléfiques ont pu théoriser et mettre en œuvre ? Il est facile, même simpliste, de diaboliser le Président russe et de l’accuser de tous les maux. Et très efficace pour abuser une opinion publique crédule et peu au fait des questions de géopolitique. Les rares experts dans ce domaine, exprimant une opinion divergente de celle des médias dominants, sont exclus du débat. Même un homme de l’envergure de Pierre de Gaulle, petit fils du Général de Gaulle, est devenu « persona non grata » en raison de ses prises de position nuancées dans cette crise(1). Tout juste s’il n’a pas été renié par sa famille et ses proches ! Des experts et des intervenants de qualité comme Pierre Asselineau (2), Michel Collon (3), Caroline Galacteros (4), Jacques Baud,(5), Guy Mettan (6), et bien d’autres, ont été bannis des médias dominants car s’écartant de la doxa officielle.
Le seul but véritable de ce conflit est de découpler la Russie de l’Europe occidentale et de la rejeter dans les tréfonds de l’Est du continent, pour empêcher l’émergence d’un bloc européen partenaire économique de la Russie et susceptible de revendiquer son indépendance. Et accessoirement, de détruire la Russie(7) en la démembrant en plusieurs entités secondaires susceptibles d’être plus facilement absorbées par les prédateurs mondialistes. Les comploteurs ont trouvé de nombreux alliés, parmi les médias et les dirigeants politiques européens. Ce complot a été tissé savamment, avec patience et persévérance. Avec le recul, il est possible d’analyser toutes les étapes depuis une trentaine d’années.
Un complot tramé depuis de nombreuses années
Après la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, les comploteurs ont fait miroiter à la Russie « qu’une intégration dans une maison commune européenne était possible et qu’elle se développerait parallèlement à la transformation de l’OTAN pour aboutir à un espace européen plus inclusif et intégré, et que le règlement de l’après-guerre froide tiendrait compte des intérêts de sécurité de l’Union soviétique »et ce alors même qu‘ils préparaient en coulisses l’élargissement de l’OTAN »(8).
Le Président Gorbatchev, un homme honnête pensait, bien à tort, que les engagements des dirigeant occidentaux seraient respectés. Autant en emporta le vent de l’Histoire…En quelques années, ces engagements ont été oubliés et de nombreux États de l’ancien Pacte de Varsovie ont rejoint l’OTAN. En 1999, après la RDA, ce seront la Pologne, la Tchéquie, la Hongrie, puis, en 2004, la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie.
Quand, à leur tour, l’Albanie et la Croatie ont rejoint cette organisation, le Président Gorbatchev a rappelé, en vain, les belles promesses jamais tenues : « Les Américains n’ont pas tenu parole, et les Allemands n’en ont eu cure. Peut-être même se sont-ils frottés les mains, en se félicitant d’avoir vaincu les Russes avec autant de brio….A présent, les Russes ne croient plus aux promesses occidentales. » déclarait-il avec amertume (9).
Dans un discours prononcé le 10 février 2007, lors de la conférence de Munich sur la sécurité, le Président Poutine critiqua vivement la tentative des États-Unis de créer un monde unipolaire, soutenue par l’élargissement de l’OTAN : « Je pense qu’il est évident que l’expansion de l’OTAN (…) représente une grave provocation qui réduit le niveau de confiance mutuelle. Et nous sommes en droit de demander : contre qui cette expansion est-elle destinée ? Et qu’est-il advenu des assurances que nos partenaires occidentaux avaient données après la dissolution du Pacte de Varsovie ? »(10).
L’étape décisive sera l’opération de retournement de l’Ukraine réalisée lors de ce que l’on a appelé »la révolution de Maïdan », et qui n’était « qu’un coup de force appuyé par les États-Unis dans l’installation d’un régime russophobe en Ukraine par le renversement violent du président ukrainien pro-russe, Viktor Yanukovych, en février 2014. La guerre en Ukraine a commencé avec le renversement de Yanukovych il y a neuf ans, et non en février 2022 comme le gouvernement américain, l’OTAN et les dirigeants du G7 voudraient nous le faire croire. » écrit Jeffrey D.Sachs(10).
