La Chine n’a jamais explicitement condamné les attentats du 7 octobre. Selon elle, cette date ne peut être dissociée de plus de sept décennies de barbarie, d’apartheid et d’occupation israéliennes. Naturellement, la Chine s’est attiré les foudres d’Israël, qui a exprimé sa “profonde déception” face à son refus de condamner le Hamas. Pour autant, la Chine n’a pas cédé aux pressions israéliennes ni adouci son discours. Au contraire, le 22 février 2024, Ma Xinmin, conseiller juridique du ministère chinois des Affaires étrangères et membre de la Commission du droit international, a résumé le point de vue de la Chine sur les activités du Hamas lors d’une présentation devant la Cour internationale de justice à La Haye. Voici un extrait de son discours :
“Le conflit israélo-palestinien trouve son origine dans l’occupation continue des territoires palestiniens par Israël et dans l’oppression dont le peuple palestinien est victime depuis si longtemps. Le peuple palestinien lutte contre l’oppression israélienne et son combat pour la création d’un État indépendant sur les territoires occupés est une action parfaitement légitime visant à rétablir ses droits fondamentaux. Le droit à l’autodétermination constitue le fondement juridique précis de cette lutte.” —MEMRI
En choisissant un juriste, membre de la Commission du droit international pour défendre son point de vue, la Chine souligne l’importance qu’elle accorde aux questions juridiques plus générales de la légitimité de l’attaque du Hamas au regard du droit international. M. Ma conclut que l’attaque est non seulement justifiable, mais que les militants qui y ont participé disposaient du “droit inaliénable” de mener des opérations destinées à mettre fin à l’occupation israélienne. Voici ses propos :
“Le recours à la force par le peuple palestinien pour résister à l’oppression étrangère et mener à bien la création d’un État indépendant est un droit inaliénable… La lutte menée par les peuples pour leur libération, leur droit à l’autodétermination, y compris la lutte armée contre le colonialisme, l’occupation, l’agression et la domination des forces étrangères, ne doit pas être considérée comme du terrorisme”. —MEMRI
La déclaration de M. Ma ne doit pas être interprétée comme un soutien aux attaques contre des civils innocents. Il s’agit toutefois d’une défense forte du droit des peuples persécutés à participer à la lutte armée contre leurs oppresseurs.
La plupart des lecteurs ignorent que la Chine a résisté à la coercition d’Israël et défendu le droit international dans le cadre des attaques du 7 octobre. Ils ignorent que la Chine a pris position sur une question de principe et n’a jamais fléchi. Bien sûr, la plupart des gens ne réalisent pas que sur les 195 pays que compte le monde, seuls 13 désignent officiellement le Hamas comme une “organisation terroriste”.
Beaucoup pensent que le qualificatif de terroriste est appliqué universellement et que le reste de l’humanité voit le monde à travers le même prisme déformé que les Américains. Or, ce n’est pas le cas. Ils considèrent le Hamas comme un mouvement de libération nationale dûment élu pour gouverner Gaza en 2006, à la suite d’élections “libres et équitables” imposées aux Palestiniens par l’administration Bush. Aujourd’hui, le Hamas sert de prétexte pour massacrer des femmes et des enfants à Gaza à grande échelle. La plupart des dirigeants occidentaux ont exprimé leur soutien au bain de sang perpétré par Israël depuis 18 mois, tandis que la Chine s’y est non seulement opposée, mais a également défendu le droit des Palestiniens à la lutte armée. Voici ce qu’en dit le professeur Richard Falk, éminent spécialiste du droit international et ancien rapporteur spécial des Nations unies pour la Palestine :
“Le droit à la résistance a été affirmé durant le processus de décolonisation des années 1980 et 1990, et cela inclut le droit à la résistance armée. Toutefois, cette résistance doit respecter les lois internationales de la guerre.
“Même le préambule de la Déclaration universelle des droits de l’homme stipule que ‘considérant qu’il est essentiel, pour que l’homme ne soit pas contraint de recourir en dernier ressort à la rébellion contre la tyrannie et l’oppression, que les droits de l’homme soient protégés par des règles de droit’ .
“Israël ne respecte pas les lois internationales de la guerre – à titre d’exemple, la situation à Gaza est l’une des violations les plus flagrantes non seulement du mépris total d’Israël pour les lois de la guerre, mais aussi pour l’ensemble du dispositif des lois internationales et humanitaires.
