Commentaire de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, aux médias sur la situation autour de l’Ukraine, Moscou, 5 avril 2022


Commentaire de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, aux médias sur la situation autour de l’Ukraine, Moscou, 5 avril 2022

Source: Ministère des affaires étrangères

Ces derniers jours, la machine de propagande de l’Occident et de l’Ukraine vise uniquement à attiser l’hystérie autour de la séquence vidéo, qui, comme nous le comprenons, a été tournée par l’armée et les services de sécurité ukrainiens à Boucha dans la région de Kiev.

La fabrication flagrante et le caractère mensonger des affirmations concernant « certains crimes de guerre » commis par les forces militaires russes dans le cadre de l’opération spéciale militaire ont été prouvés plusieurs fois au cours des briefings détaillés du ministère de la Défense de la Russie, au niveau de notre ministère et de la mission permanente auprès des Nations unies, où une conférence de presse spéciale a été tenue hier. Aujourd’hui notre représentant permanent Vassili Nebenzia a exposé en détail notre position, a présenté des preuves et a lu les déclarations des témoins oculaires lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies.

Une question se pose: quelle est la raison de cette provocation manifestement fausse, dont la véracité est impossible à justifier? Nous sommes enclins à croire qu’il s’agit d’un désir de trouver un motif pour faire échouer les négociations en cours et de le faire exactement au moment où une « lueur d’espoir » est apparue. Lors des négociations à Istanbul le 29 mars, pour la première fois pendant toute la période de contacts entre nos délégations, la partie ukrainienne a proposé sa vision écrite de l’accord concernant les parties relatives au statut de l’Ukraine et aux garanties de sécurité.

Pour la première fois, la partie ukrainienne a mis sur le papier sa disposition à proclamer son État neutre, non aligné est dénucléarisé. Elle s’est déclarée prête à refuser l’installation d’armes étrangères sur son territoire et d’organiser des exercices militaires impliquant des soldats étrangers sur son territoire sauf avec le consentement des garants du futur accord, y compris la Fédération de Russie. Les garanties de sécurité prévues par l’accord contribuent à la prise de conscience de la nécessité de négocier de sorte que l’élargissement de l’Otan à l’est, surtout vers l’Ukraine, soit totalement exclu et que la sécurité indivisible sur le continent européen soit assurée.

La partie ukrainienne a inscrit elle-même dans ce projet de dispositions fondamentales du traité que les garanties de sécurité, qui seront octroyées à l’Ukraine en cas d’entente, ne s’appliqueraient pas à la Crimée et au Donbass. Ici l’on voit aussi des progrès significatifs du point de vue d’une prise de conscience réaliste par Kiev du statut de ces territoires.

Conformément aux accords d‘Istanbul, la partie russe a décidé de désamorcer la situation sur le terrain à titre de geste de bonne volonté. Tout d’abord dans les régions de Kiev et de Tchernigov. C’est à ce moment-là, trois jours après le retrait de nos militaires de la ville de Boucha, que la provocation dont nous parlons aujourd’hui a été organisée. Nous avons toutes les raisons de croire que cela a été fait pour détourner l’attention du processus de négociation et du fait que la partie ukrainienne avait déjà essayé de poser de nouvelles conditions et a commencé à faire « marche arrière » juste après la rencontre d’Istanbul.

Nous partons du principe que la communauté internationale est obligée de connaître la vérité sur la volonté de la partie russe de travailler de manière honnête et cohérente à la table des négociations. Si la délégation ukrainienne continue de déclarer la nécessité de certaines démarches supplémentaires de la part de la Fédération de Russie, de refuser catégoriquement (comme elle le fait actuellement) de discuter des objectifs de dénazification et de démilitarisation, de rétablissement des droits de la langue russe, de déclarer qu’il n’y a aucun problème avec la langue russe, les droits de la population russophone et la nazification de tous les domaines de la vie du pays, je ne crois pas que cela contribuera à la poursuite du processus de négociation.

Nous voudrions une fois de plus appeler ceux qui dirigent les actions de Kiev (nous savons qui ils sont) à assumer leur responsabilité pour la sécurité en Europe, l’avenir de l’ordre mondial et à assurer le respect des principes de la Charte des Nations unies. La Russie est prête pour cette conversation.

Pour parvenir à un réel progrès plutôt qu’à son apparence, nous insistons à ce qu’un signal sans ambiguïté soit envoyé à Kiev pour qu’il ne se mette pas au sabotage. Sinon nous risquons de répéter le destin des Accords de Minsk. Nous ne le ferons jamais.

Nous sommes préoccupés par le fait que la partie ukrainienne a décidé d’exiger la cessation de toutes les hostilités sous quelques jours au cas où un accord était conclu et que les forces militaires de la Russie quittent l’Ukraine.

Après cela il y aura prétendument un référendum, une ratification au parlement. Il est fort probable que si les résultats étaient négatifs, le processus de négociation devrait recommencer à zéro. Nous ne voulons pas jouer au « chat et à la souris ».

Nous ne voulons plus que le sort des Accords de Minsk se répète. Nous ne pouvons pas le permettre.

Source: Ministère des affaires étrangères