Israël continue d’ignorer les ordres de la Cour internationale de justice (CIJ), y compris la décision la plus récente. Cet arrêté exige qu’Israël mette fin à son assaut militaire contre le gouvernorat de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, et rouvre le poste-frontière de Rafah pour faciliter la circulation des personnes et de l’aide humanitaire. Or, dans les 48 heures qui ont suivi l’arrêté de la CIJ, vendredi 24 mai, Israël a mené plus de 60 raids aériens sur Rafah.

En outre, des dizaines de tirs ininterrompus d’obus d’artillerie ont ciblé des zones de Rafah occupées par l’armée israélienne. L’attaque terrestre d’Israël a commencé à l’aube du 7 mai et s’est étendue aux parties ouest et centre de la ville, principalement le long de la bande frontalière. Elle a déjà touché une part importante de la ville.

Treize Palestiniens ont été tués dans les 48 heures qui ont suivi la communication de l’arrêté de la Cour, dont six membres de la famille Qishta, une mère âgée et trois de ses enfants – deux filles et un garçon – ainsi qu’un fils adulte et ses deux enfants. Les victimes ont été tuées lorsque des avions israéliens ont bombardé leur maison le samedi 25 mai à Khirbet Al-Adas, au nord de Rafah, une zone qui ne figurait pas dans les ordres d’évacuation israéliens.

Trois raids aériens distincts ont également touché le même jour (25 mai le camp Al-Shaboura et la rue Awni Dhair de la ville, tuant cinq civils.

Un autre Palestinien a été tué et d’autres blessés dimanche après-midi par le bombardement par l’aviation israélienne de la maison de la famille Rasras dans le centre de la ville de Rafah, tandis qu’un autre Palestinien a été tué et d’autres blessés le jour de la décision de la Cour.

Pendant la session de la Cour visant à statuer sur la requête de l’Afrique du Sud, l’armée israélienne a intensifié ses bombardements sur le centre de Rafah, y compris le camp de Shaboura. Elle a détruit de nombreux quartiers, et a affirmé par la suite que l’incident était lié à une tentative infructueuse d’assassinat d’un dirigeant d’une faction palestinienne. En conséquence, les civils continuent de payer un lourd tribut sous les attaques militaires israéliennes qui transgressent de manière flagrante le droit humanitaire international, en particulier les principes de distinction, de proportionnalité et de nécessité militaire, c’est-à-dire prendre les précautions nécessaires pour éviter la mort de civils. Ces attaques sont qualifiées de crimes de guerre par le Statut de Rome.

Israël n’a pas hésité à rejeter publiquement la décision de la Cour. Les bombardements, les tueries et les destructions se sont intensifiés immédiatement après la fin de la session. Le gouvernement israélien, dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, a immédiatement dénoncé la décision de la Cour invoquant des visions religieuses dénigrées par les non-Juifs. Le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a répondu : “Notre avenir ne dépend pas de ce que disent les Gentils, mais plutôt de ce que nous, les Juifs, faisons”.

Selon la chaîne israélienne Channel 12, M. Netanyahu a déclaré que “l’occupation de Rafah et l’augmentation de la pression militaire sur le Hamas” constituaient la réponse appropriée à la décision de la Cour, qu’il a qualifiée d’‘antisémite’”.

Les victimes des bombardements de l’armée israélienne gisent toujours dans les rues et sous les gravats des maisons détruites, en particulier dans les parties orientale et centrale de la ville, car les secouristes et les équipes médicales n’ont pas accès à ces zones, selon l’équipe de terrain d’Euro-Med Monitor.

En plus des centaines de logements détruits depuis le début de l’attaque précédente sur Rafah, quand des quartiers entiers ont été détruits et réduits à l’état de ruines, l’équipe d’Euro-Med a également reçu des informations sur la destruction d’environ 170 logements. De plus, l’entrepôt du Programme alimentaire mondial [PAM] et le centre de distribution de l’UNRWA à Rafah restent inaccessibles en raison de l’attaque militaire israélienne en cours.

Depuis qu’elles ont pris le contrôle du poste frontière de Rafah le 7 mai, les forces israéliennes ont bloqué l’entrée de l’aide humanitaire de ce point de passage (depuis la veille, le 6 mai) et l’ont interdit aux malades et aux blessés cherchant à recevoir un traitement médical à l’étranger.

