L’utopie, la nostalgie et les Juifs
Gilad Atzmon | 28 août 2016
L’utopie, la société idéale imaginaire, l’Eden du désir collectif et universel sont à la racine de la pensée de gauche et progressiste. Une société utopique est l’objectif politique et social de certains récits de gauche et progressistes. Pour d’autres, la société parfaite est elle-même un moyen idéologique vers la rédemption. Aucun récit intellectuel de gauche ou progressiste n’est imperméable à une sorte d’idéal utopique.
Mais pour près de la moitié de la population américaine, l’utopie est nostalgique. Le retour du « rêve américain », d’être à nouveau grand – ceci est le rêve idyllique partagé par les partisans de Donald Trump ainsi que ceux de Bernie Sander.
L’histoire des idées a déjà connu cette transition par le passé. Les marxistes culturels juifs des années 1930 ont été bouleversés par une évolution semblable. Le succès du national-socialisme et du fascisme ont laissé perplexe Wilhelm Reich ainsi que d’autres membres éminents de l’école de Francfort. Ils ne pouvaient pas comprendre comment il était possible que les travailleurs allemands et italiens aient favorisé le fascisme « réactionnaire » au lieu d’une « utopie communiste ».
En Allemagne, dans les années 1930, comme en Amérique en 2016, c’était la nostalgie et le romantisme qui ont donné sens à l’utopie, l’aspiration à un enracinement national contre une sorte de « Shangri La [1] » progressiste.
La « gauche » juive n’a pas mis longtemps à diagnostiquer ce qui n’allait pas avec les Allemands. Pour Wilhelm Reich, c’était la sexualité allemande. Il a eu cette idée ridicule que les femmes allemandes réprimées sexuellement étaient au cœur de l’inclinaison allemande vers l’autoritarisme. Le psychanalyste juif doit avoir été convaincu que les godemichés étaient la clé d’une révolution communiste. Quelques années plus tard, Adorno améliore le paradigme de Reich, en ajoutant quelques autres critères dans le modèle de la « personnalité autoritaire ». Adorno, Reich et le reste des marxistes culturels étaient manifestement malavisés. La pornographie, les godes et la révolution sexuelle ne se sont pas transformés en une révolution politique. Bien au contraire, ils ont contribué à l’aliénation, la réification et la suppression de presque toutes les valeurs humaines.
Les Allemands et les nationaux-socialistes n’étaient pas vraiment tolérant envers Reich et les autres membres de l’école de Francfort. Reich et les adeptes de l’école de Francfort ont dû s’enfuir pour sauver leur vie. L’Institut de recherche de Francfort a alors déménagé à l’Université Columbia de New York d’où il a consacré les quelques années suivantes à la destruction de la cohésion du peuple américain.
Contrairement aux Allemands qui ont été prompts à rejeter l’école progressiste révolutionnaire juive, il a fallu à l’intelligentsia américaine près d’un demi-siècle pour détecter le rôle subversif de l’Institut qui a implanté la politique identitaire ainsi que le politiquement correct au cœur du milieu universitaire, de la culture, des médias et de la politique de l’Amérique.
Et maintenant, en 2016, l’élite progressiste juive fait exactement la même erreur que l’École de Francfort a faite dans les années 1930. La réaction de Noam Chomsky et du Jewish Daily Forward envers les travailleurs américains est catastrophique et dangereuse. Chomsky appelle les électeurs de Trump « La classe ouvrière blanche et pauvre », Le Jewish Daily Forward les appelle « suprématistes blancs », les « loosers » et « tyrans. » Et quel est le vrai crime de tous ces « loosers Blancs » ? Ils sont simplement nostalgiques.
Il faut noter que les institutions progressistes juives et les icônes de gauche sont horrifiés par la nostalgie des « Blancs ». Mais pourquoi ? Pourquoi les Juifs – un peuple obsédé par son propre passé – ont peur à ce point que les Blancs soient nostalgiques de leur passé ?
Prêts ? Attention, je suis sur le point de lâcher une bombe.
Le Juif progressiste comprend que la classe ouvrière est en fait nostalgique d’une pré-société dominée par Jérusalem ; une époque où la politique américaine n’était pas contrôlée par les Saban, Soros, Goldman Sachs et autres capitalistes mondiaux qui sont isolés de la production, de la fabrication et de l’agriculture. Les soi-disant « progressistes » de Democracy Now, de Real News, du Jewish Daily Forward et autres médias financés par Soros peuvent analyser les primaires. Ils ont peur d’être renvoyés vers le ghetto.
Mais ont-ils une raison ? Quelqu’un a-t-il mentionné l’expulsion des Juifs ? Ou bien de restreindre le pouvoir juif ? Pas du tout. La crainte progressiste des soi-disant « réactionnaires » est alimentée par une compréhension profonde que le passé américain était bien plus grand que le présent progressiste – la tyrannie du politiquement correct, la dictature de la politique identitaire et, plus que toute autre chose, le manque d’avenir lié au mammonisme – les malades impitoyables de Mammon dans l’intérêt de Mammon.
D’un autre coté, avec un recul historique, l’ensemble des travaux des marxistes culturels, de Wilhelm Reich, de l’école de Francfort et de leurs marchands progressistes contemporains peuvent être démolis. Leur programme est devenu transparent, ils se sont engagés à tromper la société sur le simple fait que la véritable utopie est nostalgique. Ils se sont consacrés à dissimuler ce qui est évident et indéniable : pour la classe ouvrière, l’enracinement représente une véritable libération et le romantisme est sincèrement romantique.
Gilad Atzmon | 28 août 2016
Source : gilad.co.uk