Soldats israéliens autour de la bande de Gaza, 7 oct.. (Unité du Porte-parole de l’IDF, Wikimedia Commons, CC BY-SA 3.0

L’amplification par les médias de la version israélienne du 7 octobre continue de donner vie à la thèse israélienne selon laquelle il est moralement justifié de détruire Gaza pour éliminer le Hamas

La BBC et d’autres médias ne cessent de revenir sur les crimes commis par le Hamas ce jour-là, mais ne font pas état des preuves de plus en plus nombreuses qu’Israël a bien tué des citoyens de son propre pays.

Depuis l’attentat du 7 octobre perpétré par le Hamas, il ne s’est pratiquement pas passé un jour sans que les médias occidentaux ne reviennent sur ces événements, le plus souvent pour révéler ce qu’ils prétendent être de nouveaux détails sur les atrocités stupéfiantes commises par le groupe palestinien.

Ces révélations ont permis d’entretenir l’indignation de l’opinion publique occidentale et de maintenir les militants de la solidarité palestinienne sous pression.

En retour, l’indignation a facilité la tâche d’Israël, qui a rasé de vastes étendues de Gaza, tué plus de 18 700 Palestiniens, dont la plupart étaient des femmes et des enfants, et empêché les 2,3 millions d’habitants de l’enclave d’avoir accès à de la nourriture, de l’eau et du carburant.

Il a également permis aux gouvernements occidentaux de soutenir plus facilement Israël et de l’armer, alors même que les dirigeants israéliens ont à maintes reprises tenu des propos génocidaires et mené des opérations de nettoyage ethnique.

Les intenses campagnes de bombardement d’Israël ont repoussé près de deux millions de Palestiniens dans une étroite parcelle de Gaza, coincée contre la courte frontière avec l’Égypte, alors que la famine et les maladies mortelles commencent à faire des ravages.

De nombreuses affirmations concernant le 7 octobre ont été choquantes au point de dépasser l’entendement, comme les histoires selon lesquelles le Hamas aurait décapité 40 bébés, en aurait fait cuire un autre dans un four, aurait procédé à des viols massifs et systématiques, et aurait découpé un fœtus de l’utérus de sa mère.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a même décrit avec force détails – et de manière totalement erronée – une attaque du Hamas contre une famille israélienne :

“Le père s’est fait arracher un œil devant ses enfants. Le sein de la mère a été coupé, le pied de la fille a été amputé, les doigts du garçon ont été coupés avant qu’ils ne soient exécutés.”

Peu de preuves

Il ne fait aucun doute que des exactions ont été commises ce jour-là par le Hamas et d’autres hommes armés en Israël, comme l’ont documenté des groupes tels que Human Rights Watch.

Depuis, elles se poursuivent chaque jour à Gaza, notamment sous la forme de bombardements incessants de civils par Israël et du refus du Hamas de libérer les derniers otages israéliens sans procéder à un échange de Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.

Mais en ce qui concerne les allégations les plus choquantes contre le Hamas mises en avant par les médias occidentaux – qui ont étayé les arguments en faveur de la campagne israélienne de deux mois à Gaza – il n’y a souvent que peu ou pas de preuves au-delà des affirmations faites par les responsables israéliens et des personnes très partisanes et peu fiables intervenant dans un premier temps.

La semaine dernière, la BBC et d’autres chaînes de télévision ont de nouveau fait état de viols collectifs systématiques commis par le Hamas le 7 octobre. Les efforts déployés par les Nations unies pour enquêter sur ces allégations sont entravés par Israël.

L’amplification par les médias de la version israélienne du 7 octobre continue de donner vie à la thèse israélienne selon laquelle il est moralement justifié de détruire Gaza pour éliminer le Hamas.

Néanmoins, une fois de plus, les reportages sur la dévastation croissante de Gaza ont été mis de côté.

L’empressement des médias à réexaminer le 7 octobre longtemps après que ces événements ont eu lieu s’est toutefois inscrit dans des limites strictes. Seules les affirmations qui soutiennent le récit d’Israël sur ce qui s’est passé ce jour-là sont diffusées.

Un nombre croissant de preuves suggérant une réalité bien plus complexe, décrivant les actions d’Israël sous un jour bien plus inquiétant, sont ignorées ou supprimées.

Cette approche profondément malhonnête des médias occidentaux indique qu’ils ne sont pas, comme ils le déclarent, en quête acharnée de la vérité. Au contraire, ils régurgitent les points de discussion qui leur sont fournis par Israël.

