La Media, Entertainment & Arts Alliance (MEAA) est l’organisation syndicale et professionnelle australienne qui couvre les industries des médias, du divertissement, des sports et des arts.
Karen Percy, présidente de MEAA Media Federal, a écrit au Premier ministre australien Anthony Albanese et à la ministre des Affaires étrangères Penny Wong pour leur demander de faire pression sur les États-Unis afin qu’ils abandonnent les accusations d’espionnage contre l’éditeur de WikiLeaks, Julian Assange [voir cette lettre ci-dessous].
La décision du gouvernement britannique de maintenir la demande d’extradition de l’éditeur australien Julian Assange déposée par le ministère américain de la Justice met en péril les journalistes du monde entier, déclare le syndicat des journalistes australiens.
La Media, Entertainment & Arts Alliance demande au gouvernement australien de prendre des mesures urgentes pour faire pression sur les gouvernements américain et britannique afin qu’ils abandonnent toutes les charges retenues contre Julian Assange et qu’ils lui permettent de retrouver sa femme et ses enfants.
Assange, membre de la MEAA depuis 2007, n’a qu’une chance infime de contester son extradition sur la base d’accusations d’espionnage pour avoir publié des documents du gouvernement américain révélant que l’armée américaine a commis des crimes de guerre contre des civils en Afghanistan et en Irak, y compris l’assassinat de deux journalistes de l’agence Reuters.
S’il est reconnu coupable, Assange risque une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 175 ans.
Karen Percy, présidente fédérale de la section médias de la MEAA, a déclaré :
« Nous demandons instamment au nouveau gouvernement australien de mettre fin à cette affaire. Nous demandons instamment au nouveau gouvernement australien d’agir en faveur de Julian Assange et de faire pression pour sa libération.
Les actions des États-Unis sont un signal d’alarme pour les journalistes et les lanceurs d’alerte du monde entier, et elles sapent l’importance de la révélation d’actes répréhensibles.
Nos pensées vont à Julian et à sa famille en ces temps difficiles. »
En 2011, WikiLeaks a reçu le prix Walkley de la contribution la plus remarquable au journalisme, en reconnaissance de l’impact que les actions de WikiLeaks ont eu sur le journalisme d’intérêt public en aidant les lanceurs d’alerte à raconter leur histoire.
À l’époque, les juges du Walkley ont déclaré que WikiLeaks avait utilisé les nouvelles technologies pour « pénétrer les rouages du gouvernement et révéler une avalanche de vérités gênantes dans le cadre d’un coup d’État éditorial mondial ».
Ce type de partenariat de publication a été répété par d’autres médias depuis lors, utilisant les fuites des lanceurs d’alerte pour exposer les systèmes mondiaux d’évasion fiscale, entre autres. Dans l’exemple de WikiLeaks, seul Assange a été inculpé.
Aucun des médias partenaires de WikiLeaks n’a été cité dans des actions judiciaires du gouvernement américain en raison de sa collaboration avec Assange.
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Monsieur le Premier Ministre et Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères,
L’Alliance des médias, du divertissement et des arts vous demande instamment d’intervenir en faveur de Julian Assange après que le ministre britannique de l’Intérieur a déterminé que les États-Unis pouvaient extrader Assange pour qu’il réponde d’accusations d’espionnage. S’il est reconnu coupable, il pourrait être condamné à une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 175 ans.
L’éditeur de WikiLeaks est un journaliste membre de la MEAA depuis 2007. Il est titulaire d’une carte de la Fédération internationale des journalistes (FIJ).
La décision de maintenir l’extradition vers les États-Unis met en péril le journalisme partout dans le monde. Nous demandons instamment au gouvernement australien de s’appuyer sur les relations traditionnellement étroites de notre pays avec les États-Unis pour plaider en faveur de l’annulation de la décision d’extradition et de l’abandon des poursuites, ce qui permettrait à Assange d’être libéré de prison et de retrouver sa famille.
Il est important de noter que des médias du monde entier ont collaboré avec WikiLeaks pour publier les mêmes documents que ceux pour lesquels il est puni. En novembre 2010, Sydney Morning Herald et The Age (Australie), The Guardian (Royaume-Uni), The New York Times (États-Unis), El Pais en Espagne, Le Monde en France et Der Spiegel en Allemagne ont collaboré avec WikiLeaks au nom du journalisme d’intérêt public, afin d’exposer ce que les gouvernements font au nom de leurs citoyens.
Aucun de ces médias, ni leurs éditeurs ou rédacteurs en chef, n’est poursuivi par le gouvernement américain. Assange est le seul à être poursuivi.
Si Assange est extradé sur la base des accusations du ministère américain de la justice, il s’agira d’une étape dangereuse, d’un assaut effrayant contre la liberté d’expression et contre le droit du public à savoir. Cela signifierait que n’importe quel journaliste, n’importe où dans le monde, pourrait être inculpé et extradé pour pour avoir traité des informations classées « secrètes » par le gouvernement américain.