Les accords de Minsk de 2014 censés mettre fin à la guerre au Donbass, garantis par la France et l’Allemagne, serviront d’écran de fumée(11) pour permettre à l’OTAN de réarmer l’Ukraine. En février 2022, l’armée ukrainienne nouvellement formée était sur pied de guerre, et se préparait à envahir le Donbass, rééditant l’opération »Tempête » effectuée en Croatie. [en août 1995, au terme d’une offensive éclair – l’opération « Tempête » (« Oluja ») –, l’armée croate commandée par le général Ante Gotovina reprend le contrôle de l’ensemble de la Krajina (région à prédominance serbe qui s’était proclamée autonome). Cette reconquête est suivie d’un exode massif de populations serbes : plus de 300 000 réfugiés quittent la Krajina pour la Serbie.]
Dans une vidéo tournée le 18 mars 2019, Olekseï Arestovitch, conseiller de Volodymyr Zelensky, explique avec cynisme « qu’il fallait créer les conditions pour forcer la Russie à attaquer l’Ukraine ! » La perfidie et la ruse des comploteurs sont véritablement diaboliques(12).
Les mâchoires de la machination se refermaient, ne laissant plus aucune autre échappatoire à la Russie. Selon la formule du roi Frédéric II de Prusse: « L’agresseur est celui qui oblige son adversaire à recourir aux armes »(13).
Pourtant ce n’est pas faute à la Russie qui a tenté à plusieurs reprises de négocier : pour tenter d’empêcher l’élargissement de l’OTAN vers l’Est ; pour tenter de trouver des accords de sécurité appropriés avec les États-Unis et l’Europe ; pour tenter de régler les questions interethniques en Ukraine après 2014 (accords de Minsk I et Minsk II) ; pour tenter de maintenir des limites sur les missiles anti-balistiques. En vain. En réponse, toujours des fins de non-recevoir arrogantes.
Dans un discours à la nation, à la veille du déclenchement de l’opération militaire en Ukraine, le 24 février 2022, le président Poutine déclarait : « C’est un fait qu’au cours des 30 dernières années, nous avons patiemment essayé de parvenir à un accord avec les principaux pays de l’OTAN sur les principes d’une sécurité égale et indivisible en Europe.
En réponse à nos propositions, nous avons invariablement été confrontés soit à des tromperies et des mensonges cyniques, soit à des tentatives de pression et de chantage, tandis que l’Alliance de l’Atlantique Nord continuait à s’étendre en dépit de nos protestations et de nos inquiétudes. Sa machine militaire est en marche et, comme je l’ai dit, elle s’approche de notre frontière »(14.
Les médias sont complices de la machination
Lors de tout conflit, la propagande et la désinformation sont utilisées comme moyens de renforcer son camp et de décourager l’adversaire. Bien entendu, pour jeter des peuples l’un contre l’autre, et les conduire à s’entre-tuer, il faut aussi diaboliser l’adversaire. La russophobie dans les médias occidentaux, à l’exception notoire du Monde diplomatique, a dépassé en fureur tout ce qu’on avait entendu pendant les pires années de la guerre froide.
A ce jour aucune institution ni ONG n’a étudié l’influence des médias dans l’actuel conflit en Ukraine. Il faut donc féliciter l’université de Mayence, d’avoir, la première, publié une étude sur la couverture médiatique allemande des événements en Ukraine.
Dans une recension de cette étude, publiée le 22 décembre 2022, sur le site du Saker Francophone (15), Felix Livshitz écrit que « leurs conclusions confirment que, depuis le 24 février 2022, les médias ont joué un rôle majeur pour maintenir le conflit et rendre moins probable un règlement négocié. En publiant un contenu presque universellement baisé, pro-guerre et anti-Russie ».
Il ajoute que cette enquête montre « comment les journalistes comptent parmi les lobbyistes les plus agressifs et les plus efficaces en faveur de la guerre. Une enquête similaire sur la couverture médiatique du conflit dans n’importe quel État occidental aboutirait probablement à des conclusions similaires».
Il serait fastidieux en effet de relever dans la presse française et occidentale, tous les articles agressifs et remplis de contre-vérité diffamant et diabolisant la Russie et son Président. Relevons en France « une triade jusqu’au-boutiste formée par le Monde, le Figaro et Libération qui donne le ton et aligne, parfois au mot près, les mêmes mots d’ordre : »Céder face à Poutine signerait une défaite stratégique catastrophique pour l’Occident. (…) Les alliés de Kiev devront accélérer le rythme et la qualité des livraisons d’armes », proclame Le Figaro (10 août 2023). » Oui, cette guerre risque d’être longue. Le seul moyen de l’abréger est d’intensifier l’assistance militaire à l’Ukraine » confirme l’éditorialiste du Monde (18 août 2023). D’autant, insiste Serge July dans Libération (14 août 2023), qu’ » il s’agit d’une guerre au cœur de l’Europe contre les régimes autoritaires, antidémocratiques qui privilégient la force et la tyrannie ». France Inter, LCI, BFM TV et la plupart des autres médias exécutent la même partition» (16).