Ce n’est pas seulement inadmissible – surtout si l’on considère la longue histoire d’Israël en matière de promotion de mensonges, petits et grands – mais cela viole tous les codes journalistiques de base.

Pire encore, l’amplification crédule par les médias de la version israélienne du 7 octobre continue de donner vie à la thèse israélienne selon laquelle il est moralement justifié de détruire Gaza pour éliminer le Hamas.

Des supporters très actifs

À l’insu de la plupart des téléspectateurs occidentaux, des sources israéliennes ont régulièrement fourni, au cours des deux derniers mois, des preuves impliquant l’armée israélienne dans au moins une partie des meurtres attribués au Hamas.

Cette semaine, l’armée israélienne a finalement concédé qu’elle avait tué ses propres civils le 7 octobre “en nombre considérable et dans des conditions complexes”. Compte tenu de ce nombre élevé, elle a ajouté, avec un manque de logique évident, qu’il ne serait pas moralement sain de tuer des civils : “Il ne serait pas moralement judicieux d’enquêter sur ces incidents”.

Comment est-il possible, compte tenu de leur intérêt constant pour l’examen des événements du 7 octobre, qu’aucun média occidental n’ait fait état de ces preuves accablantes, et encore moins enquêté sur elles ?

Il est difficile de ne pas en conclure que les médias occidentaux ne s’intéressent qu’aux histoires – et sont largement indifférents au fait qu’elles soient vraies ou fausses – qui présentent le Hamas, et non Israël, comme les méchants. Cela signifierait que les médias ne sont pas des reporters impartiaux, mais qu’ils ont été recrutés par Israël pour jouer les fanatiques supporters.

L’histoire officielle d’Israël, reprise par les médias occidentaux, est que le Hamas planifiait depuis longtemps un saccage barbare et fou des communautés d’Israël, mû par un mélange de soif de sang primitive et religieuse et de haine des juifs.

L’occasion pour le groupe de réaliser cet objectif s’est présentée le 7 octobre, selon le récit israélien, lorsqu’Israël aurait momentanément baissé sa garde et que le Hamas aurait franchi la barrière de haute technologie destinée à le maintenir, ainsi que les 2,3 millions d’autres habitants de Gaza, emprisonnés de façon permanente.

Au cours de cette percée, le Hamas se serait concentré sur le massacre de civils, tuant des bébés par décapitation et utilisant le viol comme arme de guerre et de profanation. Il a tiré sur les maisons des communautés israéliennes voisines, les laissant souvent en ruines et brûlant leurs victimes vivantes.

Il est vrai que la revendication de 40 bébés décapités a été discrètement mise de côté, parce qu’il n’y a précisément aucune preuve à l’appui. Selon les chiffres publiés par Israël, seuls deux enfants sont morts ce jour-là.

Néanmoins, les médias contestent rarement les porte-parole israéliens ou les hommes politiques occidentaux lorsqu’ils avancent cette allégation discréditée depuis longtemps.

Pourtant, nombre de ces autres allégations ne sont pas moins dépourvues de preuves et doivent également être examinées de près.

Bien qu’on leur donne rarement la parole, les Palestiniens ont leur propre récit alternatif de ce qui s’est passé ce jour-là – et certaines de ses composantes sont étayées par des récits provenant de sources israéliennes.

Remise en cause du récit officiel

Selon ce récit, le Hamas s’est entraîné de longue date pour préparer sa percée, avec un objectif stratégique en tête. Il s’agissait de lancer un assaut de type commando sur quatre bases militaires entourant Gaza afin de tuer ou de prendre en otage le plus grand nombre possible de soldats israéliens, ainsi qu’un assaut similaire sur des communautés israéliennes locales afin de capturer des otages civils.

L’objectif, selon ce récit, était d’échanger les otages contre des prisonniers palestiniens, dont des milliers se trouvent dans les prisons israéliennes, y compris des femmes et des enfants, souvent détenus sans procès ni même accusation.

Pour l’opinion publique palestinienne, ces prisonniers ne sont pas moins des otages que les Israéliens détenus à Gaza.

* cf infra : mode d’emploi des sous-titres

Le Hamas a pris d’assaut des bases militaires et les communautés israéliennes de Be’eri et Kfar Azza. C’est pourquoi environ un tiers des 1 200 Israéliens tués ce jour-là étaient des soldats, des policiers ou des gardes armés – et pourquoi un grand nombre des 240 otages servaient également dans l’armée israélienne.

Selon la plupart des témoignages, même israéliens, le Hamas est tombé par hasard sur le festival de musique Nova, qui avait été déplacé dans une zone proche de la barrière avec Gaza. Des affrontements inattendus ont eu lieu avec les agents de sécurité, tandis que les attaques contre les festivaliers ont pris une tournure particulièrement chaotique et macabre.

