Deux journalistes condamnés pour avoir alerté le monde sur le trafic d’armes organisé [voir la vidéo] par les services secrets turcs; armes destinées aux groupes de mercenaires djihadistes, (dans cette même zone turkmène où les avions de chasse turcs F-16 ont abattu un bombardier russe Su-24 impliqué dans la campagne anti-Daesh en Syrie). SC
Can Dündar, le rédacteur en chef de Cumhuriyet, et Erdem Gül
Turquie: pluie de critiques après l’incarcération de 2 journalistes
L’incarcération de deux journalistes d’opposition a relancé vendredi les critiques contre la dérive liberticide du gouvernement d’Ankara. Ils avaient fait état de livraisons d’armes controversées par la Turquie aux rebelles islamistes syriens.
A Istanbul, plus d’un millier de personnes, journalistes, élus d’opposition ou intellectuels pour la plupart, se sont rassemblés devant le siège de leur quotidien, Cumhuriyet, pour critiquer le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan. Il est accusé une nouvelle fois de vouloir étouffer la liberté de la presse.
Plus d’une centaine de personnes ont également protesté à Ankara aux cris de “la presse libre ne se taira pas”. De brefs incidents les ont opposées aux forces de l’ordre.
Risque de 45 ans de prison
Jeudi soir, Can Dündar, le rédacteur en chef de Cumhuriyet, et Erdem Gül, le chef de son bureau à Ankara, ont été inculpés par un tribunal d’Istanbul pour “espionnage” et “divulgation de secrets d’Etat” et écroués jusqu’à leur procès. Ils risquent jusqu’à quarante-cinq ans de réclusion.
En mai dernier, le journal avait diffusé des photos et une vidéo de l’interception, en janvier 2014 à la frontière syrienne, de camions appartenant aux services secrets turcs (MIT) et transportant des armes destinées à des rebelles islamistes syriens.
L’affaire a provoqué un scandale en Turquie. Le gouvernement turc a toujours nié soutenir les rebelles extrémistes, dont le groupe Etat islamique (EI), et répété que le convoi intercepté contenait de “l’aide” pour les populations turcophones de Syrie.
Récompensé par RSF
Sitôt l’article paru, M. Erdogan avait personnellement porté plainte contre M. Dündar. “Il ne s’en sortira pas comme ça”, avait-il menacé, furieux.
Devant le tribunal, le rédacteur en chef de Cumhuriyet, qui a reçu la semaine dernière en France le prix pour la liberté de la presse de Reporters sans frontière (RSF) et TV5 Monde, a défendu jeudi le travail de son équipe. “Un journaliste n’est pas un agent du gouvernement”, a-t-il plaidé, “mon travail consiste à surveiller l’Etat au nom du peuple et à lui demander de rendre des comptes”.
Sitôt rendue, la décision du tribunal a suscité un tollé en Turquie et à l’étranger. A l’avant-veille d’un sommet avec la Turquie dimanche sur la crise des migrants, l’Union européenne (UE) a jugé l’arrestation des deux journalistes “inquiétante”.
ATS – 27 nov. 2015
La Turquie prise la main dans le sac. Une vidéo montre qu’elle livre des armes aux terroristes
Silvia Cattori | 30 mai 2015
Des photos et une vidéo apportent maintenant la preuve, que la Turquie, membre de la coalition censée combattre les groupes terroristes qui ravagent la Syrie et l’Irak, et alliée de l’OTAN, livre des armes aux groupes terroristes en Syrie, ce que le gouvernement d’Ankara a toujours nié jusqu’ici.
Le quotidien d’opposition Cumhuriyet a diffusé le 29 mai, dans son édition papier et sur son site internet, des photos d’obus de mortiers, lance-grenades, munitions de divers calibres, dissimulés sous des médicaments dans des camions du MIT (services de renseignements turcs) interceptés en janvier 2014 par la gendarmerie turque à Adana, près de la frontière syrienne. Armes destinées aux groupes islamistes.
Le président Erdogan a prétexté qu’il s’agissait de camions affrétés par une ONG transportant des « aides humanitaires » destinées aux Turkmènes de Syrie.
Can Dündar
Can Dündar, le rédacteur en chef du quotidien Cumhuriyet, qui a révélé le 28 mai 2015 ces transferts d’armes vers la Syrie intercepté par les gendarme à la frontière, a été poursuivi par la justice pour espionnage pour avoir publié les photos et la vidéo.
Les camions convoyaient plus d’un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades.
Silvia Cattori | 30 mai 2015