Mais qui sont les organisateurs de cette machination ?
Ce ne sont certainement pas les dirigeants politiques états-uniens et européens, bien incapables d’élaborer, et surtout de mener à bonne fin, un scénario aussi complexe, nécessitant de multiples connexions et interactions.
Pour ce faire, il faut disposer de temps, d’un temps long et de compétences, ce dont sont dépourvus les personnages politiques évoluant sur scène tels des marionnettes. Il faut aussi disposer d’agents d’influence au plus haut niveau des États. Il faut être en mesure d’exercer des pressions, par des moyens financiers entre autres, sur les médias. Comment expliquer, sinon, le suivisme de l’ensemble des dirigeants occidentaux, exceptés les dirigeants hongrois et maintenant slovaques, dans une russophobie fanatique ? Comment expliquer, sinon, pourquoi l’ensemble des médias, à de très rares exceptions, se vautrent dans une haine de la Russie, au mépris de toute décence, sans même parler de déontologie ?
Il faut être capable, dans l’ombre, de jongler avec de multiples paramètres géopolitiques. Il faut être un as de la dissimulation et du mensonge. Il faut être un génie du mal, sans aucun scrupule, sans aucun sentiment humain. Il faut être un monstre tout simplement au service du Mal.
Le journaliste Chris Hedges [lauréat du prix Pulitzer, il a été correspondant à l’étranger pendant 15 ans pour le New York Times, chef du bureau du Moyen-Orient et chef du bureau des Balkans du journal] nomme ce groupe d’individus malfaisants « les proxénètes de la guerre : comme une souche mutante d’une bactérie résistante aux antibiotiques, ils ne peuvent pas être vaincus. Peu importe à quel point ils ont tort, à quel point leurs théories sont absurdes, combien de fois ils mentent ou dénigrent d’autres cultures et sociétés comme non civilisées ou combien d’interventions militaires meurtrières tournent mal »(18).
Ce groupe maléfique sacrifie allègrement des milliers, des dizaines de milliers d’hommes à leur idole démoniaque. Il est même probable que cela ne les dérange pas dans leur sommeil, car ils ont vendu leur âme aux puissances maléfiques. La destruction des nations et des peuples, pour les soumettre à leur volonté, est leur principe directeur…
Malheureusement, leur puissance est telle qu’il n’y a aucun espoir de les vaincre, comme l’écrit fort justement Chris Hedges. Après la Russie, ils s’en prendront à la Chine…
(1)Pierre de Gaulle : « Les Russes ont jusqu’à présent été très patients »
(2) Dialogue Franco-Russe – YouTube
(3)Michel Collon : »Les USA ont soutenu les pires extrémistes » (Yougoslavie, Libye, Syrie, Ukraine).
(4)Caroline Galactéros: “Poutine n’est pas un autocrate, un dictateur, ni un fou dangereux !”
(5)Jacques Baud: “Les Ukrainiens ne veulent plus se battre”
(6) Les causes profondes de la guerre en Ukraine
(7)Le plan américain pour démanteler la Russie par M. François Asselineau
(8) L’expansion de l’OTAN: Ce que Gorbatchev a entendu
(9) « Russen über den Tisch gezogen – Gorbatschow kritisiert Nato » (Les Russes arnaqués -Gorbatchev critique l’Otan) Die Presse, 2 avril 2009, cité dans : GASSER Daniele, Les Guerres illégales de l’OTAN, p.294
(10)La guerre en Ukraine a été provoquée
(11) Angela Merkel, l’aveu de François Hollande : Les accords de Minsk, duperie de l’Occident ?
(12)« Predicted Russian – Ukranian war in 2019 – Alexey Arestovitch », Youtube, 18 mars 2022, cité dans BAUD Jacques, Opération Z, p.26
(13)L’agresseur est celui qui oblige ses adversaires à recourir aux armes
(14)Allocution du président de la Fédération de Russie, le 24 février 2022 (discours intégral)
(16)https://www.monde-diplomatique.fr
(17)Chris Hedges : Les proxénètes de la guerre