CERN, CC0

 Le CERN met fin à sa coopération avec la Russie: Des centaines de scientifiques doivent quitter la Suisse

Un nouveau bureau de liaison de l’OTAN est en cours d’ouverture à Genève, tandis que le CERN, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire, met fin à sa coopération avec la Russie. Des centaines de scientifiques russes doivent quitter la Suisse d’ici à la fin du mois de novembre, car le CERN prévoit de mettre fin à leur participation aux installations de recherche.

Le Centre européen de recherche nucléaire (CERN), situé à Genève, est sur le point de connaître un profond changement. À partir du 1er décembre 2024, des centaines de scientifiques russes qui travaillaient au CERN devront cesser leur activité, à moins d’être transférés dans des institutions hors de Russie. Cette décision marque la fin officielle de la collaboration entre le CERN et la Fédération de Russie.

Le CERN avait déjà suspendu le statut d’observateur de la Russie en mars 2022 et annoncé qu’il ne renouvellerait pas les contrats en cours avec la Russie et le Belarus après leur expiration. La coopération avec les scientifiques russes, qui jouaient un rôle important dans les expériences à grande échelle telles que le Grand collisionneur de hadrons (LHC), a donc été officiellement interrompue.

La perte de la participation russe pose des problèmes majeurs au CERN. Les scientifiques russes jouaient un rôle majeur dans de nombreuses expériences et contribuaient à hauteur d’environ 4,5 % au budget des expériences du LHC. Hannes Jung, physicien des particules allemand, a déclaré à la revue Nature que cette perte serait difficile à compenser et qu’elle laisserait un vide qui ne pourrait pas être comblé par d’autres scientifiques.

La perte de la participation russe sera particulièrement grave pour l’expansion prévue du LHC, le LHC à haute luminosité, dont la mise en service est prévue pour 2029. Cette expansion coûtera au CERN environ 42 millions d’euros en raison du retrait des partenaires russes.

Malgré la fin officielle de la coopération avec la Russie, le CERN reste connecté à l’Institut commun pour la recherche nucléaire (JINR) à Dubna, près de Moscou. Cet institut intergouvernemental, financé par plusieurs pays, dont la Russie, fait toujours partie du réseau scientifique du CERN. Toutefois, environ 80 % du financement du JINR provient de ressources russes, ce qui a suscité des inquiétudes parmi les partisans ukrainiens.

Des scientifiques ukrainiens tels que Borys Grynyov, qui représente l’Ukraine au Conseil du CERN, se sont montrés particulièrement critiques à l’égard de la poursuite de la collaboration avec le JINR. Ils craignent que la Russie continue d’avoir accès à des découvertes scientifiques et à des technologies susceptibles d’être utilisées à des fins militaires. M. Grynyov souligne que certains résultats de recherche du JINR pourraient avoir des applications dans le domaine militaire, comme le développement de technologies de drones.

La décision d’exclure les scientifiques russes souligne la pression croissante exercée sur la Suisse par l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) et l’Union européenne (UE). Le CERN a été fondé en 1955 pour promouvoir la coopération scientifique internationale et renforcer la paix par l’échange de connaissances. La Suisse, pays neutre, a été choisie pour réunir les meilleurs cerveaux du monde. Mais l’influence de l’OTAN et de l’UE met aujourd’hui à l’épreuve les principes fondamentaux de la neutralité suisse. Certains chercheurs soulignent que la coopération scientifique doit se poursuivre indépendamment des conflits politiques.

D’autre part, on affirme que les pressions exercées par les lobbyistes de l’OTAN et de l’UE mettent en péril le financement des projets du CERN, ce qui rend la situation intenable. La décision d’exclure les scientifiques russes est symboliquement interprétée comme un soutien au régime de Vladimir Zelensky.

