Alfred de Zayas est juriste, spécialiste du droit international, historien et ancien expert indépendant des Nations unies pour la promotion d’un ordre international démocratique et équitable. Il est membre du comité de l’Institut international de recherche sur la paix à Genève (GIPRI).

Mme la Présidente de la Confédération
M. le Conseiller fédéral Ignazio Cassis

L’OTAN n’est ni une alliance pour la paix, ni une alliance défensive, mais depuis 1991 une organisation qui tente d’usurper les fonctions des Nations Unies.

L’OTAN est une organisation incompatible avec la Charte des Nations Unies (art. 52) et agit à l’encontre des buts de l’ONU.

Depuis 1997, c’est une organisation qui provoque systématiquement d’autres Etats en violation flagrante de l’article 2(4) de la Charte des Nations Unies qui interdit non seulement «l’emploi de la force» mais aussi «la menace de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout Etat».

Depuis 1999, l’OTAN est devenue une «organisation criminelle» selon les articles 9 et 10 du Statut du tribunal militaire de Nuremberg (London Agreement of 8 August 1945) et selon le jugement de Nuremberg de 1946.

L’OTAN a commis des crimes contre la paix (art. 6a, Statut du Nuremberg), des crimes de guerre (art. 6b) et des crimes contre l’humanité (art. 6c). Elle a commis des crimes atroces en Yougoslavie, Afghanistan, Irak, Libye, Syrie, etc. – en toute impunité. En fait, la Cour pénale internationale devrait ouvrir des investigations selon les articles 5, 6, 7 et 8 du Statut de Rome.

Nous ne comprenons pas comment la Suisse – en tant que pays neutre – peut vouloir établir des liens de plus en plus étroit avec une telle organisation.

Comment peut-on considérer loger un bureau de liaison de l’OTAN dans la Maison de la Paix en ville de Genève? Il s’agit vraiment d’une proposition orwellienne, on dirait une parodie du concept de la Paix. C’est une honte.

Le peuple Suisse n’a jamais approuvé un tel rapprochement à l’OTAN.

Personnellement, en tant que «nouveau Suisse» depuis 2017, je suis écœuré. En tant qu’ancien haut fonctionnaire du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme, Secrétaire du Comité des Droits de l’Homme et Chef de la Section des Pétitions, ainsi qu’ancien Expert Indépendant du Conseil des Droits de l’Homme sur l’Ordre International, je suis étonné de cette dérive éthique et juridique.

Alfred de Zayas

Genève, le 22 juin 2024

Source:  www.alfreddezayas.com