Qu’avait à gagner le Hamas à consacrer autant d’énergie et de munitions à des scènes d’horreur plutôt qu’à son projet de prise d’otages ?

Pourquoi le Hamas se serait-il écarté de son plan en tuant autant de civils ? Et pourquoi l’aurait-il fait d’une manière aussi sauvage, gratuite et chronophage, en brûlant des Israéliens vivants, en utilisant sa puissance de feu pour réduire leurs maisons en ruines et en mettant le feu à des centaines de voitures sur l’autoroute près du festival de musique ?

Pour de nombreux dirigeants et journalistes occidentaux, il semble qu’aucune réponse rationnelle ne soit utile. Le Hamas – et peut-être tous les Palestiniens – sont simplement des barbares pour qui assassiner des Israéliens, des Juifs ou peut-être tous les non-musulmans est une seconde nature.

Mais pour ceux dont l’esprit n’est pas trop influencé par des hypothèses racistes, une autre image des événements s’est progressivement imposée, grâce aux témoignages de survivants et de responsables israéliens, ainsi qu’aux informations diffusées par les médias israéliens.

Parce qu’ils contredisent l’histoire officielle d’Israël, ces témoignages ont été soigneusement ignorés par les médias occidentaux.

Brûlés vifs

Étonnamment, la personne dont les déclarations ont le plus déconcerté le récit officiel est Mark Regev, le porte-parole du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Dans une interview accordée à MSNBC le 16 novembre, M. Regev a indiqué qu’Israël avait revu à la baisse le bilan officiel de 200 morts après que ses enquêtes eurent montré que les restes carbonisés qu’il avait dénombrés ne comprenaient pas seulement des Israéliens, mais aussi des combattants du Hamas. Ces derniers, brûlés vifs, étaient trop défigurés pour être facilement identifiables.

* cf infra : mode d’emploi des sous-titres

M. Regev a déclaré à Mehdi Hasan, animateur de MSNBC :

“Il y avait en fait des corps tellement brûlés que nous pensions que c’étaient les nôtres. En fin de compte, apparemment, il s’agissait de combattants du Hamas”.

La déclaration de M. Regev posait un problème évident, qui n’a pas été contesté par l’intervieweur de MSNBC et qui a été ignoré par les médias depuis lors. Comment autant de combattants du Hamas ont-ils fini brûlés – et exactement là où les Israéliens se trouvaient, empêchant ainsi l’identification séparée de leurs dépouilles pendant de nombreuses semaines ?

Les combattants du Hamas se sont-ils livrés à un étrange rituel, s’immolant dans des voitures et des maisons aux côtés de leurs otages ? Et si c’était le cas, pourquoi ?

Il existe une explication probable, confirmée par un survivant israélien des événements du 7 octobre, ainsi que par un garde de sécurité et divers membres du personnel militaire. Mais ces témoignages contredisent radicalement le récit officiel.

Bombardés par Israël

Yasmin Porat, qui a fui le festival Nova et s’est cachée à Be’eri, est l’une des rares personnes à avoir survécu ce jour-là. Son compagnon, Tal Katz, a été tué.

Elle a expliqué à plusieurs reprises aux médias israéliens ce qui s’est passé.

Selon le récit de Mme Porat sur la station de radio Kan le 15 novembre, les combattants du Hamas à Be’eri se sont barricadés dans une maison avec un groupe d’une douzaine d’otages israéliens, prévoyant de les utiliser comme boucliers humains ou comme monnaie d’échange pour une sortie.

L’armée israélienne n’était cependant pas d’humeur à négocier. Porat n’a pu s’échapper que parce que l’un des combattants du Hamas a quitté la maison dès le début, l’utilisant comme bouclier humain, avant de se rendre.

M. Porat décrit les soldats israéliens qui se sont engagés dans une fusillade de quatre heures avec les tireurs du Hamas, malgré la présence de civils israéliens. Mais tous les otages n’ont pas été tués dans les tirs croisés. Israël a mis fin à l’affrontement en tirant deux obus sur la maison avec un char israélien.

Selon le récit de Mme Porat, lorsqu’elle a demandé pourquoi cela avait été fait, “ils m’ont expliqué que c’était pour casser les murs, afin d’aider à ‘nettoyer’ la maison”.

La seule autre survivante, Hadas Dagan, allongée sur la pelouse devant la maison pendant la fusillade, a raconté à Mme Porat ce qui s’est passé après que les deux obus ont frappé la maison. Hadas Dagan a vu ses deux amis allongés près d’elle, tués par les éclats d’obus.

