
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d’une cérémonie d’État marquant l’anniversaire de l’attaque du Hamas du 7 octobre, le 27 octobre 2024. (Credit: Chaim Goldberg/Flash90)
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a confirmé mardi 14 janvier, de manière incontestable, les soupçons selon lesquels le Premier ministre Benjamin Netanyahou aurait retardé le retour des otages [tout Israélien, même soldat, est considéré comme un « otage », alors que les milliers de Palestiniens qui croupissent dans les geôles de l’occupation sont des « détenus », même s’agissant de femmes et d’enfants] – même au prix de leur vie – et prolongé la guerre par pur intérêt personnel : sa survie politique.
Un accord visant à libérer les otages est sur la table depuis une année entière, mais Netanyahou l’a à plusieurs reprises saboté pour maintenir son gouvernement, qui repose sur son alliance criminelle avec l’extrême droite kahaniste.
Mardi, Ben-Gvir a exhorté le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, à l’accompagner pour informer Netanyahou que, si ce dernier signait un accord de libération des otages, ils quitteraient tous deux la coalition. « Au cours de l’année écoulée, grâce à notre pouvoir politique, nous avons réussi à empêcher la signature de cet accord à plusieurs reprises », a admis Ben-Gvir.
Il a ensuite attribué à l’entrée de Gideon Sa’ar dans la coalition l’échec de ses efforts pour contrer l’accord. « D’autres membres ont rejoint le gouvernement et soutiennent désormais cet accord, ce qui fait que nous ne sommes plus le facteur décisif », a déclaré le ministre de la Sécurité nationale.
Les familles des otages, ainsi que l’opinion publique, réclament leur retour, et voient depuis plus d’un an Netanyahou torpiller les accords les uns après les autres, avançant divers prétextes : un jour le passage de Rafah, un autre la route Philadelphie.
On l’a accusé d’abandonner les otages pour des intérêts politiques. Mais Netanyahou, son gouvernement et ses partisans ont réagi hypocritement en passant à l’offensive : comment les partisans de l’accord osent-ils attribuer une telle absence de cœur à lui et à son camp ? Désormais, toutefois, le voile est levé.
Sans la moindre honte, Ben-Gvir a enveloppé son opposition à l’accord sous un semblant de préoccupation pour la vie des otages. Selon lui, « cet accord ne permet pas la libération de tous les otages et scelle le sort mortel des autres otages qui ne sont pas inclus dans l’accord».
Puis il a ajouté, comme s’il se souciait sincèrement de la vie des citoyens israéliens – et non de sa volonté de sacrifier des vies humaines pour établir le Troisième Temple au cœur d’un empire d’apartheid dicté par la Cisjordanie et Gaza : « Il ne s’agit pas d’un choix difficile à faire pour libérer les otages. Cet accord coûtera la vie à de nombreux citoyens israéliens, qui paieront malheureusement cet accord de leur vie. »
Le fait qu’un ministre de premier plan se vante d’avoir, pendant un an entier, réussi à faire échouer un accord – alors que chacun sait que ces actions ont coûté la vie à des dizaines d’otages et à de nombreux soldats – témoigne plus que tout de la pourriture qui gangrène la direction du pays.
Les déclarations de Ben-Gvir doivent servir de rappel important : le retour de tous les otages et la fin de la guerre ne constituent que la première étape du long chemin vers la reconstruction d’Israël après les méfaits de Netanyahou et de son gang.
Source: Haaretz, 14 janvier 2025
L’article ci-dessus est l’éditorial principal de Haaretz, tel qu’il a été publié dans les journaux hébreux et anglais en Israël.