Valentina Matvienko. Crédits : council.gov.ru/
Mme Matvienko a expliqué qu’elle avait été invitée à cette Conférence par le président de l’Union interparlementaire, Saber Chowdhury, et avait l’intention de s’y rendre en tant que membre du comité d’organisation et vice-présidente du groupe Eurasie.
Valentina Matvienko, présidente du Conseil de la Fédération, la chambre haute du parlement russe, n’aurait pas eu le droit de participer à la Conférence internationale des présidents parlementaires prévue à New York, au siège de l’ONU, du 31 août au 2 septembre ; elle aurait été autorisée, en revanche, à rencontrer le président de l’ONU, Ban Ki-Moon. C’est à ces conditions que les États-Unis acceptaient de délivrer à Mme Matvienko, visée par les récentes sanctions américaines, un visa d’entrée sur leur territoire, ont-ils fait savoir, mercredi 26 août. La présidente du Conseil de la Fédération, jugeant ces restrictions « inadmissibles », a choisi d’annuler son voyage.
Dans une déclaration officielle publiée sur le site du Conseil de la Fédération, Mme Matvienko a expliqué qu’elle avait été invitée à cette Conférence par le président de l’Union interparlementaire, Saber Chowdhury, et avait l’intention de s’y rendre en tant que membre du comité d’organisation et vice-présidente du groupe Eurasie. « Mais le département d’État des États-Unis ne m’a délivré de visa d’entrée que pour la rencontre avec le secrétaire général de l’ONU, m’empêchant ainsi de participer à la Conférence des présidents des parlements », a commenté Mme Matvienko.
Elle qualifie la décision des Etats-Unis de « violation grossière du droit international et de leurs engagements devant la communauté internationale ». « La question se pose désormais de l’intérêt d’organiser ce type d’événements internationaux dans ce pays », ajoute-t-elle.
« Les États-Unis empêchent le libre échange d’opinions et refusent (ou peut-être en ont-ils peur ?) d’entendre des points de vue ne coïncidant pas avec la position de Washington », poursuit la haut fonctionnaire russe. Pour Mme Matvienko, sanctionner les élus pour leurs visions politiques constitue, au XXIe siècle, « une barbarie », qui « rappelle le Moyen-Âge ». Elle a également tenu à rappeler que la Russie dispose de suffisamment d’espaces médiatiques et internationaux où elle peut « dire la vérité » et « exprimer son point de vue ».
Mme Matvienko a souligné que même à l’époque de la Guerre froide, l’URSS et les États-Unis avaient continué d’entretenir des liens divers, précisant qu’elle-même, dans sa jeunesse, s’y était rendue à plusieurs reprises dans le cadre du programme « Jeunes politiciens », hébergée dans des familles de sénateurs américains. « Nous intervenions face à des publics très variés et nous touchions des sujets très sensibles ; mais nous avons toujours pu – et voulu – nous écouter et nous entendre. Et nous nous séparions toujours en amis », a-t-elle commenté. Elle a également exprimé sa certitude que les citoyens américains veulent encore aujourd’hui « coopérer et être amis avec les Russes, qu’ils veulent la paix et avoir confiance en l’avenir ».
Valentina Matvienko espère enfin pouvoir participer à la prochaine session de l’Union interparlementaire, qui se tiendra à Genève en octobre prochain. « Nul doute que les autorités suisses subiront la pression des États-Unis, a affirmé Konstantin Kossatchev, président du comité pour les affaires étrangères du Conseil de la Fédération, mais il y a tout de même un espoir que la Suisse tiendra bon. »
Valentina Matvienko fait partie des personnes à qui les États-Unis ont interdit l’entrée sur leur territoire pour leur participation au processus de rattachement de la Crimée à la Russie en mars 2014.
Publié par Le courrier de Russie | 28 août 2015
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Commentaire du Professeur Ivo Rens, ancien Secrétaire adjoint de l’Union interparlementaire
Au temps lointain de la guerre froide, j’ai participé, en tant que Secrétaire adjoint de l’Union interparlementaire, à la Conférence interparlementaire de Varsovie, capitale d’un pays alors allié à l’URSS, et à la Conférence interparlementaire de Belgrade, la défunte Yougoslavie étant alors un pays communiste comme la Pologne, et les autorités de ces deux Etats n’ont jamais interdit aux parlementaires de tout autre Etat, fût-il violemment anticommuniste, comme le Sud-Vietnam, de prendre part aux dites conférences.
S’ils l’avaient fait, le Président et le Comité exécutif d’alors de l’Union interparlementaire auraient décidé tout simplement d’annuler la Conférence et de l’organiser dans un autre Etat. Car d’inspiration pacifiste, l’Union interparlementaire, qui fut fondée en 1889, a toujours tenu le dialogue comme la clef de toute méthode de résolution des différends internationaux.
L’ostracisme dont est victime la Présidente du Sénat de la Fédération de Russie me paraît démontrer que les dirigeants des Etats-Unis d’Amérique sont actuellement plus hostiles à la Fédération de Russie qu’ils ne le furent jamais contre l’URSS au temps de la guerre froide.
Par Ivo Rens 29.08.2015