Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Ryabkov, a déclaré qu’il ne voyait « aucune raison » de poursuivre les pourparlers, portant ainsi un coup aux efforts visant à apaiser les tensions. Ses commentaires sont intervenus alors que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) se réunissait à Vienne dans le cadre de la dernière tentative d’éviter une crise européenne majeure alors que la Russie masse des troupes à la frontière ukrainienne. […]

S’exprimant à la télévision russe, Ryabkov a déclaré que les États-Unis et leurs alliés avaient rejeté les principales demandes de la Russie – y compris son appel à la fin de la politique de porte ouverte de l’OTAN pour les nouveaux membres –, proposant de négocier uniquement sur des sujets d’intérêt secondaire pour Moscou.

« Il y a, dans une certaine mesure, une impasse ou une différence dans les approches », a-t-il déclaré. Sans quelque signe de flexibilité de la part des États-Unis, « je ne vois pas de raisons de m’asseoir dans les prochains jours, de se réunir à nouveau et d’entamer ces mêmes discussions ».

Ryabkov a également refusé d’exclure l’envoi d’infrastructures militaires russes à Cuba ou au Venezuela si les tensions avec Washington continuaient de monter. Ces dernières semaines, Ryabkov a averti que le duel actuel avec l’Occident pourrait se transformer en un scénario de crise des missiles à Cuba, faisant référence à l’épreuve de force de 1962 qui a amené le monde au bord d’une éventuelle guerre nucléaire.

Lavrov, qui a qualifié la position occidentale d’ « arrogante, inflexible et intransigeante », a déclaré que Poutine déciderait de nouvelles mesures après avoir reçu des réponses écrites aux demandes de Moscou la semaine prochaine.

En plus d’avoir qualifié les pourparlers d’échec, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a souligné jeudi un projet de loi annoncé la veille par les sénateurs démocrates pour de nouvelles sanctions sévères contre les Russes, y compris Poutine, en cas d’action militaire contre l’Ukraine.

Peskov l’a qualifié de « extrêmement négatif, en particulier dans le contexte de la série de négociations en cours, bien qu’infructueuses, mais de négociations ». Sanctionner un chef d’État « est une mesure scandaleuse qui est comparable à une rupture des relations », a-t-il déclaré.

Peskov a également accusé les États-Unis et l’OTAN d’intensifier le conflit en s’efforçant d’« inciter » de nouveaux pays à rejoindre l’OTAN [en particulier la Suède et la Finlande, frontalière de la Russie].

Loukachevitch, ambassadeur de Russie auprès de l’OSCE, a mis en garde contre des « tendances très dangereuses ». Il a déclaré que la Russie n’avait entendu de réponse adéquate à aucune de ses propositions.

« Nous avons oublié comment nous écouter et nous entendre et comment parvenir à des accords. Il y a une confrontation contre la Russie, et c’est un gros problème. J’ai dit clairement aujourd’hui que nous devons abandonner cette pratique vicieuse consistant à considérer la Russie comme un ennemi. »

La Secrétaire générale de l’OSCE, Helga Schmid, a déclaré à l’issue de la réunion de l’OSCE que la situation dans la région restait « très périlleuse », faisant écho aux remarques d’ouverture de la réunion.

« Il semble que le risque de guerre dans l’espace de l’OSCE soit maintenant plus grand que jamais au cours des 30 dernières années », a déclaré au début le président du Conseil permanent du groupe, le Polonais Zbigniew Rau.

L’Europe est confrontée à « une menace particulièrement grave pour la paix », a-t-il ajouté, et doit s’en tenir à ses principes fondateurs selon lesquels les États sont égaux et ne doivent pas recourir à la force ou aux menaces militaires. […]

Source : WashingtonPost, 13 janvier 2021