Les discussions visant à conclure un accord pour permettre aux camions d’aide de passer par le point de passage de Kerem Shalom, qu’Israël a fermé le 5 mai, ne s’attaquent pas aux causes profondes du problème et ne répondent pas aux besoins des 2,3 millions de personnes qui vivent dans la bande de Gaza. Ces personnes sont victimes d’un nettoyage ethnique et d’un génocide, et sont une fois de plus menacées de famine, huit mois après le début de l’agression israélienne.

Selon l’UNRWA, l’opération militaire israélienne en cours à Rafah a un impact direct sur la capacité des agences d’aide à acheminer des fournitures humanitaires vitales dans la bande de Gaza, ainsi que sur la capacité à assurer la rotation du personnel humanitaire indispensable. Du 1er au 20 mai, selon l’OCHA, 14 missions en route pour Kerem Shalom pour la collecte des fournitures humanitaires ont été retardées par les embouteillages qui bloquaient la route et de l’autorisation de dernière minute des autorités israéliennes, entraînant l’annulation de six de ces missions. Du 20 au 22 mai, les postes frontières n’ont été ouverts qu’une journée, et seuls 39 camions sont entrés dans la bande de Gaza par les checkpoints de Kerem Shalom et de Rafah. Seuls 143 camions sont entrés dans la bande de Gaza par le point de passage de Karem Abu Salem entre le 6 et le 20 mai.

Israël poursuit ses crimes au mépris de la plus haute instance de Justice internationale, qui a pris des mesures de précaution pour prévenir un génocide le 26 janvier 2024 et des mesures de précaution supplémentaires le 28 mars 2024, ainsi que ses dernières mesures de précaution, publiées vendredi dernier. Israël commet le crime de génocide contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza sans interruption depuis le 7 octobre 2023, sans avoir à rendre compte de ses crimes, alors que la communauté internationale ne parvient pas à protéger le peuple palestinien de ce génocide flagrant.

Euro-Mes Human Rights Monitor réitère son appel à toutes les nations pour qu’elles remplissent leurs obligations internationales et cessent tout soutien militaire, politique et financier à l’assaut militaire d’Israël sur la bande de Gaza. En particulier, tous les transferts d’armes à Israël, y compris les permis d’exportation et l’assistance militaire, doivent cesser immédiatement. Ou ces nations seront considérées comme complices des crimes israéliens commis dans la bande de Gaza, génocide compris.

En outre, Euro-Med Monitor à appelé instamment la Cour pénale internationale (CPI) à reconnaître et qualifier les crimes d’Israël dans la bande de Gaza comme crimes internationaux, car ils relèvent de la juridiction de la Cour. En outre, Euro-Med Monitor demande à la Cour d’étendre la liste des mandats d’arrêt pour inclure davantage de responsables israéliens.

Les Nations Unies doivent envoyer des commissions d’enquête dans la bande de Gaza, défier la décision d’Israël d’interdire à ces commissions d’entrer dans la bande, et faire des déclarations publiques claires chaque fois qu’Israël refuse l’entrée de ces commissions ou refuse de travailler avec elles de quelque manière que ce soit.

Des enquêtes internationales doivent être menées sur les violations généralisées qui ont été documentées depuis qu’Israël a commencé ses attaques militaires sur la bande de Gaza, toutes les preuves doivent être préservées et toutes les institutions internationales doivent unir leurs efforts pour mettre fin à l’impunité d’Israël. Ceux qui ont commis des crimes dans la bande de Gaza, que ce soit en donnant des ordres ou en les exécutant, doivent être tenus pour responsables et traduits en justice.

Euro-Med Monitor prévient que si le Conseil de sécurité est invité à adopter une résolution demandant à Israël de cesser ses opérations dans le gouvernorat de Rafah au cas où Israël ne respecterait pas le récent arrêt de la Cour internationale de justice, tout recours au veto pour empêcher l’adoption et l’application de cette résolution signifierait que l’État objectant – qui a déjà été les États-Unis dans de multiples situations similaires – serait complice du génocide commis par Israël dans toute la bande de Gaza. Cette complicité dans les crimes israéliens inclut les crimes commis dans le gouvernorat de Rafah, où la Cour a confirmé que l’opération militaire israélienne soutenue par les États-Unis constitue une menace grave et supplémentaire pour le droit du peuple palestinien d’être protégé contre le crime de génocide.

Euro-Med Human Right Monitor

Source: Euromedmonitor, 26 mai 2024