Monsieur le Premier ministre, l’Australie doit intervenir pour éviter qu’un citoyen australien ne meure dans une prison américaine pour avoir révélé des informations.
Un précédent a déjà été créé lorsque l’ancien président Obama a commué la peine de Bradley Manning, la source originale des documents publiés par Wikileaks en 2010.
Nous vous demandons instamment d’intervenir auprès du président Biden pour qu’il mette fin à la poursuite de Julian Assange et de le libérer pour qu’il rejoigne sa femme et ses enfants.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de nos salutations distinguées,
Karen Percy
Présidente fédérale
Section médias du MEAA
Source : meaa.org
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En France, Le Monde et Mediapart sont de beaux exemples de cette fausse gauche atlantiste, qui a soutenu les groupes terroristes en Syrie, diffamé Assange et porte le folliculaire Navalny aux nues. Cf. par exemple cet éditorial du Monde suite à l’arrestation d’Assange et à son inculpation par les Etats-Unis, développements qui lui donnaient entièrement raison : au lieu de faire son mea culpa, Le Monde s’enfonce ignominieusement :
« Julian Assange est un justiciable comme les autres. Ses démêlés avec la police ont commencé parce qu’il a refusé de se rendre à une convocation de la police suédoise qui souhaitait l’entendre après les plaintes de deux femmes pour agression sexuelle, au motif fantaisiste, à l’époque, qu’il craignait que la Suède ne le livre à la CIA. Il a eu tort de refuser de s’expliquer sur ces graves accusations. »
Comme l’établit le rapporteur de l’ONU sur la torture, Nils MELZER, lorsqu’il était réfugié à Londres, la Suède a refusé d’interroger Assange à l’ambassade d’Equateur ou via vidéo (alors que durant la même période, de tels interrogatoires de suspects entre la Suède et l’Angleterre ont eu lieu dans 44 autres cas) et de lui garantir qu’il ne serait pas extradé :
« Assange n’a pas cherché à se cacher de la justice. Par l’intermédiaire de son avocat suédois, il a proposé aux procureurs plusieurs dates possibles d’interrogatoire en Suède. Cette correspondance existe. Ensuite, les événements suivants se sont produits : Assange a eu vent du fait qu’une affaire criminelle secrète avait été ouverte contre lui aux États-Unis. À l’époque, cela n’a pas été confirmé par les États-Unis, mais aujourd’hui nous savons que c’était vrai. À partir de ce moment, l’avocat d’Assange a commencé à dire que son client était prêt à témoigner en Suède, mais il a exigé l’assurance diplomatique que la Suède ne l’extraderait pas aux États-Unis. [Ce risque était tout à fait réel, car] quelques années auparavant, le personnel de sécurité suédois avait livré à la CIA deux demandeurs d’asile, tous deux enregistrés en Suède, sans passer par la moindre procédure judiciaire. Les abus ont commencé à l’aéroport de Stockholm, où ils ont été maltraités, drogués et transportés par avion en Égypte, où ils ont été torturés. Nous ne savons pas s’il s’agit des seuls cas de ce type. Mais nous sommes au courant de ces deux cas car les hommes ont survécu. Tous deux ont par la suite déposé plainte auprès des agences des droits de l’homme de l’ONU et ont obtenu gain de cause. La Suède a été obligée de payer à chacun d’eux un demi-million de dollars en dommages et intérêts. Les avocats d’Assange affirment que pendant les près des sept ans au cours desquels leur client a vécu à l’ambassade d’Équateur, ils ont fait plus de 30 offres pour organiser la visite d’Assange en Suède, en échange d’une garantie qu’il ne serait pas extradé vers les États-Unis. La Suède a refusé de fournir une telle garantie en faisant valoir que les États-Unis n’avaient pas fait de demande formelle d’extradition. »
Voir également l’infâme article de Mediapart Julian Assange, l’histoire d’une déchéance, qui prend au sérieux les accusations de viol et valide sans l’ombre d’une preuve la thèse de la collusion avec la Russie :
[…] Depuis Londres, le fondateur de WikiLeaks annonce qu’il refuse de se rendre en Suède au motif que cette procédure n’est qu’un prétexte. Selon lui, dès qu’il foulera le sol suédois, les États-Unis demanderont son extradition pour être jugé pour espionnage, crime passible de la peine capitale. Sous le coup d’une procédure d’extradition accordée par la justice anglaise, Julian Assange va tout d’abord mener une bataille juridique pour en obtenir l’annulation. Une fois tous les recours épuisés, il se réfugie, le 19 juin 2012, dans les locaux de l’ambassade de l’Équateur qui lui accorde l’asile politique. Il y restera cantonné dans une pièce de l’immeuble sans pouvoir sortir au risque d’être immédiatement interpellé par les policiers britanniques qui le surveillent en permanence.
