Par Tyler Durden, 8 décembre 2024
Depuis la nuit dernière, Damas est sous le contrôle des militants islamistes menés par Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et soutenus par la Turquie. Le président Bachar al-Assad a été renversé et on ne sait pas où il se trouve, après l’avancée extrêmement rapide des insurgés hors d’Idlib, où les villes sont tombées les unes après les autres, à commencer par Alep, en l’espace d’une semaine à peine. C’est ainsi que 50 ans de règne de la famille Assad ont pris fin et qu’une nouvelle ère extrêmement imprévisible s’ouvre en Syrie.
Le pays va-t-il se fracturer désespérément comme l’ont fait l’Irak et la Libye pendant des années après le renversement de leurs dirigeants ? Y aura-t-il des massacres de représailles ? Les chrétiens, les alaouites et les chiites feront-ils l’objet de persécutions et d’exterminations massives ? Le pays, qui a déjà connu plus de 13 ans d’une horrible guerre par procuration, va-t-il sombrer dans le chaos et l’enfer des sectes et des factions ? La charia sera-t-elle appliquée sous la menace des armes ? Ou bien un semblant de gouvernement transitoire stable verra-t-il le jour ?
Le chef du HTS, Jolani, se trouve dans la mosquée des Omeyyades de Damas, où il célèbre le renversement d’Assad dimanche.
Une chose est sûre, un terroriste désigné par les États-Unis est devenu l’actuel dirigeant de facto de Damas et de la Syrie. En ce moment même, Washington a mis sa tête à prix pour 10 millions de dollars, étant donné que sa carrière de djihadiste a commencé avec Al-Qaïda en Irak (AQI), qui tuait les troupes américaines en Irak.
Les factions djihadistes sont entrées dans Damas pendant la nuit sans que l’armée syrienne ne se combatte, et des vidéos ont rapidement montré des combattants armés pénétrant dans le palais présidentiel (ou bureau) ainsi que dans la résidence privée d’Assad dans le quartier de Malki.
Les chaînes de télévision d’État ont diffusé un message des dirigeants du HTS appelant au calme et à une transition stable du pouvoir. Les nouvelles règles pour Damas comprennent un couvre-feu imposé de 16 heures à 5 heures du matin, heure locale, selon le journal local Al Watan.
Le gouvernement d’Al-Qaïda en costume… le djihad technocratique :
Alors que l’ambiance dans les rues était généralement à la liesse, des coups de feu ont été entendus, mais il est plus probable qu’il s’agisse de combattants anti-Assad qui tirent en l’air pour célébrer l’événement. Les médias grand public occidentaux ont également célébré l’événement, ignorant généralement les liens évidents qu’entretient HTS avec Al-Qaïda, hier et aujourd’hui.
Mais pour chaque scène de célébration de quelques centaines de personnes sur une place centrale mise en avant par les médias, il y a des milliers de familles recroquevillées et craintives dans leurs maisons, ne sachant pas quelle entité ou faction islamiste contrôle le poste de contrôle au coin de la rue.
Jusqu’à présent, au moins un bâtiment central a été la proie des flammes : le bâtiment des passeports et de l’immigration de l’ancien gouvernement. On ne sait toujours pas pourquoi ni quelle en est la cause précise.
Source : @danny_makki, journaliste indépendant sur le terrain :
@danny_makki, journaliste indépendant sur le terrain dans la capitale syrienne.
Au milieu de tout cela, Israël a continué d’attaquer certains endroits en Syrie, avec également des rapports cette nuit selon lesquels les chars israéliens ont poussé plus loin dans une bande du sud de la Syrie dans la région du Golan. D’autres bâtiments sont en feu ailleurs dans la région de Damas.
Al Jazeera écrit :
Des images montrent un bâtiment en feu à Damas après une attaque aérienne présumée. Les Israéliens auraient frappé ce qui serait un dépôt de munitions près de l’aéroport.
Les médias israéliens ont rapporté plus tôt ce dimanche que l’armée de l’air israélienne avait bombardé des dépôts d’armes dans le sud de la Syrie et à Damas afin d’empêcher les groupes d’opposition de s’en emparer.
Le premier ministre syrien Ghazi al-Jalali pourrait être installé à la tête d’un gouvernement de transition avec des promesses de stabilité, sur la base d’un accord potentiel ou de « garanties de sécurité » impliquant la Turquie, la Russie, l’Iran et les puissances du Golfe.
Quant à l’endroit où se trouve actuellement Assad, le Wall Street Journal émet les hypothèses suivantes :
Le président syrien Bachar el-Assad, qui se trouvait à Damas samedi, a fui le pays tôt dimanche, heure locale, mais on ne sait toujours pas où il se trouve, selon des responsables syriens de la sécurité et des responsables arabes. Le ministère russe des affaires étrangères a déclaré plus tard dans la journée qu’il avait démissionné et quitté le pays.
M. Assad avait annoncé qu’il s’adresserait à la nation à 20 heures, heure locale, samedi, mais le discours n’a pas eu lieu. L’épouse et les enfants du président sont partis en Russie fin novembre, tandis que ses beaux-frères sont partis aux Émirats arabes unis, selon des responsables de la sécurité syrienne et des responsables arabes.
La transition entre Assad et « Al-Qaïda en costume » sera-t-elle stable ? Un « Taliban-lite » va-t-il émerger ? La charia va-t-elle s’installer… mise en œuvre par une main de fer terroriste et islamiste ?
Rien n’est certain à ce stade, et il est probable que d’autres jours sombres nous attendent.