L’engagement du New York Times envers le sionisme commence avec son propre personnel.
Le New York Times a contribué à rendre possible et à soutenir le génocide en cours en Israël. Un nouveau dossier révèle les liens étroits entre 20 rédacteurs en chef, cadres supérieurs et journalistes du Times qui ont couvert Gaza et leurs liens avec Israël et le sionisme
“Le New York Times ne reconnaît pas la Palestine”, a dit un rédacteur du Times à l’intellectuel palestinien Ibrahim Abu-Lughod, qui a répondu : “Eh bien, la Palestine ne reconnaît pas non plus le NYT”
Nous mettons le New York Times en garde. Depuis que le génocide sioniste à Gaza a commencé il y a plus de 20 mois, le « journal de référence » a couvert les crimes de guerre d’Israël. Nous avons vu l’entité sioniste larguer des bombes de 900 kg sur des Palestiniens déplacés contraints de survivre dans des tentes, massacrer des Palestiniens affamés dans des centres d’aide humanitaire, arrêter et torturer des Palestiniens accusés de riposter ou de prodiguer des soins, détruire l’ensemble du système de santé de Gaza, raser presque toutes ses écoles et universités, endommager plus de 90 % des bâtiments résidentiels et empêcher l’acheminement de nourriture et de fournitures dans la bande de Gaza assiégée. Mais les journalistes du New York Times ont choisi d’ignorer, de dissimuler, de déformer ou de justifier chacun de ces crimes. Tout comme les fabricants d’armes, le New York Times fait partie de la machine de guerre : il produit, dans le domaine de l’opinion publique, l’impunité qui permet et soutient le génocide en cours perpétré par Israël.
Lors de notre première occupation du hall du New York Times, en novembre 2023, nous avons dénoncé le refus du journal de replacer l’opération Al-Aqsa Flood dans le contexte de l’occupation israélienne de la Palestine depuis plus de sept décennies, ainsi que son choix de présenter le bombardement de Gaza par l’armée israélienne comme une guerre ciblée contre le Hamas. Nous avons exigé du Times qu’il dise la vérité. Nous avons publié notre propre journal, The New York War Crimes, qui recense les noms des victimes palestiniennes de crimes de guerre. Il nous a fallu plus d’une heure rien que pour lire les noms des jeunes victimes âgées de moins d’un an. Nous avons appelé notre public à boycotter le Times, à se désabonner de l’ensemble de ses contenus et à cesser de lui accorder du temps, de la confiance et de l’attention.
Nous ne sommes pas les premiers à souligner l’engagement du Times envers le sionisme. Le dossier que nous avons publié ce mois-ci s’appuie sur le travail d’investigation de médias et d’organisations tels que The Electronic Intifada, Mondoweiss, The Intercept, Fairness and Accuracy in Reporting, ainsi que d’écrivains palestiniens qui dénoncent depuis des décennies la fraude du “journal de référence”. Depuis le 7 octobre, ces contestations ont gagné en visibilité et en urgence. Une analyse de la terminologie utilisée dans la salle de rédaction ainsi que des fuites sur les directives éditoriales du journal révèlent un parti pris anti-palestinien. Les corrections apportées aux titres du journal deviennent un outil privilégié du mouvement de solidarité avec la Palestine pour dénoncer le révisionnisme, rétablir la vérité et la diffuser. Notre dossier vient compléter ces informations en dénonçant 20 rédacteurs en chef, cadres et journalistes influents qui couvrent la guerre à Gaza et entretiennent des liens avec l’État sioniste, entachant ainsi davantage le prestige immérité du Times.
Natan Odenheimer a servi dans l’unité commando Maglan des forces spéciales israéliennes. Aujourd’hui correspondant du Times à Jérusalem, il écrit sur ses anciens frères d’armes et les accompagne lors de leurs missions. Comment peut-on s’attendre à ce qu’il rende compte objectivement de l’occupation alors qu’il a porté l’uniforme de l’occupant pendant quatre ans ? Isabel Kershner est la mère de deux anciens soldats des FIO et l’épouse d’un autre. Après son service, le mari d’Isabel Kershner a dirigé le programme de stratégie de l’information d’un think tank israélien, un organisme chargé de façonner une image positive d’Israël dans les médias. Inutile de se demander dans quelle mesure ces liens influent sur ses articles : depuis qu’elle écrit pour le Times, en 2007, Isabel Kershner a cité le think tank de son mari plus de 100 fois. Notre dossier, qui expose les liens et allégeances historiques des rédacteurs en chef, des dirigeants et des journalistes influents au sionisme, démontre clairement l’implication du Times. L’ensemble de l’institution est ainsi organisé pour protéger Israël de toute responsabilité internationale.
Le soutien du Times au sionisme et à la mission coloniale de l’État colonisateur dans toute la région est profondément ancré dans l’histoire du journal. A. M. Rosenthal, directeur de la rédaction du journal pendant près de deux décennies, a été loué lors de ses funérailles pour avoir montré à quel point on peut aimer Israël « autant que notre propre pays ». Max Frankel, rédacteur en chef du journal pendant plus de dix ans, a admis avoir écrit « d’un point de vue pro-israélien » et a déclaré qu’on le pressait de défendre Israël « qu’il ait raison ou tort ».
Le Times a condamné nos recherches dans la presse, les qualifiant de « campagne ignoble », mais refuse d’admettre que le meurtre de plus de 200 journalistes palestiniens par Israël a été intentionnel. Nous regrettons d’avoir qualifié Hossam Shabat, assassiné par l’armée israélienne, de « collègue » des journalistes de la presse d’élite qui diffusent leur propagande depuis des maisons volées dans Jérusalem occupée. Ceux qui servent dans l’armée israélienne, qui sont payés par le lobby israélien pour répandre la hasbara, ne sont pas les collègues des Palestiniens les plus courageux : ce sont leurs ennemis.
La réponse du journal à notre dossier repose sur la même logique perverse que ses articles : comment notre recherche pourrait-elle être à la fois “de notoriété publique” et “inexacte” ? Nous savons pourquoi le Times a gardé le silence sur le meurtre des professionnels des médias : les journalistes palestiniens exposent une vérité que le journal cherche à occulter. Ils sont constamment accusés d’être partiaux et incapables de rapporter les faits de manière objective, précisément parce qu’ils sont palestiniens. Leur identité est l’accusation ultime. Pour le Times, les Palestiniens sont privés d’équité, et leur lutte pour vivre libres est injuste, illégitime et condamnable.
“Le New York Times ne reconnaît pas la Palestine”, a déclaré un jour un rédacteur du Times à l’intellectuel palestinien Ibrahim Abu-Lughod. Ce dernier a répondu :
“Eh bien, la Palestine ne reconnaît pas non plus le New York Times”.
Son refus de reconnaître le Times il y a 37 ans était une invitation à remettre en cause son prestige. Nous devrions tous répondre à son appel et boycotter, désinvestir et nous désabonner du “journal de référence”. Pour nous imaginer une Palestine libre de notre vivant, il faut imaginer un monde sans le New York Times.
L’engagement du New York Times envers le sionisme commence avec son propre personnel.
Source: Mondoweiss.net