Israël transforme les hôpitaux en charniers. Pendant ce temps l’Occident se focalise sur l’antisémitisme.
Un charnier creusé par les forces de défense israéliennes a été découvert dans un hôpital de Gaza, où des civils palestiniens semblent avoir été victimes d’un horrible massacre. “C’est du réchauffé, Caitlin”, dites-vous peut-être. “On sait déjà qu’un massacre et des fosses communes ont été découverts il y a quelques semaines à l’hôpital al-Shifa de Gaza”.
Non, non, il s’agit d’un autre charnier résultant d’un autre massacre perpétré par les Forces de défense palestiniennes dans un tout autre hôpital de Gaza. L’hôpital al-Shifa , aujourd’hui complètement détruit, se trouvait dans la ville de Gaza. Je parle du complexe médical Nasser à Khan Younis, où quelque 210 corps ont été découverts dans une fosse commune après le retrait des forces israéliennes de la ville au début du mois. Deux massacres différents, deux hôpitaux différents, deux fosses communes différentes remplies de civils palestiniens.
Les forces de défense israéliennes attaquent les hôpitaux, fauchent les civils et tentent d’enterrer les preuves de leurs crimes. C’est donc tout naturellement que la classe politico-médiatique occidentale se concentre sur le problème des allégations d’antisémitisme sur les campus universitaires.
“Biden dénonce l’antisémitisme sur les campus universitaires au milieu des manifestations à Columbia”, titre le Washington Post.
“Alors que les manifestations se poursuivent à Columbia, certains étudiants juifs se sentent visés”, nous avertit le New York Times.
“La Maison Blanche condamne les manifestations « manifestement antisémites » alors que les agitateurs envahissent l’université de Columbia”, annonce Fox News.
“L‘université de Columbia est confrontée à une véritable crise alors qu’un rabbin appelle les étudiants juifs à ‘rentrer chez eux’”, affirme CNN.
“Université de Columbia : La Maison Blanche condamne l’antisémitisme lors des manifestations universitaires”, rapporte la BBC.
Qu’Israël ait pris l’habitude de massacrer des civils et de les enterrer dans des fosses communes à l’extérieur des hôpitaux de Gaza, que les Forces de défense israéliennes aient massacré des enfants à Rafah ou que la Cour pénale internationale envisage d’inculper Benjamin Netanyahou et d’autres responsables israéliens pour crimes de guerre est bien moins intéressant que de savoir que certains étudiants sionistes se sentent mal à l’aise parce que d’autres étudiants affirment que les Palestiniens sont bien des êtres humains.
Ces questions sont certes importantes, mais loin d’être aussi graves que l’émotion suscitée chez certains juifs occidentaux par les manifestations en faveur de la Palestine. Le monde doit s’arrêter de tourner sur son axe jusqu’à ce que ce problème extrêmement grave soit résolu.
Toutes les manipulations et distorsions occidentales autour des atrocités massives commises par Israël à Gaza au cours des six derniers mois ont consisté à faire passer les réactions émotionnelles avant la perte de vies humaines. le ressenti des sionistes juifs occidentaux face aux sensibilités pro-palestiniennes. Ce qui lie secrètement Joe Biden à Netanyahou. Ce que les Israéliens pensent du 7 octobre.
Chaque fois que l’occasion se présente d’axer le récit sur les sentiments éprouvés par une population politiquement acceptable, les journalistes occidentaux se prêtent à l’exercice avec un enthousiasme débordant. Chaque fois qu’il faudrait mettre l’accent sur les atrocités commises par Israël, la presse occidentale est aux abonnés absents.
Si vous êtes de près ou de loin issu d’un groupe rejeté par l’empire occidental, votre famille entière peut être assassinée sous vos yeux sans que la classe politico-médiatique occidentale daigne vous considérer comme une victime. Si vous appartenez à un groupe que l’empire considère comme une entité humaine, le simple fait de toucher votre sensibilité sera considéré comme un crime de haine impardonnable.
Article original en anglais publié le 22 avril 2024 sur la newsletter de Caitlin Johnstone