Une fillette de 12 ans, Liel Hatsroni, criait à l’intérieur de la maison pendant toute la durée de la fusillade, s’est également tue.

Hatsroni et sa tante, Ayalan, ont toutes deux été carbonisées. Il a fallu des semaines pour identifier leurs corps.

Les restes calcinés de Liel Hatsroni ont été l’un des éléments de preuve les plus émouvants cités par Israël pour accuser le Hamas d’avoir tué et brûlé des Israéliens.

En rapportant la mort de Liel, de sa tante, de son frère jumeau et de son grand-père, le site d’information israélien Ynet a déclaré que les combattants du Hamas “les ont tous assassinés. Ils ont ensuite mis le feu à la maison”.

Des pilotes désorientés

Le témoignage de Mme Porat est loin d’être la seule source montrant qu’Israël est probablement responsable d’une part importante des décès de civils ce jour-là – et notamment des corps calcinés.

Le coordinateur de la sécurité à Be’eri, Tuval Escapa, a effectivement confirmé le récit de Mme Porat au journal Haaretz. Il a déclaré :

“Les commandants sur le terrain ont pris des décisions difficiles – y compris le bombardement des maisons sur leurs occupants afin d’éliminer les terroristes et les otages.”

Les voitures incendiées lors du festival Nova et leurs occupants semblent avoir subi le même sort. Les pilotes d’hélicoptères, inquiets de voir des tireurs du Hamas fuir la zone avec des otages dans des voitures, ont apparemment reçu l’ordre d’ouvrir le feu, brûlant ainsi les voitures et tous leurs occupants.

Il y a une explication probable à cela. L’armée israélienne dispose depuis longtemps d’un protocole secret – connu sous le nom de directive Hannibal – selon lequel les soldats ont pour instruction de tuer tout camarade capturé afin d’éviter qu’il ne soit pris en otage. La manière dont cette directive s’applique aux civils israéliens est moins claire, mais il semble qu’elle ait été utilisée par le passé.

L’objectif est d’empêcher Israël de faire face aux demandes de libération de prisonniers.

Dans un cas au moins, un responsable militaire israélien, le colonel Nof Erez, a déclaré que “la directive Hannibal a apparemment été appliquée”. Il a qualifié les frappes aériennes israéliennes du 7 octobre de “Hannibal de masse”.

Haaretz a rapporté que les enquêteurs de la police ont conclu qu’“un hélicoptère de combat des FDI arrivé sur les lieux et tirant sur des terroristes a apparemment aussi touché des participants au festival”.

Dans une vidéo diffusée par l’armée israélienne, on voit des hélicoptères Apache tirer au hasard des missiles sur des voitures qui quittent la zone, supposant sans doute qu’elles contiennent des combattants du Hamas qui tentent de ramener clandestinement des otages à Gaza.

Le site d’information Ynet a cité une évaluation de l’armée de l’air israélienne concernant ses deux douzaines d’hélicoptères d’attaque dans le ciel du festival Nova : “Il était très difficile de faire la distinction entre les terroristes et les soldats ou les civils [israéliens]”. Néanmoins, les pilotes ont reçu l’ordre de “tirer sur tout ce qui bouge dans la zone de la frontière” avec Gaza.

“Ce n’est qu’à-au bout d’un certain temps que les pilotes ont commencé à ralentir leurs attaques, et à choisir plus soigneusement leurs cibles”a précisé le journal.

Une autre publication israélienne, Mako, a noté

qu’“il n’y avait pratiquement aucun élément informatif pour aider à prendre les décisions fatidiques”, ajoutant que les pilotes “vidaient en quelques minutes le ‘ventre de l’hélicoptère’, s’envolaient pour réarmer et retournaient dans les airs, encore et encore”.

Dans un autre article de Mako, le commandant d’une unité Apache est cité comme déclarant : “Tirer sur des gens sur notre territoire – c’est quelque chose que je n’aurais jamais cru possible”. Un autre pilote s’est souvenu de l’attaque : “Je me suis retrouvé en plein dilemme quant à ce sur quoi je devais tirer”.

Emporter les secrets jusque dans la tombe

Il est tout à fait extraordinaire qu’en rapportant la dévastation des maisons ravagées et des voitures brûlées et broyées, les journalistes aient complètement ignoré les preuves visuelles qui leur sautaient aux yeux et se soient contentés d’amplifier le récit officiel d’Israël.

Il existe de nombreuses questions plus qu’évidentes que personne ne pose – et pour lesquelles aucune réponse n’est susceptible d’être apportée.

