Par Vladimir Caller
Arrêt sur info, 1er janvier 2024 (Mis à jour le 2 janvier 2024, 11.57)
En pensant aux prochaines élections, le président Biden ne cesse de demander à Netanyahou de la modération dans sa campagne de frappes meurtrières, tout en contournant le Congrès (deux fois durant le mois de décembre) pour l’envoi « d’urgence » de missiles à l’armée israélienne.
A son tour, Josep Borrel déclarait le 15 novembre au nom de l’UE «…nous devons travailler à une désescalade à Gaza […] à des pauses dans les hostilités. Pause humanitaire, cessez-le-feu, trêve… le nom qu’on leur donne n’a pas d’importance… »[1]. Non, Monsieur Borrel, les noms, les mots importent. Vous parlez de « pauses » dans les hostilités, de surcroît au pluriel, cautionnant ainsi implicitement ces hostilités au lieu d’exiger le cessez-le-feu visant à préparer une solution politique. L’importance des mots s’avère aussi important pour Monsieur Erdogan qui ne cesse de vitupérer contre Israël tout en participant, en même temps, à son effort de guerre. Ainsi, selon une analyse assez documentée du journaliste turc Metin Cihan, 450 navires sont partis de Turquie vers Israël depuis de début des frappes, transportant du carburant pour les avions de chasse israéliens et d’autres matières, notamment des câbles, utiles à l’offensive militaire sioniste. Activités si bien accomplies par des entrepreneurs proches du pouvoir turc que Monsieur Netanyahou peut se permettre de dire : « Il m’appelle Hitler toutes les trois heures mais, Dieu merci, le commence entre la Turquie et Israël est en plein essor ».
Mais au sommet des impostures figure celle de Netanyahou qui, tirant profit de l’attaque du Hamas, fait d’une pierre deux coups. Mettre en œuvre son vieux rêve de nettoyage ethnique du peuple palestinien tout en s’accrochant au pouvoir pour éviter les tribunaux qui l’attendent pour de lourds faits de corruption. Et ce, peu importe la mort de centaines de ses jeunes soldats et de dizaines de milliers de civils palestiniens.
Nous sommes donc en pleine ignominie. En attendant, le peuple gazaoui a le triste choix entre trois façons de mourir : sous les bombes, par la famine ou par les maladies. « Le nombre de décès dus à la maladie pourrait être plusieurs fois supérieur au nombre de morts résultant des opérations militaires » déclarait, au Financial Times, Martin Griffiths, le secrétaire de l’ONU pour les affaires humanitaires[2]. De son côté le journal Le Monde titrant en une « Sous les bombes, Gaza menacée de famine », précisait que selon le Programme alimentaire mondial « Actuellement, 93 % des Gazaouis sont « en situation d’insécurité alimentaire aiguë ».[3]
Selon l’UNICEF « plus de 5 350 enfants gazaouis seraient décédés » depuis le 8 octobre[4]». Malgré ce chiffre et après 3 mois de bombardements, la Cour pénale internationale (CPI) épargne toujours Netanyahou, alors qu’elle avait déclaré Poutine criminel de guerre, en un temps record, pour avoir déplacé nombre d’enfants dont tous, sauf erreur, sont vivants. Vous avez dit, deux poids deux mesures ?