Il n’est pas dans nos habitudes de relayer les articles d’Al Jazeera, mais celui-ci mérite sans doute une exception. En effet, près de 50 ans ont passé depuis l’attaque du navire américain USS Liberty par l’aviation et la flotte israéliennes. Pourtant la version officielle, matérialisée par Wikipedia par exemple, continue de parler de l’ « incident du USS Liberty » et de la confusion avec un bateau égyptien. Près de cinq décennies plus tard, commence-t-on à voir poindre quelques éléments de vérité dans les médias « dominants » occidentaux ?
De nouveaux éléments présentés lors d’un reportage exclusif d’investigation d’Al Jazeera sur les attaques israéliennes contre le USS Liberty qui tua [en 1967] 34 Américains prouvent qu’il ne s’est pas agi d’une erreur. Depuis 1967, la « version officielle » veut qu’Israël ait malencontreusement cru pendant plusieurs heures que le navire américain était en fait égyptien. Israël s’est ensuite excusé auprès des Etas-Unis, et durant plusieurs décennies on nous a fait croire que c’était la seule raison pour laquelle les avions de chasse et les lance-torpilles israéliens avaient lancé des roquettes, des missiles et des torpilles sur une cible américaine pendant deux heures.
Richard Belfield, producteur et réalisateur britannique plusieurs fois primé pour ses films, vient de sortir un nouveau documentaire intitulé The Day Israel Attacked America (Le jour où Israël a attaqué l’Amérique ». ) qui a été diffusé par la chaine Al Jazeera. Les enregistrements audio obtenus par Betfield permettent finalement de montrer que les survivants de l’attaque contre le USS Liberty avaient raison depuis le début. Ces derniers ont toujours affirmé que l’intention d’Israël était de couler le bateau en tuant tout le monde à bord, de façon à pouvoir faire porter le chapeau à l’Égypte pour cette tragédie. Dans quel but ? Pour convaincre le Président Lyndon Johnson (et avec lui, le peuple américain) qu’il fallait déclarer la guerre à l’Égypte. C’est la définition même d’un False-Flag [opération sous faux drapeau – NdT], (comme pour le 11/9 ?).
Une fois de plus, une théorie de la conspiration se révèle être une véritable conspiration. On ne parle plus ici de paranoïa!
« Voilà quelques mois, j’ai obtenu une copie d’enregistrements audios des attaques qui contenaient les conversations entre les pilotes de l’Air Force israélienne et les contrôleurs à la base aérienne. Ils n’avaient jamais été diffusés auparavant. Je suis allé parler à Al Jazeera, et après les avoir longuement étudiés, ils ont commandé le film. » Richard Beltfield
Seize minutes exactement après le début de l’attaque, les forces israéliennes ont confirmé que l’USS Liberty était bien un navire américain. Ces conversations figurent dans le documentaire diffusé par al Jazeera.
« À quel État appartient-il ? » (réponse) : « L’Amérique. »
Les attaques ont pourtant continué pendant plus d’une heure et demie !
Et même cinq minutes avant que la première bombe ne soit lancée, on peut entendre un des pilotes de l’Air Force israélienne demander si c’est un bateau américain ou pas. Il ne faut pas être un génie pour comprendre pourquoi ces pilotes étaient extrêmement gênés d’attaquer un navire soupçonné de battre pavillon américain sans un ordre direct et précis de le faire. Il me semble raisonnable de penser que dans le cas contraire, cette attaque n’aurait jamais eu lieu.
« C’est un navire américain ? »
« Que voulez-vous dire par ‘américain’ ? »
« No comment »
Vingt minutes après que le contrôleur aérien eut répondu « Américain » à la question du pilote lui demandant « A quel pays appartient ce navire ? », la première torpille frappa l’USS Liberty. On peut clairement entendre une voix qui confirme que la cible que l’on avait identifiée comme américaine à ce moment-là était sur le point d’être détruite.
« Le lance-torpilles va s’occuper de ce bateau »
Dès que la torpille heurta le USS Liberty, les lance-torpilles encerclèrent le navire et commencèrent à le mitrailler pendant 40 minutes.
Lorsque l’équipage du USS Liberty mit ses canots de sauvetage à l’eau pour évacuer le navire, les Israéliens se rapprochèrent pour mieux abattre ces Américains qui essayaient de sauver leurs vies.
Voilà plus de 10 ans, un journaliste dénommé Arieh O’Sullivan, du Jérusalem Post, avait été autorisé à écouter ces mêmes enregistrements. Il avait publié une transcription de ces conversations entre les militaires israéliens qui dirigeaient l’attaque contre le USS Liberty. Seize minutes après le début de l’attaque, exactement comme dans la bande-son obtenue par Al Jazeera, la transcription de O’Sullivan (traduite de l’hébreu en anglais) montrait exactement le même échange :
« Kislev, quel pays ? » (réponse) : « Apparemment, l’Amérique. »
Mais c’est là que se termine la transcription de O’Sullivan, publié il y a plus de 10 ans par le Jérusalem Post. Il y juste un tout petit problème : l’attaque s’est poursuivie pendant plus d’une heure et demie.
L’amiral Thomas Moorer, qui a servi autrefois son pays dans l’État-major interarmes et comme chef des opérations navales, avait mis sur pied une commission indépendante pour enquêter sur ce qui s’était réellement passé avec le USS Liberty. Les résultats de cette commission ont été rendus publics en 2003. En voici certaines des conclusions les plus frappantes :
- Cette attaque par un allié des États-Unis fut une tentative délibérée de détruire un navire américain et de tuer tout son équipage.
- Elle comprenait le mitraillage des sauveteurs et des canots de sauvetage.
- La Maison-Blanche a délibérément empêché l’U.S. Navy de venir au secours du USS Liverty. C’est la première fois dans l’histoire navale qu’une opération de secours est annulée alors qu’un navire américain est attaqué.
- Les survivants de l’équipage ont par la suite été menacés de procès, d’emprisonnement, ou pire, s’ils parlaient à qui que ce soit de ce qui leur était arrivé, et ont littéralement été « abandonnés par leur propre gouvernement. »
John Crewdson, un auteur et journaliste américain récompensé du Prix Pulitzer a publié en 2007 ce que l’ancien analyste de la CIA, Ray McGovern, avait qualifié de « compte-rendu le plus détaillé et le plus précis sur l’attaque israélienne » dans le Chicago Tribune et le Baltimore Sun. Ce qui devait arriver arriva : Crewdson fut licencié par le Chicago Tribune l’année suivante, après 24 ans passés dans ce journal. Lisez donc son article.
« Les messages israéliens interceptés le 8 juin 1967 ne laissent la place à aucun doute sur le fait que la mission des avions et des lance-torpilles israéliens, alors que la guerre des Six Jours faisait rage au Moyen-Orient, était précisément de couler le USS Liberty. Je répète : il n’y a aucun doute – aucun – que les IDF (Israeli Defense Forces) avaient pour mission de détruire le USS Liberty et l’ensemble de son équipage. » Ancien analyste de la CIA, Ray McGovern
Aaron Nelson
10 novembre 2014