Les forces israéliennes déploient des gaz lacrymogènes pour disperser les agriculteurs et leurs soutiens, les empêchant de cueillir des olives pendant la saison de récolte annuelle, dans le village de Burqa en Cisjordanie, le 20 octobre 2024. (Avishay Mohar/ActiveStills)

Référence: Commission of Detainees’ Affairs, 24 Nov 2024

Des organisations de détenus palestiniens ont publié un rapport détaillé exposant l’ampleur alarmante des arrestations et des violations des droits perpétrées par les forces israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem occupée depuis le 7 octobre 2023. Les conclusions de ce rapport brossent un tableau déchirant des détentions généralisées, de la répression violente et des violations systémiques dont sont victimes les Palestiniens.

Depuis le début de la guerre contre Gaza, plus de 11 800 Palestiniens ont été arrêtés en Cisjordanie et à Jérusalem occupée. Parmi eux, 435 femmes, dont certaines originaires de Gaza et des zones occupées en 1948, et 775 enfants.

Les journalistes ont également été fortement ciblés, avec 136 arrestations signalées. Parmi eux, 59 journalistes sont toujours en détention, dont six femmes et 32 Palestiniens de Gaza.

Si ces chiffres sont choquants, ils ne tiennent pas compte des données relatives à Gaza même, où les autorités israéliennes n’ont pas communiqué d’informations détaillées. Les rapports estiment qu’environ 4 500 Palestiniens ont été arrêtés à Gaza au cours de la même période.

Arrestations massives

Ces arrestations massives se sont accompagnées d’une augmentation du nombre d’ordonnances de détention administrative, plus de 10 000 ayant été émises depuis octobre 2023. La détention administrative, une pratique controversée qui permet de détenir des individus sans inculpation ni procès, a été appliquée à des femmes et à des enfants, ce qui a suscité une condamnation générale de la part des défenseurs des droits de l’homme.

Les campagnes de détention auraient été marquées par de graves violations, notamment des abus physiques, des humiliations et des menaces à l’encontre des détenus et de leurs familles. Dans de nombreux cas, les maisons des détenus ont été vandalisées, des objets de valeur tels que des véhicules et de l’argent ont été confisqués, et les infrastructures des camps de réfugiés, en particulier à Jénine et à Tulkarem, ont été systématiquement détruites.

Des accusations d’exécutions sur le terrain par les forces israéliennes ont également été formulées, ce qui ajoute à la brutalité de ces opérations.

Justice refusée

Le rapport fait état d’un sinistre bilan pour les détenus : 45 Palestiniens sont morts dans les prisons et les camps de concentration israéliens depuis octobre 2023.

Parmi eux figurent 27 détenus de Gaza, dont l’identité et les causes de décès n’ont pas été révélées. En outre, les dépouilles de 43 détenus ont été retenues par les autorités israéliennes, ce qui exacerbe l’angoisse des familles qui cherchent à tourner la page.

Actuellement, 10 200 Palestiniens sont détenus dans les prisons israéliennes, ce qui représente une augmentation considérable par rapport aux 5 250 détenus d’avant le génocide. Parmi les détenus, 3 443 personnes font l’objet d’une détention administrative, dont 100 enfants et 32 femmes.

Dans la seule prison de Damon, 96 femmes sont détenues, dont quatre sont originaires de Gaza. Des rapports indiquent que 270 enfants sont également détenus à l’isolement, ce qui souligne la détérioration des conditions de détention.

Les groupes de défense des détenus palestiniens, notamment la Commission des affaires des détenus, le Club des prisonniers de la société palestinienne et l’Association Addameer pour les droits de l’homme, ont condamné ces actions comme étant des violations flagrantes du droit international.

Entre-temps, les critiques se sont intensifiées à la suite du récent changement de politique du régime israélien, qui exempte les colons israéliens de la détention administrative tout en continuant à appliquer cette pratique aux Palestiniens, y compris aux enfants et aux femmes, sans inculpation ni procès.

Politiques racistes

Vendredi, le chef de la Commission des Affaires des Détenus, Qaddura Fares, a publié une déclaration critiquant la récente décision du régime israélien d’annuler la politique de détention administrative pour les colons israéliens.

« Israël est un Etat raciste fasciste, fondé sur la haine et le crime organisé, qui menace les valeurs humaines et sociales avec ses politiques extrémistes. Le silence du monde face au meurtre et à la destruction du peuple palestinien, à la torture et à l’abus de ses détenus se retrouvera finalement face à un régime de gangs sionistes qui menace la stabilité mondiale et humaine », a déclaré Fares.

Fares a critiqué le ministre israélien de la sécurité, Israël Katz, pour avoir supprimé les « restrictions symboliques » imposées aux colons par le biais de la détention administrative.

Cette décision, justifiée par la protection des colonies contre les prétendues menaces palestiniennes, a été soutenue par des personnalités israéliennes fascistes telles que le ministre Itamar Ben-Gvir, qui l’a décrite comme une « correction d’une injustice », et le député Abraham Boroun, qui l’a saluée comme un acte de « soutien aux colons ».


Publié le 24 novembre 2024 dans

Traduction Arrêt sur info