Une femme regarde le discours du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah à son domicile à Mishmar David, le 19 septembre 2024. (Nati Shohat/Flash90)

Le Hezbollah a confirmé que son leader de longue date, Hassan Nasrallah, fait partie des centaines de Libanais tués lors du bombardement massif par Israël d’une banlieue de Beyrouth la nuit dernière.

La décision d’Israël d’assassiner Nasrallah, avec certaines des énormes bombes anti-bunker dont les États-Unis l’ont armé, est plus qu’imprudente. Elle est carrément insensée. Israël a supprimé – et sait qu’il a supprimé – une influence tempérante sur le Hezbollah.

L’action d’Israël ne servira à rien, si ce n’est à enseigner plusieurs leçons à son successeur et aux dirigeants d’autres groupes et pays qualifiés de terroristes par les gouvernements occidentaux :

-Qu’Israël, et l’Occident qui le soutient fermement, ne respectent aucune règle d’engagement connue, et que leurs adversaires doivent faire de même. La retenue actuelle du Hezbollah, qui a tant déconcerté les experts occidentaux, appartiendra au passé.

-Qu’Israël n’est pas intéressé par le compromis, mais seulement par l’escalade, et qu’il s’agit d’une lutte à mort – non seulement contre Israël, mais aussi contre tout l’Occident sponsor d’Israël.

-Que l’extrémisme idéologique d’Israël – son suprématisme juif et sa soif sans fin de Lebensraum – doit être contré par un extrémisme d’inspiration chiite encore plus grand.

Des décennies de terrorisme occidental au Moyen-Orient ont libéré un nihilisme sunnite incarné d’abord par Al-Qaïda, puis par ISIS. Aujourd’hui, l’Occident, par l’intermédiaire d’Israël, est en train de fomenter pour la résistance chiite son propre moment ISIS. Les modérés de ce que l’Occident qualifie d’« organisations terroristes » ont une fois de plus perdu la bataille. Pourquoi ? Parce que le projet impérial étatsunien connu sous le nom d’« Occident » a une fois de plus démontré qu’il ne ferait aucun compromis. Il exige une domination mondiale à spectre complet, rien de moins.

Israël peut réaliser des gains tactiques très limités en tuant Nasrallah. Mais nous ne tarderons pas à en sentir le contrecoup. Lorsque ce tourbillon se produira, le travail de nos politiciens et de nos médias sera de s’assurer que nous n’établissons aucun lien entre ce moment de sauvagerie et de folie de notre part, et son contrecoup.

Le rôle des institutions occidentales sera de crier à la victimisation, d’insister sur le fait qu’ils nous haïssent pour nos libertés, pour notre supériorité civilisationnelle, parce qu’ils ne sont que des barbares.

Mais ce qui suivra, comme ce qui a précédé, est tout à fait prévisible. La violence n’engendre pas la paix, elle n’engendre que davantage de violence. Israël le sait. Nos dirigeants le savent. Mais ils ont quand même ouvert les portes de l’enfer.

Jonathan Cook – 28 septembre 2024

Source: https://jonathancook.substack.com/p/in-killing-nasrallah-israel-chose