Comment le Hamas aurait-il pu causer une dévastation aussi étendue et intense alors que les vidéos de ses propres combattants les montrent essentiellement munis d’armes légères ?

Ceux qui portaient des lance-roquettes basiques étaient-ils capables de suivre et de toucher avec précision des centaines de véhicules en mouvement fuyant le festival, et ce depuis le sol ?

Les vidéos des caméras embarquées du Hamas montrent des voitures quittant le festival Nova avec des hommes armés et des otages à l’intérieur. Pourquoi le Hamas prendrait-il le risque d’incinérer son propre peuple ?

Étant donné l’empressement du Hamas à filmer ses triomphes, pourquoi n’y a-t-il pas d’images de ces actions ? Et pourquoi le Hamas gaspillerait-il ses munitions les plus précieuses dans des attaques aléatoires contre des voitures plutôt que de les réserver à la tâche bien plus difficile d’attaquer des bases militaires israéliennes ?

Israël ne semble pas vouloir enquêter sur les voitures brûlées et les maisons détruites, peut-être parce qu’il connaît déjà les réponses et craint que d’autres ne découvrent un jour la vérité à leur tour.

Les organisations religieuses exigeant que les voitures soient enterrées à la hâte pour préserver le caractère sacré des défunts, les squelettes de métal emporteront leurs secrets dans la tombe.

Des fables grotesques

Ce qui semble certain à la lumière de ces preuves de plus en plus nombreuses et des indices visuels, c’est que le 7 octobre, de nombreux civils israéliens ont été tués soit dans les tirs croisés entre Israël et le Hamas, soit par des directives militaires israéliennes visant à empêcher les combattants du Hamas de retourner à Gaza et d’y emmener des otages.

Cette semaine, un commentateur israélien du journal Haaretz a qualifié ces témoignages de “bouleversants” et a ajouté :

“La directive Hannibal a-t-elle été appliquée aux civils ? Une enquête et un débat public doivent avoir lieu maintenant, quelles que soient les difficultés rencontrées”.

Mais comme l’armée l’a clairement indiqué, elle n’a pas l’intention d’enquêter alors que toute sa campagne génocidaire contre Gaza est basée sur des affirmations obscures qui semblent n’avoir qu’un rapport limité avec la réalité.

Israël et ses partisans ont concocté des fables grotesques pour présenter les Palestiniens comme des sauvages assoiffés de sang

Rien de tout cela ne justifie les atrocités commises par le Hamas, en particulier le meurtre et la prise en otage de civils. Mais le tableau des événements de ce jour-là n’est pas du tout celui escompté par Israël et ses partisans.

N’oublions pas qu’Israël et ses soutiens ont cherché à comparer l’attaque du Hamas du 7 octobre à l’Holocauste nazi. Ils ont concocté des fables grotesques pour présenter les Palestiniens comme des sauvages assoiffés de sang, méritant de subir leur sort.

Et ces fables ont servi de base à l’indulgence et la sympathie de l’Occident pour Israël, qui procède à un nettoyage ethnique et un génocide à Gaza.

La vérité est qu’il aurait été beaucoup plus difficile pour les gouvernements occidentaux de faire accepter à leur public le déchaînement d’Israël à Gaza si les crimes du Hamas avaient été considérés, hélas, comme étant trop typiques des confrontations militarisées modernes dans lesquelles les civils deviennent des dommages collatéraux.

Les gouvernements et institutions occidentaux auraient dû exiger une enquête indépendante pour clarifier l’étendue des atrocités commises par le Hamas ce jour-là, plutôt que de se faire l’écho de responsables israéliens désireux de trouver un prétexte pour saccager Gaza et chasser ses habitants dans le Sinaï voisin.

La performance des médias occidentaux a été encore plus lamentable – et dangereuse. Ils prétendent être les gardiens du pouvoir. Mais ils n’ont cessé d’amplifier les affirmations sans preuves de l’occupant israélien, de colporter des calomnies contre les Palestiniens avec peu ou pas de vérifications, et de supprimer activement les preuves qui remettent en cause le récit officiel d’Israël.

Pour cette seule raison, les journalistes occidentaux sont entièrement complices des crimes contre l’humanité actuellement perpétrés à Gaza – des crimes commis en ce moment même, et non il y a deux mois.

Jonathan Cook, le 15 décembre 2023

Jonathan Cook est l’auteur de trois livres sur le conflit israélo-palestinien et lauréat du Martha Gellhorn Special Prize for Journalism. Son site web et son blog se trouvent à l’adresse suivante : www.jonathan-cook.net

Source: MEE