Par Gilad Atzmon
Le sionisme est apparu dans le monde parce que ses fondateurs idéologiques (Herzl, Nordau, Jabotinsky, AD Gordon, Ben Gurion, Weitzman et d’autres) sont arrivés à la conclusion que les Juifs (en particulier ceux de la « diaspora » et les Européens) ne peuvent pas vivre parmi les autres. Ils ont besoin d’une terre qui leur soit propre et où ils puissent vivre isolés.
L’argument du sioniste de la première heure était que l’émancipation des Juifs européens et la montée du nationalisme européen constituaient un défi auquel les Juifs ne pouvaient pas survivre.
Cette prise de conscience dévastatrice des premiers sionistes est en fait la clé qui permet de comprendre tous les événements majeurs qui sont arrivés aux Juifs et à leurs voisins au cours du dernier siècle et quart.
Pour les sionistes, l’holocauste a été une prophétie qui s’est concrétisée. Les premiers sionistes avaient prédit un pogrom européen de très grande ampleur, et ils ont eu raison. La Nakba de 1948 (la destruction de la Palestine indigène) était une lutte pour faire du futur État juif un État réservé aux Juifs. Le génocide actuel de Gaza est également conforme à l’intuition/observation des premiers sionistes : ils veulent rester seuls. Le nettoyage ethnique de la Palestine indigène a toujours été le résultat inévitable du nationalisme juif ou de la tendance à la ségrégation.
Si vous vous êtes déjà demandé pourquoi personne en Israël n’a adhéré à la solution d’un seul État, les premiers sionistes vous répondront qu’ils ne savent pas vivre parmi les autres. Vous vous demandez donc pourquoi la solution des deux États ne les a pas séduits. La réponse est qu’avant que l’idée ne devienne un concept politique, suffisamment de colons juifs de Cisjordanie ont travaillé dur pour la transformer en « deux États juifs » pragmatiques.
Mais l’observation des premiers sionistes ne se référait pas réellement aux Israéliens. Herzl, Nordaw et Jabotinsky n’ont pas rencontré un seul Israélien. Ils sont décédés avant que leur rêve d’un État juif ne devienne réalité. Ils ne connaissaient que de très près les Juifs d’Europe et disséquaient leurs symptômes culturels, idéologiques et religieux. Ils voulaient changer ces Juifs européens. Ils croyaient sincèrement qu’ils avaient la clé pour y parvenir.
Les premiers sionistes étaient dégoûtés par l’influence juive dans les couloirs occidentaux du pouvoir, de la finance, de la culture et des médias. Ils n’approuveraient pas le Lobby, l’ADL ou l’AIPAC. Ils n’approuveraient pas les Ziocons ou les Amis travaillistes d’Israël. Ils n’approuveraient pas qu’Hollywood ou Netflix fonctionnent comme des façades de la Hasbara. Ils avaient un beau rêve. Ils voulaient que le futur État juif soit indépendant, productif et axé sur le travail. Ils voulaient que le futur Israël soit tout le contraire du shtetl européen.
Le kibboutz, dans leur esprit, était l’antithèse du juif de la diaspora. Il était socialiste par opposition à capitaliste, agricole par opposition à urbain, laïque et révolutionnaire par opposition à religieux et conservateur.
J’ai écrit ce qui précède dans l’espoir que beaucoup de ceux qui se disent antisionistes puissent saisir une fois pour toutes le fait embarrassant que les premiers sionistes étaient en fait les seuls à comprendre et à s’attaquer à la cause profonde de ce qu’ils appelaient, de manière un peu simpliste, « le problème juif ». Leur diagnostic était spectaculaire, mais leur méthode de guérison a été un véritable désastre. Ils ont manifestement oublié que les Juifs ne savent même pas vivre entre eux.
(Mis à jour par Arrêt sur info, le 23 décembre 2024)
Source: Page Facebook Gilad Atzmon (Traduction Arrêt sur info)
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Version originale en anglais
Zionism – real history…
Zionism came to the world because its ideological founders (Herzl, Nordau, Jabotinsky, AD Gordon, Ben Gurion, Weitzman and others) came to a conclusion that Jews (referring particularly to so called ‘diaspora’ and European) cannot live amongst others. They need a land of their own where they can live in isolation.
The Early Zionist’s argument was that emancipation of European Jewry together with the rise of European nationalism set up a challenge Jews cannot survive.
This early Zionist devastating realization is actually a key to the understanding of every major event that has happened to Jews and their neighbours in the last century and a quarter.
The holocaust was for the Zionists a prophecy materialized. The Early Zionists predicted a European pogrom on a humongous scale, and they proved to be right. The 1948 Nakba (the destruction of indigenous Palestine) was a struggle to make the future Jewish State into a Jews-only State. The current Gaza genocide is also consistent with the early Zionist intuition/observation: they wish to dwell alone. The ethnic cleansing of indigenous Palestine has always been the inevitable outcome of Jewish nationalism or inclination towards segregation.
If you ever asked yourself why no one in Israel has bought into the One State Solution, the Early Zionists will tell you, they are not good at living amongst others. So you ask why the Two States Solution didn’t appeal to them instead. The answer is that before the idea could mature into a political concept, enough West Bank Jewish settlers were working hard to make it into ‘Two Jewish States’ pragmatics.
But the early Zionists’ observation didn’t actually refer to Israelis. Herzl, Nordaw and Jabotinsky didn’t meet a single Israeli. They passed away before their dream of a Jewish State materialized into reality. They were only closely familiar with European Jewry and dissected their cultural, ideological and religious symptoms. They wanted to change those European Jews. They genuinely believed that they had the key to do so.
The Early Zionists were repulsed by Jewish influence within Western corridors of power, finance, culture and media. They wouldn’t approve of The Lobby, the ADL or AIPAC. They wouldn’t approve of the Ziocons or the Labour Friends of Israel. They wouldn’t approve of Hollywood or Netflix operating as Hasbara fronts. They had a beautiful dream. They wanted the future Jewish state to be independent, productive, labour oriented. They wanted the future Israel to be the complete opposite of the European shtetl.
The Kibbutz, in their mind was the antithesis of the diaspora Jew. It was socialist as opposed to capitalist, it was agricultural as opposed to urban, it was secular and revolutionary as opposed to religious and conservative.
I wrote the above with the hope that the many of those who call themselves anti Zionists may grasp once and for all the embarrassing fact that the Early Zionists were actually the only people who understood and addressed the root cause of what they themaleves named as ‘the Jewish Problem’. Their diagnosis was spectacular but their healing method was, indeed, a disaster. They clearly managed to forget that Jews aren’t even good at living amongst themselves.
By Gilad Atzmon