
Le 21 décembre 2022, le siège de l’OTAN à Bruxelles s’est joint à d’autres sites internationaux pour éteindre ses lumières en signe de solidarité avec l’Ukraine. (OTAN, Flickr, CC BY-NC-ND 2.0)
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Toutes les gesticulations du super-héros, aux manœuvres de plus en plus arrogantes & tapageuses, ne font qu’accélérer l’émergence inéluctable des BRICS/Sud global, réaffirmée lors du sommet de Rio.
Par Pepe Escobar, le 18 juillet 2025
Tous les vétérans du Vietnam et les objecteurs de conscience comprendront d’où vient le titre de cet article. Eh oui, les années 1960 sont bien loin derrière nous, et il est temps de réactualiser le concept (pas besoin d’IA) et d’élargir le champ d’action : désormais, vous pouvez être sûrs que partout dans le Far West sauvage, tous devront se battre et/ou subir trois guerres de l’OTAN simultanées.
Guerre n° 1
Bien sûr, c’est l’Europe contre la Russie. Ce n’est plus une guerre par procuration : c’est chaud, violent et direct. Alors que le front ukrainien est en phase de décomposition, de nouveaux fronts se multiplient : le Caucase du Sud, les opérations clandestines en mer Baltique, le recrutement massif du MI6 en Asie centrale, le terrorisme qui se profile en mer Noire, notamment en Crimée.
Le colonel Lawrence Wilkerson le résume succinctement : nous sommes déjà en pleine troisième guerre mondiale. En réalité, le long prélude à la Troisième Guerre mondiale est déjà bien engagé. À Washington, le grand manitou et les milliardaires/donateurs qui tirent les ficelles n’en ont bien sûr pas la moindre idée. Relire Keynes — Les conséquences économiques de la paix — est plus que jamais indispensable. L’histoire se répète (c’est moi qui souligne). Mais nous ne sommes ni en 1914 ni en 1935. Et aujourd’hui, la menace nucléaire est bien réelle.
Le Kremlin et le Conseil de sécurité russe en sont bien conscients. Dans une récente interview accordée à Kommersant, Sergueï Choïgou révèle même quelques chiffres clés de l’OTAN pour souligner l’ampleur de la menace à laquelle la Russie est confrontée : plus de 50 000 chars et véhicules blindés, plus de 7 000 avions de chasse, plus de 750 navires de guerre, 350 satellites militaires et civils, et un budget défense colossal..
Ce que le rusé Shoigu n’a pas dit, c’est que lorsque les choses se gâtent, il suffit de M. Khinzal, M. Sarmat, M. Zircon et M. Oreshnik pour paralyser toute la machine de l’OTAN en quelques minutes à l’aide de quelques cartes de visite stratégiques.
Guerre n°2
Cette fois, c’est l’Empire du Chaos contre l’Iran en Asie occidentale, avec Eretz Israël dans le rôle de l’acteur principal et mandataire.
Monsieur Loyal, dont l’unique “stratégie” consiste à conclure des accords louches pour s’enrichir et enrichir les escrocs qui l’entourent, rêve d’une Asie occidentale dominée par Israël, mélange toxique des accords d’Abraham 2.0 et du couloir IMEC. Et à créer, pour reprendre les termes d’Alastair Crooke, “une Asie occidentale sous contrôle des entreprises, centrée sur Tel Aviv (avec Trump comme président de facto !). Et grâce à cette connexion commerciale, elle pourrait ‘étendre son influence’ – les États du Golfe s’aventurant au cœur de l’Asie du Sud pour perturber l’influence des BRICS”.
Faire appel aux Arabes pour s’en prendre aux BRICS ne suffira pas, même avec MbZ aux Émirats arabes unis et MbS en Arabie saoudite, qui ont tous deux compris que cette escroquerie commerciale ne fonctionnera que si une réelle paix est instaurée à Gaza, ainsi qu’une solution humanitaire pour les Palestiniens et un plan de reconstruction de la bande de Gaza.
Mais le culte de la mort à Tel-Aviv s’y opposera : l’objectif est de tous les tuer, de voler la totalité de leurs terres et effacer leur culture. Et tandis que l’OTAN légitime pleinement ce génocide, le culte de la mort continue de bombarder tout ce qui bouge, tout en poursuivant la balkanisation de la Syrie et l’expansion d’Eretz Israël.
Guerre n°3
Cerise sur le gâteau, l’OTAN s’en prend à la Chine. Décidée lors du dernier sommet de La Haye, cette guerre vient s’ajouter à celle en cours contre la Russie.
Mais en réalité, l’arnaque ne s’arrête pas là : c’est la guerre de l’OTAN contre les BRICS.
L’annonce a été communiquée avec désinvolture par ce médiocre et insipide Hollandais qui fait passer le minable Norvégien Stoltenberg pour une star de la physique quantique. Le secrétaire général de l’OTAN, Rutti Frutti, vient de menacer directement l’Inde, la Chine et le Brésil, leur ordonnant d’“appeler Poutine” pour empêcher “papa” Trump de déclencher sa prochaine crise de colère tarifaire (TTT).
Pékin ne semble pas s’en soucier outre mesure. La Chine a en effet humilié le patron du cirque en ne cédant pas d’un pouce dans la guerre commerciale et tarifaire. La Russie l’a humilié en refusant de se laisser contraindre à un cessez-le-feu pathétique qui aurait permis à l’OTAN de se réarmer. L’Iran l’a humilié en refusant de signer une capitulation sans condition. Les Houthis ont humilié la marine américaine, une première dans les annales militaires, en poussant le patron du cirque à conclure un cessez-le-feu après un bombardement qui lui a coûté 1 milliard de dollars.
Au Brésil, Lula est sur le point d’humilier le patron en réaffirmant la souveraineté brésilienne dans un contexte de guerre commerciale et financière totale (Trump a même menacé de taxer le système de paiement numérique brésilien très populaire, PIX). Si des droits de douane de 50 % devaient être imposés, Lula affirme que Brasilia pourrait riposter contre l’“Empire du chaos” en vertu d’une loi de réciprocité.
Toutes les gesticulations du super-héros, dont chaque manœuvre se fait de plus en plus arrogante et tapageuse, ne font qu’accélérer l’émergence inéluctable des BRICS/Sud global, une alliance géoéconomique, géopolitique et géostratégique de proportions transcontinentales, réaffirmée lors du sommet de Rio.
La dynamique globale émane de ce que l’on peut appeler le “nouveau triangle Primakov” : le RIC (Russie, Iran, Chine), et leurs partenariats stratégiques interdépendants. Ce n’est pas un hasard si plusieurs universitaires chinois renommés se mettent eux aussi à conceptualiser l’environnement “post-occidental” émergent, avec deux nouveaux “I” dans les BRICS : plutôt que l’Inde, les BRIICS devraient être articulés autour de l’Iran et de l’Indonésie.
L’analyse de Tricontinental sur Europe révèle comment le chancelier allemand, homme de BlackRock et fervent belliciste, s’est engagé à consacrer 650 milliards d’euros ces cinq prochaines années aux dépenses militaires afin d’atteindre l’objectif de l’OTAN de 5 % d’ici 2035. En d’autres termes, Berlin devra lever “environ 144 milliards d’euros par an”, via l’austérité et l’endettement, sous forme de taxes supplémentaires massives pour les consommateurs allemands.
Voilà, en bref, le “programme” de “l’Occident en ruines” pour l’avenir proche : austérité pour tous (sauf pour les 0,01 %), mais des guerres (et non les diamants) éternelles de l’OTAN.
Source: Strategic-culture.su
Traduit par Spirit of Free Speech