Avec ces accusations sexuelles, Julian Assange tombe de son piédestal. Son image de chevalier blanc se fissure et, même au sein de WikiLeaks, des langues se dénouent, dévoilant un tout autre visage. De nombreux témoignages décrivent un homme égocentrique, intransigeant et exigeant de ses collaborateurs une obéissance absolue.
Dès septembre 2010, plusieurs membres de WikiLeaks quittent l’organisation en raison d’un désaccord sur la manière dont Julian Assange gère la publication des « leaks » et son refus de toute critique. Selon le site Wired, six volontaires ont quitté l’organisation à ce moment-là. Sur le tchat interne de l’organisation, Julian Assange leur aurait lancé : « Je suis le cœur de cette organisation, son fondateur, philosophe, porte-parole, codeur original, organisateur, financeur et tout le reste. Si vous avez un problème avec moi, faites chier. »
Parmi les défections, figure celle de Daniel Schmitt, porte-parole de WikiLeaks, qui annonce sa démission dans les colonnes du Spiegel. « Julian Assange réagit à toute critique avec l’allégation que je lui ai désobéi et que j’ai été déloyal vis-à-vis du projet. Il y a quatre jours, il m’a suspendu – agissant comme le procureur, le juge et le bourreau en une personne », accuse-t-il. Daniel Schmitt racontera en détail son conflit avec Assange dans un livre paru en 2011, Inside WikiLeaks. Dans les coulisses du site internet le plus dangereux du monde (Grasset, 2011).
En début d’année 2011, un autre collaborateur de WikiLeaks, Julian Ball, claque la porte de l’organisation trois mois après y être entré. Il rejoint le Guardian et décrit, dans un article publié en septembre 2011, un Julian Assange tyrannique, plus préoccupé par sa propre défense que par les idéaux de WikiLeaks. En 2014, c’est Andrew O’Hagan, l’auteur d’une Autobiographie non autorisée publiée en 2011, qui se répand dans la presse. « Il voit chaque idée comme une simple étincelle venant d’un feu dans son propre esprit. Cette sorte de folie, bien sûr, et l’étendue des mensonges de Julian m’ont convaincu qu’il était probablement un petit peu fou, triste et mauvais, malgré toute la gloire de WikiLeaks en tant que projet », affirme-t-il.
Beaucoup s’interrogent également sur la ligne éditoriale de Julian Assange. Le rédacteur en chef de WikiLeaks est notamment accusé d’être trop indulgent, voire trop proche, de la Russie, pays sur lequel l’organisation n’a publié que peu de documents. Plusieurs interventions de Julian Assange surprennent, comme lorsqu’il assure, durant quelques mois en 2012, une émission de géopolitique sur la chaîne Russia Today (RT), The Julian Assange Show. Ou lorsque, à l’occasion d’une table ronde organisée pour les dix ans de RT, il livre un discours dans lequel il appelle « à oublier le concept de liberté individuelle, qui n’existe plus ».
La question de la proximité de WikiLeaks avec la Russie va devenir centrale avec la publication, en 2016, des DNC Leaks. Le 22 juillet, trois jours avant l’ouverture de la convention annuelle du Parti démocrate, WikiLeaks publie 19 252 mails piratés dans les ordinateurs de sa direction, le Democratic National Committee (DNC). La convention doit justement entériner l’investiture d’Hillary Clinton comme candidate démocrate à l’élection présidentielle américaine. Or, les mails révèlent une collusion dans la direction du parti visant à défavoriser son principal concurrent, Bernie Sanders.
Les DNC Leaks vont empoisonner la campagne d’Hillary Clinton et faire le délice de son adversaire républicain Donald Trump qui ira jusqu’à déclarer : « I Love WikiLeaks. » Le malaise est encore accentué par les déclarations de Julian Assange qui assume avoir publié ces « leaks » afin de nuire à Hillary Clinton, qu’il voit comme « un problème pour la liberté de la presse », et reconnaît avoir volontairement fait coïncider leur publication avec la convention démocrate. […]
WikiLeaks s’isole encore plus lorsque l’enquête sur le piratage des mails de la direction du Parti démocrate révèle que celui-ci a été réalisé par un groupe de hackers, Guccifer 2.0, lié aux services secrets russes, le GRU. Julian Assange démentira formellement que sa source soit des hackers et les différentes enquêtes ne permettront pas d’établir un lien direct entre WikiLeaks et Moscou. Mais pour beaucoup, la ficelle est trop grosse. Que Julian Assange se soit rendu complice, même à son insu, d’une opération de déstabilisation russe est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. […]
Pour ne rien arranger, Julian Assange multiplie les prises de position polémiques, voire parfois difficilement compréhensibles. En septembre 2017, il affirme par exemple, chiffres à l’appui, que le capitalisme, l’athéisme et le féminisme sont responsables de la stérilité de nos sociétés qui, elle-même, est la cause de l’immigration. […]
(Compilation et traduction: lecridespeuples.fr