“Les Palestiniens, en revanche, qui sont en état de légitime défense permanente, sont animés par un ensemble de valeurs différentes de celles d’Israël. L’une d’elles est qu’ils sont pleinement conscients de la nécessité de maintenir la légitimité morale de leurs méthodes de résistance…
“S’il existe des preuves réelles d’atrocités ayant accompagné l’attaque du 7 octobre, celles-ci constitueraient des violations, mais l’attaque en elle-même est, dans son contexte, tout à fait justifiable et même attendue depuis longtemps”, a déclaré Falk. — Palestine Chronicle
Voilà pourquoi Israël a inventé tant d’histoires sur des bébés décapités, des viols collectifs et le meurtre de civils innocents.
L’intention est de persuader le public que le 7 octobre n’est pas l’expression légitime de la résistance politique, mais un acte de terreur gratuitement commis contre des gens ordinaires. Les analystes occidentaux se concentrent généralement sur des atrocités fictives qui servent à étouffer toute discussion rationnelle sur l’oppression historique ou les réalités politiques. Voici ce qu’en dit encore Falk :
L’une des stratégies utilisées par l’Occident et Israël a presque réussi à sortir le 7 octobre de son contexte, de sorte qu’il semble avoir surgi de nulle part…
“Le secrétaire général de l’ONU a même été diffamé et qualifié d’antisémite pour avoir simplement souligné une évidence, à savoir qu’‘il y a eu une longue histoire d’abus à l’encontre du peuple palestinien qui a mené à ce soulèvement” a-t-il ajouté, faisant référence à la simple déclaration d’Antonio Guterres selon laquelle le 7 octobre ‘ne s’est pas produit dans le vide’”. (Palestine Chronicle)
“Décontextualiser le 7 octobre” ?
Exactement. L’argument en faveur du génocide se fonde sur la décontextualisation du 7 octobre, qui serait un événement “isolé” nécessitant une réponse particulièrement violente. Mais le 7 octobre n’est pas un événement isolé. C’est l’explosion inévitable d’une résistance collective à des décennies de haine ethnique et de barbarie contre un peuple en particulier, qui a été dépouillé de ses droits civils et condamné à croupir dans un État d’apartheid.
“Notre État se doit de garantir la réalisation du droit à l’autodétermination et de s’abstenir de toute action coercitive privant un peuple de ce droit. Dans la poursuite de leur droit à l’autodétermination, ces peuples ont le droit de mener des luttes, de rechercher et d’obtenir un soutien sur la base de ce droit…
“De nombreuses résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies reconnaissent la légitimité de la lutte par tous les moyens, y compris la lutte armée, des peuples sous domination coloniale ou occupation étrangère pour réaliser leur droit à l’autodétermination”. — MEMRI
Naturellement, le discours de M. Ma a été largement censuré dans les médias occidentaux, où tout ce qui ne corrobore pas le discours israélien (selon lequel le 7 octobre était un acte terroriste) finit “à la poubelle”. Si la déclaration morale percutante de M. Ma avait été plus largement diffusée, nous sommes convaincus que le soutien dont bénéficie Israël aux États-Unis s’effondrerait.
La Chine propose de reconstruire Gaza
La Chine a soutenu toutes les résolutions de l’ONU visant à fournir une aide humanitaire à la population de Gaza. Elle est depuis le début un fervent soutien à la création d’un État palestinien et à la solution à deux États. Elle a appelé à plusieurs reprises à la fin des combats et à un cessez-le-feu immédiat. Elle a même rencontré les dirigeants du Hamas et du Fatah (en avril et juillet 2024) afin d’examiner la possibilité d’une réconciliation entre les deux groupes pour promouvoir l’unité palestinienne. Enfin, la Chine a proposé à plusieurs reprises de “reconstruire Gaza” une fois les hostilités terminées, soulignant ainsi l’engagement de Pékin en faveur d’un État palestinien indépendant vivant en coexistence avec Israël.
À chaque occasion, la Chine a soutenu les politiques de désescalade, de réconciliation et de paix. Elle a fait preuve du type de “clarté morale” et de leadership moral que nous aimerions voir de la part des États-Unis, mais qui fait cruellement défaut. C’est précisément cette clarté morale qui “guide ses décisions, même dans des situations complexes ou ambiguës, sans se laisser influencer par des intérêts concurrents ou le relativisme. Elle consiste à aligner ses actions sur un cadre moral cohérent, souvent ancré dans des valeurs universelles telles que l’honnêteté, l’équité ou la compassion”.
La barbarie d’Israël à Gaza témoigne de la déchéance morale inéluctable de l’Occident. Nous devrions être reconnaissants à la Chine de prendre le relais et de mener le monde vers le prochain siècle.
Sur l’une des questions les plus déterminantes de notre époque, la Chine a pris le parti de la décence et de l’humanité.
Source: Unz.com, 25 mai 2025