La perte de l’expertise et des fonds russes sera durement ressentie, tant sur le plan scientifique que financier. Alors que le CERN s’efforce de combler ces lacunes, la rupture reste un coup dur pour la coopération scientifique internationale, conçue après la Seconde Guerre mondiale comme un moyen de promouvoir la paix.

Malgré ces tensions et ces pertes, le CERN continuera à s’efforcer de poursuivre ses objectifs scientifiques et de promouvoir les échanges internationaux, même si la réalité politique en Europe rend ce processus considérablement plus difficile.

L’OTAN prévoit d’ouvrir cette année un bureau de liaison à Genève pour travailler avec l’ONU et les organisations internationales, à l’instar de ceux qui existent déjà à New York et à Vienne. Le Conseil fédéral suisse et l’OTAN ont déjà approuvé ce projet.

Source: RT,  23.9.2024

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Sanctions antirusses : le CERN se prépare à expulser «des centaines» de scientifiques russes

Après avoir annoncé en 2022 vouloir rompre sa coopération avec la Russie, le Conseil européen pour la recherche nucléaire (CERN) va se séparer de plusieurs centaines de chercheurs russes, à moins qu’ils ne quittent la Russie, a rapporté la revue scientifique Nature. Le CERN continuera également de travailler avec le JINR, un centre nucléaire russe.

Le CERN, principal organe pour la recherche nucléaire en Europe, aurait confirmé que les scientifiques affiliés à des institutions russes ne pourront plus travailler au sein de l’institution à compter du 30 novembre, a rapporté la revue scientifique Nature dans un article publié le 18 septembre.

En juin 2022, le Conseil du CERN avait fait part de son intention de ne pas renouveler ses accords de coopération avec Moscou et Minsk, suite à l’opération militaire russe en Ukraine. «Notre coopération avec la Fédération de Russie prendra fin le 30 novembre 2024. Toutes les relations entre le CERN et les instituts russes cesseront à compter de cette date», avait-il annoncé dans un communiqué.

Cependant, l’institution ne compte pas totalement couper les ponts avec l’ensemble des chercheurs russes. Ces derniers pourront continuer à travailler avec le CERN s’ils sont «transférés dans des établissements situés à l’extérieur du pays», a précisé Nature.

Autre sujet de discorde : la décision de l’organisation européenne de continuer sa coopération avec l’Institut unifié de recherches nucléaires (Joint Institute for Nuclear Research – JINR), un centre intergouvernemental situé à Doubna, près de Moscou.

Un «cadeau» pour la Russie, estime Kovaltchouk

En effet, l’accord qui unit ces deux institutions n’est pas le même que l’accord gouvernemental signé avec la Russie. Selon la revue scientifique, cette décision diviserait profondément les chercheurs de l’institution. «Permettre aux scientifiques affiliés au JINR de participer aux projets du CERN est une « grave erreur »» a notamment relayé Nature, citant Boris Grynyov, directeur de l’Institut des matériaux de scintillation de Kharkov, qui représente l’Ukraine en tant que membre associé au Conseil du CERN.

L’annonce de ce renvoi des scientifiques russes avait été relativisé par le président de l’Institut Kourtchatov, principal centre de recherche et de développement de l’industrie nucléaire en Russie. Mikhaïl Kovaltchouk, y voyant une opportunité pour le secteur national de la recherche. «Le retour au pays de ces gens que nous avons formés, que nous avons élevés, avec notre idéologie et vision de la Science, c’est un cadeau pour nous» a-t-il déclaré fin mars.

«Sans nous, il n’y a pratiquement rien là-bas», avait-il également taclé, rappelant la contribution de l’Union soviétique, puis celle de la Russie aux recherches du CERN.

Depuis le début du conflit en Ukraine en février 2022, de nombreuses institutions internationales, basées en Occident, ont mis en place des sanctions contre Moscou. Le CERN, malgré sa mission de promotion de la Science au-delà des frontières, n’a pas échappé à cette tendance.

Source:  https://12ft.io/proxy, 23 sept. 2024