Des couvertures de magazines diabolisant Vladimir Poutine. Capture


Par Marc Jean – 30 Décembre 2022 – Arretsurinfo.ch

La russophobie de l’ensemble des médias occidentaux depuis plusieurs années n’est pas une nouveauté pour les lecteurs de ce site. De nombreuses contributions ont pointé la désinformation pratiquée par les médias mainstream et une étude exhaustive de la presse écrite et audiovisuelle apporterait les preuves de cet acharnement contre la Russie. Certes, la presse n’a pas le pouvoir de décision politique et les premiers responsables sont les stratèges anglo-saxons à la manœuvre pour détruire la Russie, comme nous l’avions analysé ici même. (1)

Mais, un conflit nécessite une adhésion de l’opinion publique et une savante préparation des esprits par une campagne de longue durée. Les médias ont commencé cette opération de diabolisation de la Russie dès le début de l’entrée en guerre de l’armée russe aux côtés de l’armée syrienne (2). Maria Khodynskaya-Golenishcheva écrit (3) à ce propos : « Les médias occidentaux continuèrent d’alimenter leurs campagnes hystériques (4) au sujet du ”cynisme de la Russie” face aux souffrances des populations civiles d’Alep ».

 Le journaliste indépendant écossais Alan MacLeod (5) constate : « Comme l’a écrit le journaliste et professeur d’université arméno-américain Ben Bagdikian, les médias de masse sont ”l’autorité à tout moment de ce qui est vrai et de ce qui est faux, de ce qui est réalité et de ce qui est fantaisie, de ce qui est important et de ce qui est futile. Il n’y a pas de plus grande force pour façonner l’esprit du public ».

Les guerres en ex-Yougoslavie ont été une excellente école pour la mise en place d’opérations de manipulation des opinions publiques par les médias. La reprise par la presse, sans aucun filtre, de soi-disant massacres, bien entendu toujours commis par les Serbes, a convaincu le public que le Mal absolu s’incarnait dans les Serbes. L’ouvrage de Alexandre Del Valle, Guerres contre l’Europe, publié en 2000 par les éditions des Syrtes, fournit de nombreux renseignements, ignorés du grand public, sur ce conflit. Il démontre qu’un certain nombre de” massacres” attribués aux forces serbes étaient en réalité des mises en scène.

Une précision s’impose : nous n’entendons pas, pour autant, blanchir les Serbes, ou l’armée syrienne, ou les militaires russes et les présenter comme des ”gentils”, incapables de commettre des exactions. Dans toute guerre, les passions les plus brutales deviennent sans contrôle, et aucune armée ne peut se prévaloir d’être à l’abri de pareils débordements. Nous souhaitons simplement éviter de tomber dans le manichéisme primaire, pratiqué par les médias occidentaux.

La journaliste allemande Karin Leukefeld, qui travaille depuis de nombreuses années au Proche et au Moyen-Orient – et qui y vit également ! – explique (6) comment les nouvelles technologies de l’information et la pression de l’actualité ont modifié le paysage médiatique – surtout dans un sens négatif.

Les affaires Skripal et Navalny, fabriquées de toutes pièces par des agences étrangères (7), ont fourni pendant des mois matière à la presse pour accuser le Président Poutine et le ”régime” russe, d’avoir commandité l’empoisonnement de leurs opposants

A ce jour aucune institution ni ONG n’a étudié l’influence des médias dans l’actuel conflit en Ukraine. Il faut donc féliciter l’université de Mayence, d’avoir, la première, publié une étude sur la couverture médiatique allemande des événements en Ukraine. Dans une recension de cette étude, publiée le 22 décembre 2022, sur le site du Saker Francophone (8), Felix Livshitz écrit que « leurs conclusions confirment que, depuis le 24 février 2022, les médias ont joué un rôle majeur pour maintenir le conflit et rendre moins probable un règlement négocié. En publiant un contenu presque universellement baisé, pro-guerre et anti-Russie »

Il ajoute que cette enquête montre « comment les journalistes comptent parmi les lobbyistes les plus agressifs et les plus efficaces en faveur de la guerre. Une enquête similaire sur la couverture médiatique du conflit dans n’importe quel État occidental aboutirait probablement à des conclusions similaires. » Souhaitons en effet qu’une étude universitaire similaire soit entreprise en France ou dans tout autre pays d’Europe.

Il faut s’interroger : pourquoi les journalistes des médias occidentaux sont-ils devenus, dans leur immense majorité, des relais serviles des « proxénètes de guerre » (9) ? Pourquoi ont-ils renoncé à leur indépendance journalistique pour se mettre au service exclusif des dirigeants atlantistes bellicistes ?

Marc Jean

(1)La Russie doit être détruite

(2)Retour sur la bataille médiatique d’Alep 

(3) KHODYNSKAYA-GOLENISHCHEVA Maria, Alep, la guerre et la diplomatie, p.91

(4) France – Hystérie collective contre les forces qui en Syrie combattent les terroristes 

(5) Quels médias dans l’intérêt de qui ? 

(6) https://arretsurinfo.ch/le-role-des-medias-dans-les-conflits-armes/

(7)  Navalny : suite du feuilleton

(8)Un rapport expose comment les médias allemands attisent le militantisme dans la société et s’efforcent d’empêcher les négociations avec la Russie 

(9)Chris Hedges : Les proxénètes de la guerre (consortiumnews.com

Source: Arretsurinfo.ch